Telegram, la cybermenace négligée par les autorités suisses

Telegram, la cybermenace négligée par les autorités suisses
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Le télégramme est souvent au centre des crimes. L’application russe est désormais considérée comme un Dark Web facile d’accès.Image : Watson

Alors que TikTok continue de subir les critiques, Telegram semble épargné. Cependant, l’application russe est dangereuse et offre un accès facile au darknet.

Pour les États-Unis et l’UE, TikTok constitue la principale menace, le grand méchant loup chinois qui perturbe la sécurité nationale. Récemment, le député européen Raphaël Glucksman a récidivé et a demandé une commission d’enquête sur TikTok au Parlement européen.

Les grandes nations ont peur que les données tombent entre les mains du Parti communiste chinois. La popularité auprès des jeunes de l’application phare de Bytedance est effrayante et a presque viré à une obsession de l’Occident.

Sauf qu’en concentrant ses forces sur une seule menace, d’autres fauteurs de troubles risquent de passer entre les mailles du filet. Des dangers moins visibles, mais qui peuvent tout autant perturber la fameuse sécurité nationale. Parmi eux, il y a Telegram et ses 800 millions d’abonnés dans le monde – 940’000 en Suisse, selon les chiffres de 2021 – qui sont en croissance.

Comme le souligne un rapport de Gardel’application russe est devenue depuis peu une plateforme digne d’un eldorado pour les escrocs.

Le rapport mentionne même « Un accès plus facile au Dark Web » qui, grâce à Telegram, est accessible via une simple recherche. Depuis que les autorités ont réussi à combler le fossé sur les pratiques du Dark Web, les criminels ont cherché à utiliser d’autres plateformes pour mener leurs activités sans être dérangés par les gardiens de l’autorité.

La raison? L’application de messagerie est surtout populaire pour offrir aux utilisateurs des niveaux élevés de confidentialité et de sécurité. Enfin, sur papier.

La Suisse n’a pas “non analysé” Télégramme

A notre demande, le délégué fédéral à la protection des données et à la transparence (PFPDT) nous a indiqué qu’il « n’a pas analysé l’application Telegram lors d’un récent contrôle ».

Le PFPDT rappelle :

“Il appartient aux utilisateurs de lire les conditions d’utilisation et la déclaration de protection des données avant de télécharger une application.”

Même son de cloche du côté de l’Office fédéral de la cybersécurité. L’agence fédérale nous écrit qu’elle ne « donne pas de recommandation sur l’utilisation d’un produit ».

Si l’on demande du bon sens et de la réflexion aux internautes suisses, Telegram, faut-il le rappeler, regorge d’organisations obscures, voire terroristes. Fondé il y a près de 10 ans par les frères Nikolai et Pavel Durov, le réseau de messagerie s’est taillé une place dans des réseaux en difficulté, alimentant également le marché de la désinformation.

Le Brésil, en 2022, a bloqué et imposé un ultimatum au réseau pour qu’il se conforme à la loi. Le problème résidait dans ce manque de modération, où les groupes peuvent atteindre jusqu’à 200 000 membres. La désinformation ou les théories du complot peuvent rapidement devenir virales sans aucun contrôle.

En France, en 2023, après la mort de Nahel, la messagerie instantanée a été privilégiée par les émeutiers pour planifier leurs attentats. Le Hamas a également repris Telegram, après les massacres du 7 octobre, pour en faire sa chaîne préférée. Au point que fin 2022, l’ancienne députée française Laëtitia Avia et l’avocate Rachel-Flore Pardo ont publiquement appelé à « mettre fin à l’impunité de Telegram ».

Mais pas seulement. Récemment, un reportage de Cash Investigation sur France 2 mettait en lumière les pratiques commerciales trompeuses sur les groupes Telegram de nombreux influenceurs. L’émission a pris comme exemple Laurent Billionaire, un influenceur aux millions d’abonnés, qui a inclus un lien dans ses stories Instagram pour renvoyer ses abonnés vers une page Telegram.

Une zone sécurisée détournée

À l’origine, le service de messagerie de Pavel Durov était destiné à offrir une zone de sécurité aux personnes vivant dans des régimes et des dictatures oppressifs. Le patron, exilé à Dubaï, où se trouve le siège de l’application, a assuré qu’il protégerait « les données des utilisateurs à tout prix ».

Mais c’est peut-être juste un gros mensonge. Comme le souligne cet article d’un expert en sécurité chez Kaspersky, l’absence de chiffrement fait défaut. La sécurité du chat repose sur une politique et non sur une technologie solide.

Jeff Allen, co-fondateur et directeur de recherche de l’Integrity Institute, dans le Temps Financiera mis en garde les utilisateurs contre les environnements criminels qui fleurissent et opèrent sur l’application de messagerie.

Les inquiétudes sont devenues un peu plus persistantes lorsque Pavel Durov a également accordé une interview à Temps Financier, estimant qu’une introduction en bourse pourrait être une solution viable pour son entreprise. Une idée qui n’est pas sans rappeler le récent référencement du réseau Reddit, réseau qui possède aussi un côté très sombre et une modération quasi invisible.

Alors, Telegram est-il plus dangereux que TikTok ? La Suisse ne semble pas s’en soucier. Le National Cybersecurity Testing Institute (NTC) nous indique, par email :

“Une analyse technique de la sécurité de TikTok a été réalisée, mais Telegram n’a jamais été soumis à une analyse approfondie”

L’Institut national de tests de cybersécurité (NTC)

Les autorités suisses devraient toutefois garder un œil sur le réseau de Pavel Durov. De nombreux rapports et critiques le présentent comme une bombe à retardement et un formidable outil de propagande.

 
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