Au Japon, le lourd coût environnemental d’Okinawa pour la présence militaire américaine

Au Japon, le lourd coût environnemental d’Okinawa pour la présence militaire américaine
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LETTRE DE TOKYO

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Un avion décolle de la base aérienne du Corps des Marines des États-Unis Futenma, dans la ville de Ginowan, préfecture d’Okinawa, Japon, le 23 août 2022. PHILIP FONG / AFP

Un paradis de nature préservée, riche en espèces menacées. C’est ce qu’Akino Miyagi, un entomologiste spécialisé dans les papillons, pensait découvrir lorsqu’en 2016, 4 000 hectares de la jungle de Yanbaru, au nord de l’île principale d’Okinawa, où se trouve sur place la plus grande zone d’entraînement de l’armée américaine – Jungle Centre d’entraînement à la guerre –, ont été restitués aux autorités locales.

En réalité, elle a été horrifiée par ce qu’elle a découvert : des douilles de balles d’armes automatiques et d’obus, des cartouches et des grenades inutilisées, des haies de barbelés, des parachutes en lambeaux suspendus à des branches d’arbres, des canettes et des bouteilles en mauvais état. plastique… D’entomologiste, Akino Miyagi s’est transformé en activiste très déterminé. À plusieurs reprises, elle a été arrêtée pour avoir lancé des volées de douilles ramassées dans la zone rendues par les Américains aux pieds d’hommes politiques de Tokyo : “C’est ce que vous avez laissé arriver!” »

Aux termes de l’accord sur le statut des bases militaires, l’armée américaine n’est pas tenue de restituer les terrains qu’elle utilisait dans leur état d’origine. C’est au ministère japonais de la Défense de nettoyer la jungle de Yanbaru. En 2023, il avait déjà récupéré 15 000 douilles d’obus et 8 tonnes d’explosifs. Tokyo ambitionne même d’inscrire la jungle au patrimoine mondial naturel de l’UNESCO, ce qui risque de prendre du temps.

« Otage des enjeux stratégiques régionaux »

Car l’état de la jungle de Yanbaru est un exemple du lourd tribut que la présence militaire américaine au Japon fait peser sur la population d’Okinawa depuis la défaite de 1945. Les trois quarts des 50 000 GI déployés dans le pays sont basés sur cet archipel. qui occupe 0,6% de la superficie du territoire japonais. Et les habitants d’Okinawa s’estiment victimes d’un État indifférent à leur sort. Ils ont donc accueilli avec méfiance le renforcement de l’alliance entre les États-Unis et le Japon annoncé lors de la récente rencontre à Washington entre le président Joe Biden et le Premier ministre Fumio Kishida. « Okinawa est, une fois de plus, l’otage de décisions dont les seuls critères sont les enjeux stratégiques régionaux »a écrit Ryukyu Shimpol’un des deux quotidiens d’Okinawa.

Les bases américaines font de l’archipel d’Okinawa, situé entre le Japon et Taïwan, une cible en cas d’affrontement en mer de Chine orientale. Mais leur présence se traduit aussi, en temps de paix, par divers problèmes touchant les habitants : accidents, violences, pollution, etc.

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