Ce n’est pas parce que vous ne pouvez pas le voir que ce n’est pas une réalité. De la même manière que nos appareils électroniques influencent délibérément notre état de santé, ils apportent également une dose importante de fragilité à notre environnement. Cependant, cet impact néfaste a plus d’effet lors de la production de ces machines que lors de leur utilisation. En effet, si l’on prend comme exemple la fabrication d’ordinateurs portables, ce sont des objets qui nécessitent « des dizaines de métaux venus du monde entier : tantale congolais, lithium bolivien, or australien et terres rares chinoises ».
« L’extraction de ces minéraux est très coûteuse pour l’environnement : elle nécessite beaucoup d’énergie (fossile), d’eau et de ressources », peut-on lire sur le site officiel de Green Peace.
À cet excès énergétique s’ajoutent la pollution des écosystèmes et les drames humains liés à l’activité minière. Dans l’est de la République démocratique du Congo, on parle de « minéraux du sang » (tungstène, étain, tantale, or) car leur commerce illégal finance la guerre civile. En Amazonie brésilienne, les rivières Waimiri-Atroari sont polluées en permanence par l’industrie minière, polluées par l’industrie minière de l’étain et du tantale. Dans la région de Baotou, en Chine, l’extraction des terres rares provoque d’importants rejets toxiques dans l’air, l’eau et le sol.
Plus impressionnant à savoir, la dégradation de l’environnement provoquée par cette pollution numérique ne s’arrête pas même après la destruction ou le déclin de ces équipements.
Un rapport de l’ONU datant de 2013 estimait que 75 % des déchets électroniques échappent aux filières légales de recyclage. Ils sont exportés illégalement vers la Chine, l’Inde ou l’Afrique, et finissent leur vie dans d’immenses décharges à ciel ouvert, comme celle d’Agbogbloshie, au Ghana. Rappelons aussi que c’est aussi une réalité au Sénégal, avec le commerce lucratif des déchets électroniques venus de l’Ouest dans des communes comme Colobane. Et pour les déchets qui arrivent dans les filières de recyclage, leur conception empêche la valorisation des matières premières. De nombreux métaux issus des technologies numériques (gallium, germanium, indium, tantale, terres rares) ne sont quasiment pas recyclés !
