« Les gars, faites-vous tester parce que 1 000 personnes meurent chaque année au Québec. »
L’après-midi de notre rencontre, l’ancien maire de Québec portait son manteau Rouge et Or sans le nœud papillon emblématique de la campagne de sensibilisation à la santé des hommes, dont le cancer de la prostate.
Mais l’ambassadeur de la campagne Nœudvembre de Procure n’en est pas moins investi dans la cause pour laquelle il peut témoigner.
En mars 2019, on lui a diagnostiqué un cancer de la prostate, alors âgé de 62 ans.
Régis Labeaume se souvient de cette période houleuse où il ne voulait pas laisser le peuple québécois sans maire. Mais au cours de laquelle il a également dû subir une opération et récupérer avant de reprendre le travail.
« Cela fait maintenant cinq ans. Je ne suis officiellement plus en rémission», se réjouit-il.
Assis à la Brûlerie Saint-Roch devant la bibliothèque Gabrielle-Roy fraîchement rénovée, héritage de son administration, celui qui a dirigé la ville de 2007 à 2021 insiste sur la nécessité de poursuivre le message du dépistage du cancer de la prostate. Et ce, malgré un certain courant contraire qui se dessine.
Plusieurs organismes scientifiques, dont l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) et l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), ne recommandent pas systématiquement le dépistage par le test de l’antigène prostatique spécifique (PSA). ) pour tous les hommes.
Un test de routine sans symptômes pourrait même entraîner des inconvénients comme des traitements inutiles ou des faux positifs.
Pour autant, Régis Labeaume est ferme. « Au moins 1 000 d’entre eux meurent encore chaque année !
Il rappelle, notes à l’appui lors de notre entretien, qui sont les hommes particulièrement concernés : ceux de 50 ans et plus ou, pour les moins de 50 ans, ceux ayant des antécédents familiaux de cancer.
“Ils ne devraient pas vouloir prendre le risque d’être dans les 1000”, insiste-t-il.
Cinq ans après son diagnostic, passant de maire à chroniqueur puis La presseRégis Labeaume sait qu’une personnalité publique devient vite une référence sur le cancer de la prostate.
Comme Karl Blackburn, président du Conseil du patronat qui l’a appelé après avoir lui-même reçu la terrible nouvelle en juin.
Des personnalités comme le chroniqueur et animateur Richard Martineau, qui a documenté publiquement son diagnostic et son opération, contribuent à faire connaître le cancer de la prostate, dit-il.
Mais la résistance persiste parmi les garçons.
«Quand ça touche à la virilité, c’est toujours aussi tabou», poursuit Régis Labeaume.
“Mais on arrive à briser la honte liée à ça”, affirme-t-il, visiblement fier d’y contribuer. “Je donne un coup de main.”
“Il manque un robot”
Assis devant son café, Régis Labeaume me raconte qu’il a déjà été témoin d’une chirurgie de la prostate par robot au CHU de Québec. Le Dr Frédéric Pouliot, l’uro-oncologue qui l’a opéré en 2019, était aux commandes de la machine.
« Un magicien », affirme l’ex-maire, visiblement enthousiasmé par cette technologie qui fait « toute la différence du monde », car moins invasive.
Mais le robot a des nerfs dans le toupet et le Québec devrait en avoir un autre, soutient Régis Labeaume depuis plusieurs années.
«Il va nous falloir un robot de plus, nous desservons tout l’est du Québec et ce n’est pas seulement pour le cancer de la prostate.»
Un tel équipement pourrait coûter jusqu’à cinq millions. Et à l’entendre dire, l’ex-maire ne serait pas difficile à convaincre de s’impliquer dans une campagne de financement.
“Je suis prêt.”
Pour la mémoire de Karl Tremblay et surtout pour les milliers d’hommes qui survivront.
Pour répondre à cette chronique, écrivez-nous à [email protected]. Certaines réponses pourront être publiées dans notre rubrique Opinions.