Vente de véhicules | Les deux côtés du coupon de 75 $

Vente de véhicules | Les deux côtés du coupon de 75 $
Vente de véhicules | Les deux côtés du coupon de 75 $

La plus grande salle du palais de justice de Montréal a accueilli toute la journée de mardi des dizaines d’avocats de presque tous les grands cabinets pour une histoire de coupons rabais de 75 $. Une affaire que l’on pourrait qualifier de petite et de grande à la fois.


Publié à 1h13

Mis à jour à 6h30

Pour les automobilistes, un coupon de 75 $ à utiliser chez votre concessionnaire, ce n’est pas beaucoup à boire.

Pour les 150 commerçants ayant signé l’accord amiable prévoyant le versement de cette indemnisation, c’est moins anecdotique : la somme totale théorique atteint 35 millions de dollars. Près de 500 000 Québécois ont été informés qu’ils pouvaient recevoir un coupon.

Pour ceux qui s’intéressent à la réputation des recours collectifs et à la protection des consommateurs, il s’agit d’une cause qui a suscité beaucoup d’intérêt et pas mal de critiques. Par ailleurs, l’Office de protection du consommateur (OPC) s’est présenté devant le juge pour lui faire part de ses inquiétudes. Même si la loi le lui permet, c’était la toute première fois qu’elle se prévalait de ce droit.

D’ailleurs, le juge Sylvain Lussier, particulièrement amical et même parfois taquin, a remercié l’Office d’être présent, rappelant qu’en temps normal, il est livré à lui-même pour prendre sa décision sur les règlements qui lui sont présentés par deux parties. qui les défend. « Dans certains cas d’ailleurs, on se demande pourquoi l’Office n’est pas là… »

Généralement, les tribunaux approuvent les règlements à l’amiable.

De 2020 à 2023, une seule demande d’approbation a été rejetée par la Cour supérieure, selon le Fonds d’action collective.

Cela figurait dans le dossier d’UberEats car l’accord n’a indemnisé aucun consommateur. Ce printemps, la Cour a rejeté l’entente conclue entre Dollarama et LPC Avocats qui lui reprochait de ne pas avoir inclus des éco-frais dans ses prix, mais cela reste exceptionnel.1.

Cette fois, ce n’était pas gagné d’avance, comme je vous le disais il y a quelques jours2.

Le cabinet Lambert Avocats, qui mène le dossier, a bien entendu vanté les mérites du « compromis » qu’il a conclu, le qualifiant de « simple et efficace ». Les consommateurs n’auront pas à soumettre de preuves ou de documents ni à remplir un formulaire de réclamation pour obtenir leurs 75 $. Il leur suffit de se rendre chez le concessionnaire, ce qui évite de « créer de la frustration chez les automobilistes » qui n’ont pas conservé leurs papiers. De plus, le crédit est transférable à d’autres et sans date limite.

Me Jimmy Lambert a également soutenu que le taux d’utilisation du crédit sera élevé puisqu’il est d’usage de se rendre chez le concessionnaire. « Une automobile nécessite un entretien continu. Il y a un besoin récurrent et systématique. » L’accord et la médiatisation de l’affaire ont également « chamboulé » toute la filière, qui a modifié ses pratiques, au point que Lambert Avocats ne reçoit plus de plaintes d’automobilistes contraints de payer leur véhicule plus cher que le prix annoncé. en raison de l’ajout de frais de toutes sortes.

Bref, M.e Lambert s’est dit “fier” et “pas gêné” de se présenter devant le tribunal avec cet accord “conformément à la jurisprudence”.

« Mais vous n’avez pas convaincu l’Office ! », a répondu spontanément le juge Sylvain Lussier avec un petit sourire.

La plus grande préoccupation de l’OPC est que le crédit ne peut être utilisé que chez un seul concessionnaire, celui où le véhicule a été acheté. «Si je vends ma Honda et que je possède maintenant une BMW, je n’irai pas chez Honda avec ma BMW», a fait valoir son représentant, l’avocat Marc Migneault, qualifiant le coupon de simple «indemnisation potentielle». Le même problème se pose pour ceux qui ont quitté leur ancienne concession.

« Rendre le crédit accessible partout aurait été ingérable. Si vous n’êtes pas content, donnez-le», a plaidé l’un des avocats des concessionnaires qui a parlé au nom des autres, François-David Paré, du cabinet d’avocats Norton Rose Fulbright.

L’Association pour la protection des automobilistes et le Syndicat des consommateurs n’ont pas réussi à trouver un avocat pour présenter leur point de vue au juge Lussier. Mais les deux organismes m’ont dit qu’ils déploraient particulièrement l’absence de contrôle ou de reporting qui permettrait de savoir combien coûtent les coupons aux dealers.

Cette critique soulevée par l’OPC a attiré l’attention du magistrat, qui s’est demandé s’il pouvait « ajouter certaines exigences de cette nature » à l’accord. Généralement, les juges ratifient ou rejettent les accords sans les modifier. Me Lambert était ouvert à l’idée d’ajouter une forme de bilan à l’accord conclu avec les 150 concessionnaires automobiles. Mais leurs avocats ne partageaient pas tous cet avis. Ils ne voulaient surtout pas avoir à sortir de l’argent de leurs poches. Ce sera un coupon ou rien, ont-ils insisté.

“C’est sûr que si je me rends compte au bout de trois ans qu’il y a 1 million de dollars [de coupons utilisés sur 35 millions]nous verrons quelles mesures prendre », a jugé le juge, appelant les parties à réfléchir à la question d’un « jugement final » dans les prochains jours.

D’après M.e Lambert, si cet accord est rejeté, les avocats ne voudront plus prendre le risque de mener des actions collectives pour défendre les consommateurs en matière d’affichage des prix (art. 224 c du Loi sur la protection du consommateur) et changer les pratiques des commerçants. Car les deux seules affaires déjà entendues sur le fond – Air Canada3 et Expedia4 – n’a pas fonctionné. « Nous dirons toujours aux gens d’appeler l’Office de protection des consommateurs ! En ont-ils les moyens ? »

Compte tenu de la grande créativité des avocats spécialisés en recours collectifs, je ne doute pas de leur capacité à trouver d’autres types de causes pour faire vivre leur cabinet. Mais si ce scénario devait se réaliser, l’Office devrait serrer la vis et les amendes infligées aux entreprises contrevenantes seraient bien plus dissuasives… ce qui pourrait déjà être fait.

1. Lisez « Attendez-vous vos 15 $ de Dollarama ? »

2. Lisez « Le coupon de 75 $ sera contesté »

3. Vérifiez le cas sur Air Canada

4. Découvrez la cause sur Expedia

 
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