Pour mettre fin aux campements et lutter contre l’itinérance, le gouvernement canadien promet plus de 50 millions de dollars au Québec, mais le gouvernement Legault tarde à accepter la somme, a appris Radio-Canada. À Montréal, les refuges se demandent s’ils recevront l’argent avant l’arrivée des grands froids.
Cela crée de l’inquiétude et de l’anxiété pour les équipes sur le terrain
explique Jaëlle Bégarin, la PDG de la Maison du père, un refuge à Montréal qui manque de places.
Chaque jour, dans la métropole, les centres d’hébergement d’urgence doivent refuser des dizaines de personnes et les camps s’agrandissent.
Une femme dort dans un camp, juste avant son démantèlement, à Montréal, en juillet 2024.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
En septembre, le gouvernement Trudeau a annoncé une enveloppe totale de 250 millions de dollars (Nouvelle fenêtre) pour aider les provinces canadiennes à résoudre le problème des campements de sans-abri avant l’hiver.
Selon nos informations, plusieurs provinces, dont l’Alberta, ont accepté les conditions d’Ottawa et les ententes de financement seront annoncées la semaine prochaine. Mais, aux dernières nouvelles, ce n’est pas le cas au Québec.
Joëlle Bégarin exhorte la province et le gouvernement fédéral à accélérer leurs discussions afin que l’argent parvienne à ceux qui en ont besoin.
Nous parlons de chiffres, mais en attendant, nous assistons à d’énormes coûts humains.
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Jaëlle Bégarin, CEO of Maison du père, a Montreal shelter
Photo : Radio-Canada / Thomas Gerbet
La situation est vraiment grave, nous vivons une crise humanitaire à Montréal
ajoute le directeur général de la Société de développement social, Martin Raymond, qui a dû mettre à pied des travailleurs spécialisés.
Dépêche-toi!
lance le président-directeur général de la Mission Ancienne BrasserieJames Hughes. Nous avons besoin que les deux gouvernements trouvent un accord. […] Sinon, nous aurons un hiver très dur.
Soirée à Ottawa impatient
Le cabinet du ministre fédéral de l’Habitation, de l’Infrastructure et des Collectivités, Sean Fraser, explique attendre que le ministre des Services sociaux du Québec, Lionel Carmant, remplisse les deux conditions du financement :
- fournir une contribution de contrepartie à l’investissement fédéral;
- fournir des plans communautaires pour détailler la façon dont l’argent sera utilisé.
Nous avons écrit au ministre Carmant pour lui demander de collaborer avec nous, et l’entente est présentement en négociation. Nous avons hâte de pouvoir allouer ce financement dans les communautés du Québec pour aider à prévenir et à réduire l’itinérance hors refuge au Québec.
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Sean Fraser, ministre canadien du Logement, de l’Infrastructure et des Collectivités
Photo : La Presse Canadienne
Selon une Source gouvernementale, Québec serait réticent à fournir les plans. Par ailleurs, on ne sait pas encore si le gouvernement Legault égalera les cinquante millions de dollars du gouvernement fédéral.
Le Québec a bon espoir
Les négociations avancent très bien
assure la conseillère spéciale au cabinet du ministre Carmant, Marie Barrette. Nous sommes convaincus de parvenir à un accord très prochainement.
Quant à la participation financière du Québec, des discussions sont déjà en cours compte tenu de tout l’argent que le gouvernement investit dans l’itinérance.
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Le ministre des Services sociaux, Lionel Carmant
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel
Si les deux partis parviennent à s’entendre, plus de 100 millions seraient injectés dans les refuges et les différents services d’aide aux sans-abri. Montréal peut espérer recevoir la moitié du montant.
Le décompte effectué il y a deux ans concluait qu’il y avait 10 000 personnes en situation d’itinérance au Québec, dont la moitié à Montréal. Plusieurs villes régionales ont connu de fortes hausses, comme Gatineau, et les camps se multiplient partout, notamment au Québec.
Les municipalités ont demandé à plusieurs reprises au gouvernement Legault d’en faire davantage car « la crise s’amplifie ».
L’année dernière, un rapport commandé par l’Union des municipalités du Québec calculait que loger les sans-abri coûte moins cher à la société que tous les services qu’ils utiliseraient en restant à la rue, soit plus de 70 000 $ par personne et par année.
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Comme d’autres villes, Montréal fait face à une cohabitation de plus en plus difficile entre résidents et sans-abri.
Les plaintes liées aux camps ont explosé, confirme James Hugues, du Mission Ancienne Brasserie. Il estime que l’argent supplémentaire attendu devrait être utilisé pour une équipe de professionnels dédiée à l’accompagnement des personnes dans les camps.
Selon lui, Montréal et Québec ont pris du retard sur les villes ontariennes à cet égard.
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James Hughes, PDG de la Mission Old Brewery
Photo : Radio-Canada
James Hughes et plusieurs intervenants communautaires affirment que les sans-abri qui n’ont pas d’endroit où se loger ont développé des stratégies pour se réchauffer en hiver. Certains passent la nuit dans les salles d’attente des urgences.
D’autres vont plus loin et s’emprisonnent volontairement avant la saison froide pour avoir un toit sur la tête et une nourriture garantie.
C’est terrible, nous pouvons faire mieux
conclut James Hughes.