UBS a aidé l’ancien président du Yémen à cacher des millions de francs – rts.ch

UBS a aidé l’ancien président du Yémen à cacher des millions de francs – rts.ch
UBS a aidé l’ancien président du Yémen à cacher des millions de francs – rts.ch

UBS a géré des millions de dollars pour Ali Abdallah Saleh, l’ancien président controversé du Yémen. Pendant des années, la banque a omis de signaler les signes avant-coureurs de blanchiment d’argent. La Confédération impose aujourd’hui une amende à la première banque suisse, comme le montre une étude menée par SRF Investigativ.

Rien qu’en 2011, l’UBS a enregistré un total de 5’438 alertes dans le cas d’Ali Abdallah Saleh, l’ancien président du Yémen décédé en décembre 2017. Malgré cela, la banque n’a jamais signalé aux autorités le moindre soupçon de blanchiment d’argent. C’est ce qu’écrit le Département fédéral des finances (DFF) dans un avis de sanction que SRF Investigativ a pu consulter.

Ali Abdallah Saleh n’était pas un client comme les autres pour l’UBS. Il s’agit d’une « personne politiquement exposée » (PEP), qui doit faire l’objet d’une enquête particulièrement minutieuse. Il a dirigé le Yémen pendant plus de trois décennies et a été mis au pilori au niveau international pour des allégations de corruption.

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UBS gère des millions pour le clan Saleh

En 2004, Ali Abdallah Saleh, alors président du Yémen, a ouvert un compte auprès de l’UBS, enregistré au nom de « Wild Horse Investment Inc. ». Mais selon le DFF, 25 personnes de l’entourage du manager, dont ses deux épouses, ses enfants et ses petits-enfants, entretenaient également des relations avec l’UBS.

Le mandat de répression concerne un paiement datant de 2009, une somme de plus de 10 millions de dollars versée par le sultan d’Oman au président yéménite. Le fils de ce dernier a remis le chèque à l’UBS à Zurich. Ali Abdallah Saleh a ensuite distribué la moitié des millions sur différents comptes UBS enregistrés au nom de membres de sa famille.

« Une justification peu convaincante »

Cette transaction a déclenché des alertes internes à l’UBS, comme l’a constaté le DFF. Mais au lieu de contacter le Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent (MROS), les employés ont simplement noté dans le dossier : « Il est de notoriété publique que les riches dirigeants du monde arabe soutiennent leurs homologues les plus pauvres en leur offrant de tels cadeaux. » Une « justification peu convaincante », selon le DFF. UBS aurait dû tirer la sonnette d’alarme.

Deux ans plus tard, ces relations commerciales sont devenues trop tendues. En 2011, en pleine période de troubles du Printemps arabe, l’examen interne d’Ali Abdullah Saleh a donné lieu aux 5 438 avertissements susmentionnés. UBS a alors fermé la quasi-totalité des comptes de la famille Saleh.

«La culpabilité de l’UBS est considérable»

Malgré cela, l’UBS n’a pas signalé l’affaire aux autorités. Selon le DDF, la banque n’a pas non plus clairement expliqué pourquoi elle ne l’avait pas fait. Et surtout, UBS n’aurait pas dû rompre la relation avec le client, afin que les autorités puissent confisquer les avoirs.

En raison du non-respect par l’UBS de ses obligations, «des sommes d’argent très importantes soupçonnées d’être liées au comportement corrompu d’Ali Abdallah Saleh (…) ont été soustraites à l’accès de l’État», écrit le DFF. «La culpabilité d’UBS SA est considérable.»

Documents incomplets

Le Département fédéral des finances critique également l’approche de l’UBS. Après deux ans de litiges avec la banque, il s’est avéré que les « documents demandés n’avaient été fournis que partiellement ou incomplètement ». Les responsables n’ont donc pas pu être identifiés.

La sanction est donc automatiquement réduite. Le DFF a infligé une amende de 50 000 francs à UBS. Il félicite également l’établissement bancaire d’avoir depuis lors amélioré sa gestion des risques. Interrogée par SRF Investigativ, UBS n’a pas souhaité faire de commentaire.

Maj-Britt Horlacher, SRF Investigativ

Adapté par Didier Kottelat

 
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