ils entendent des voix – .

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Nicolas Heyd, 41 ans, se parle parfois tout seul : “Aujourd’hui, je dois poster cette lettre”. Les voix qu’il entend chaque jour depuis vingt-cinq ans sont d’une tout autre nature : “Ils sont méchants, insultants, sales”, explique-t-il. Ce ne sont pas mes pensées, mais des intrusions qui disent du mal d’une personne. Par exemple : il faudrait que grand-mère meure pour que nous recevions l’héritage.

La première fois qu’il a entendu des voix, Nicolas avait 16 ans : «Je vivais avec ma mère. C’était une période difficile. J’étais à la fois uni et en conflit avec elle. ». Régulièrement, il entend le bruit des enfants qui jouent dans un parc voisin, ce qui le calme. “Mais un jour, je regarde par la fenêtre et je me rends compte que le parc est complètement vide”. Nicolas s’alarme : « Il est impossible de parler de ces hallucinations à qui que ce soit. J’avais peur d’être stigmatisée. Ne sachant que faire, je me suis retourné contre ces voix. » Pour les faire taire, Nicolas consomme de la drogue et de l’alcool à outrance. Il fait plusieurs tentatives de suicide, mais reste silencieux sur ce qu’il vit.

“Comme si quelqu’un écoutait mes pensées”

Dans un premier temps, Aurélie, Nantaise de 36 ans, gardait également le silence face aux voix qui l’agressaient. « J’avais 22 ans, j’étais en faculté de droit. Je n’avais rien à faire là-bas, j’étais perdu et anxieux. J’avais l’impression que les gens me suivaient et me souhaitaient du mal. ». Aurélie bascule vers un diplôme d’aide-soignante mais un soir, ses parents qui lui rendent visite remarquent qu’elle a empilé des cartons devant sa fenêtre de peur que quelqu’un n’entre chez elle. « J’ai accepté l’hospitalisation et puis les voix ont commencé. La nuit. Ils ont critiqué ce dont je rêvais. Cela m’a fait très peur. Comme si quelqu’un écoutait mes pensées et attaquait mon cerveau. »

Aurélie est suivie par un psychiatre « exceptionnel, très impliqué »qui lui a diagnostiqué une schizophrénie : «C’est un mot très effrayant. Les médias présentent les schizophrènes comme des fous dangereux. ». La jeune femme suit plusieurs traitements médicamenteux aux effets secondaires graves : « Je les prends pour éviter une crise et rassurer la société, car au quotidien, ils n’ont aucun effet sur les votes. Ils continuent de m’insulter, de me juger, de me culpabiliser. » Parallèlement, Aurélie débute une psychothérapie.

Pour comprendre comment fonctionne le mécanisme des voix, il faut s’intéresser à notre perception, décrypte Renaud Évrard, psychologue et enseignant-chercheur en psychologie à l’Université de Lorraine : « Certes, 99 % de nos perceptions sont efficaces. Mais en réalité, ils ne sont pas infaillibles. Lorsque nous entendons un bruit, par exemple, la façon dont nous traitons cette information agit comme un filtre. Notre capacité de perception peut être altérée, notamment par le stress, par des troubles cognitifs, par des états altérés de conscience, par l’isolement, par la torture ou par la fièvre.

“La voix me met en colère”

La vingtaine, Nicolas a également été hospitalisé : « J’ai rencontré une infirmière remarquable qui m’a pris à part et m’a demandé si j’entendais des voix, avec bienveillance. Grâce à lui, j’ai enfin pu parler, être écouté et tout s’est mis en place. Ce symptôme, combiné à d’autres, permet aux soignants de poser à Nicolas un diagnostic de « psychose hallucinatoire chronique », avec un traitement adapté. Nicolas s’estime chanceux. Sa femme, qui souffre de schizophrénie, lui a raconté que lorsqu’elle avait révélé qu’elle entendait des voix, « Elle a été enfermée pendant deux semaines dans une chambre d’isolement. Ils l’ont harcelée, c’était barbare.

Myriam (1), 58 ans, n’a jamais reçu de diagnostic de maladie mentale. Elle commence à entendre…

 
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