Perte de pièces de cabine en vol, problèmes de moteur ou problèmes mécaniques, les incidents sur les Boeing se succèdent depuis plusieurs mois. Pour les experts, il s’agit d’un « alignement défavorable des planètes » résultant de problèmes de production et de maintenance.
La série noire
Depuis l’accident, le 5 janvier, d’un Boeing 737 MAX 9 d’Alaska Airlines aux Etats-Unis, où un support de casquette s’est détaché en vol, les yeux sont rivés sur le constructeur américain.
United Airlines est particulièrement concernée : palonniers coincés, perte d’un pneu au décollage, partie métallique manquante du fuselage, indicateurs de vitesse du vent défectueux, entre autres.
La compagnie low-cost Southwest Airlines a également attiré l’attention lorsqu’une partie du capot moteur a été partiellement arrachée lors du décollage. Ou Delta, lorsqu’un pneu est tombé peu de temps après le décollage de l’avion.
Les incidents sur des avions en exploitation, tous constructeurs confondus, ne sont pas rares à travers le monde, mais certains sont parfois évoqués dans les médias si des images spectaculaires sont disponibles ou s’il y a des victimes. Et, ces jours-ci, s’il s’agit de Boeing, son concurrent européen Airbus n’est pas loin derrière.
La sortie de piste jeudi d’un Boeing 737-300 à Dakar (Sénégal) a fait onze blessés, dont quatre graves.
La veille, le train d’atterrissage d’un avion cargo Boeing 767 du groupe américain Fedex ne s’était pas déployé. La photo de l’avion, nez sur le tarmac de l’aéroport d’Istanbul (Turquie), a circulé dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Causes techniques
Pour les experts, il existe trois problèmes possibles.
Un problème de conception, d’abord, comme ce fut le cas pour les accidents de deux Boeing 737 MAX 8 en 2018 et 2019, qui ont fait 346 morts.
En revanche, l’incident d’Alaska Airlines – qui a fait quelques blessés légers – était dû à un problème de production. L’avion, un Boeing 737 MAX 9, a été livré en octobre.
Le rapport préliminaire de l’Agence américaine de sécurité des transports (NTSB), rendu public le 6 février, révélait qu’il manquait «quatre boulons destinés à empêcher le support du capuchon de monter vers le haut».
Ces boulons avaient été retirés à l’usine Boeing pour remplacer des rivets endommagés.
La troisième cause, selon les experts, est un problème de maintenance. Et c’est le point commun de la plupart des incidents repérés ces derniers mois.
Si les deux premières causes relèvent de la responsabilité de l’avionneur, la troisième relève de la responsabilité de la compagnie aérienne.
« Très certainement » du contrôle qualité de l’entreprise de maintenance, souligne Bertrand Vilmer, expert aéronautique et consultant au cabinet Icare aéronautique.
“Une fois les avions livrés, Boeing n’intervient plus”, renchérit Richard Aboulafia, directeur du cabinet de conseil AeroDynamic Advisory, soulignant le “problème du secteur de la maintenance à travers le monde”.
Faut-il s’inquiéter ?
“Il n’y a pas eu un seul mort depuis plus de dix ans aux Etats-Unis alors que des millions de personnes prennent l’avion chaque année”, constate M. Aboulafia, soulignant qu’un grand nombre de personnes meurent chaque jour sur les routes.
Airbus n’est pas épargné par les incidents, notamment de production, comme la présence d’un composant contaminé dans les pièces du moteur Pratt&Whitney, qui touche des centaines d’avions, cloués au sol depuis de nombreux mois.
“C’est connu, mais en petit comité”, car moins médiatisé, note M. Vilmer, citant également un problème de peinture du fuselage de Qatar Airways.
Mais « si vous cherchez les problèmes, vous les trouverez », relativise M. Aboulafia, soulignant que des milliers d’avions volent chaque jour à travers le monde.
“Tous les incidents survenus à bord d’un avion Boeing cette année ont fait la une des journaux, suggérant que les avions Boeing ne sont pas sûrs”, notaient fin mars les analystes du gestionnaire d’actifs Bernstein.
“La réalité est que le nombre d’incidents survenus aux Etats-Unis sur des avions Airbus et Boeing jusqu’à présent cette année est proportionnel” au nombre de leurs avions dans les flottes des compagnies aériennes américaines, affirment-ils.
Selon le cabinet spécialisé Cirium, la flotte commerciale américaine actuellement en service comprend 4 769 appareils, dont 60 % de Boeing et la quasi-totalité du reste des Airbus.
L’association commerciale Airlines for America rapporte en ligne que chaque jour, les compagnies aériennes américaines exploitent plus de 26 000 vols et transportent 2,6 millions de passagers dans près de 80 pays.
AFP
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