La taxe sur les piscines de Sherbrooke adoptée à la dernière minute provoque de sérieux affrontements entre élus

La taxe sur les piscines de Sherbrooke adoptée à la dernière minute provoque de sérieux affrontements entre élus
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La conseillère elle-même a admis qu’elle portait le fardeau de résoudre ce débat puisque les sept autres élus indépendants se sont opposés à la mesure, au contraire soutenus par les sept élus citoyens de Sherbrooke, dont la mairesse Évelyne Beaudin. Il a même fallu que la conseillère Laure Letarte-Lavoie vienne siéger au conseil avec son nouveau-né pour faire pencher la balance.

«Je suis prise entre l’écorce et l’arbre», a témoigné Mme Berthold. Même si elle a choisi « d’assumer l’engagement [qu’elle avait] prises pendant le budget », elle a critiqué l’avancée du dossier où les termes de la taxe sont arrivés après le processus budgétaire et a même admis qu’elle trouvait cette mesure fiscale, dans sa forme actuelle, « injuste ».

Ses remarques finales ont ensuite révélé que l’affaire avait provoqué de graves divisions au sein du comité exécutif, au point de provoquer sa démission.

Autres affrontements

En séance publique, le ton est également devenu plus dur lorsque la conseillère Nancy Robichaud a commenté la présence de Mme Letarte-Lavoie pour ce vote serré. Voulant souligner « l’éléphant blanc dans la salle », Mme Robichaud a réagi au commentaire du maire Beaudin, qui jugeait « légitime » que Mme Letarte-Lavoie quitte la séance avant la fin en raison de sa situation familiale. « Honnêtement, il aurait été plus normal qu’une maman avec un petit bébé d’un mois reste à la maison avec son bébé. […] On voit ce que la force d’un parti peut faire», a exprimé Mme Robichaud, suscitant de vives réactions dans la salle.

Elle a ensuite indiqué qu’elle assumait la responsabilité de ses propos, qui visaient à souligner que le conseiller avait déménagé en raison d’un « vote crucial » que son parti « avait peur de perdre ».

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Nancy Robichaud, conseillère municipale du district de Lac-Magog. (Maxime Picard/Archives La Tribune)

«J’espère que nous ne revivrerons jamais une situation comme celle que nous avons vécue ce soir», a réagi plus tard le maire Beaudin, qualifiant également de «désagréables» certains propos tenus en fin de séance. « Pouvons-nous nous respecter ? » s’exclama-t-elle.

Des élus comme Marc Denault lui ont toutefois reproché elle-même d’avoir « manqué de respect » à certains collègues. Annie Godbout est allée jusqu’à accuser le maire de « menacer les élus ». Elle s’est aussi dite « abasourdie » d’entendre les propos de Mme Beaudin qui jugeait durement les collègues qui ont voté pour le budget, mais contre la taxe sur les piscines. Le maire a notamment jugé qu’un tel geste “envoie un message extrêmement négatif à l’administration”.

« Il y a tellement de contenu dans un budget. […] On ne peut pas être d’accord à 100%», s’est défendue Mme Godbout.

«Un budget, c’est un tout», a au contraire soutenu Mme Letarte Lavoie, soulignant la nécessaire recherche de nouvelles recettes et soulignant que l’orientation sur cette taxe a toujours été claire. “Il n’y a pas de surprises”, a-t-elle déclaré.

Taxe légitime ou illogique ?

La conseillère indépendante Christelle Lefèvre a indiqué qu’elle aurait été favorable à une « vraie mesure écofiscale », mais juge que la mesure actuelle ne favorise pas un changement de comportement.

Les 80 $ exigés ne constituent pas « un fardeau si important » pour les propriétaires de piscine, qui assument déjà les coûts liés à cette propriété, a pour sa part soutenu Fernanda Luz. « Un seau de chlore coûte 80 dollars », a-t-elle pris comme exemple.

Il y a encore beaucoup de « jeunes familles » propriétaires de piscines qui les utilisent comme point de rafraîchissement nécessaire pour leurs enfants, a souligné le conseiller Claude Charron.

Marc Denault a rappelé que c’est Sherbrooke Citoyen qui a pris l’engagement de maintenir la hausse des taxes foncières à 3 %. Il a également laissé entendre que les problèmes de ressources humaines apparus au cours du mandat auront coûté autant en primes de départ que le montant perçu par cette taxe.

Le choix de cibler les propriétaires de piscines « répartit cependant la charge différemment » [fiscal]» que la taxe foncière, a fait valoir Geneviève La Roche.

Une taxe globale plus élevée aurait frappé davantage les locataires dans le contexte d’une grave crise du logement.

Sauf que les immeubles de six logements ou plus ont subi une augmentation plus importante que les maisons unifamiliales, a soulevé Paul Gingues pour illustrer l’incohérence. Tout comme son collègue Denault, il a souligné qu’il n’avait pas fait de promesse sur les 3 %.

Nancy Robichaud et Hélène Dauphinais ont rappelé qu’elles avaient soumis des propositions au dernier budget pour éviter de nouvelles taxes. Il ne s’agissait pas de coupures, a insisté Mme Robichaud, mais d’une volonté de « prioriser les services ».

Si les taxes sont impopulaires, Raïs Kibonge a rappelé que « les citoyens ne sont pas contents non plus quand les services manquent » et que le montant résultant de la taxe est récurrent, ce qui n’est pas négligeable.

Remettant en question comme beaucoup les différents modes d’application, Mme Dauphinais a conclu que cette taxation est “totalement aléatoire” et qu’elle “manque de logique”.

 
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