Malgré les apparences, le personnel infirmier augmente de plus en plus en France. En 2021, la profession a compté selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) 599 000 infirmières en emploi, soit une augmentation de 8% par rapport à 2013. Rassurant? Pas nécessairement, parce que cette observation en Trompe L’Oeil cache une autre réalité. Même augmentée, cette augmentation ne suffira pas, en fait, à répondre aux besoins qui, eux-mêmes, augmentent encore plus rapidement en raison du vieillissement de la population.
Les projections rapportent un manque de 80 000 infirmières d’ici 2050. Les écoles n’ont jamais eu du mal à recruter autant, 16% des étudiants abandonnent pendant le cours et 20% des infirmières diplômées jettent leur tablier à la fin de quelques années. Parmi ces (et ces) accrochés, le «vol» vers l’exercice libéral et les établissements privés accélère, contribuant à la pénurie qui afflige l’hôpital public.
“Certaines nuits, je suis seul pour gérer tout mon sol”dit Marie, infirmière pendant cinq ans dans un hôpital de la région de Lyon. «Comme il est nécessaire d’aller très rapidement, je ne peux pas prendre le temps de répondre car je voudrais toutes les demandes. J’ai parfois l’impression de devenir des mauvais traitements ». Le mal est connu, mais la tendance n’est donc pas pour s’améliorer, et la situation est la même dans la plupart des pays européens.
Pénurie d’infirmières: «Les retards de soins, les aggravations non détectées, le risque de mortalité…»
«En France, les infirmières ont deux fois plus de patients recommandés par des normes internationales. Conséquences ? Retards de soins, aggravations non détectées et risque de mortalité qui augmente 7% par patient supplémentaire »Dénonce l’Union nationale des professionnels des soins infirmiers.
«Des décennies d’études internationales ont constamment établi un lien très clair entre le nombre de patients par infirmière et la santé des patients: cela entraîne une augmentation du taux de mortalité, des infections des voies urinaires, une septicémie, des infections à l’hôpital, des saignements gastroduodénaux, des chocs et du cœur Arrêt, erreurs médicales, échecs d’aide et durations plus longues que prévu de l’hôpital, réhospitations ».
L’une des solutions mentionnées, après celle du renforcement de l’attractivité de la profession, c’est de généraliser les quotas infirmiers déjà en place dans certains services hospitaliers (réanimation, obstétrique, néonatologie et radiothérapie). Ces «ratios sécurisés» visent à assurer la présence obligatoire d’un nombre minimum de soignants par patient hospitalisé.
-Les infirmières ravies: “Les ratios sauveront des vies”
Adopté par le Sénat en 2023, la mesure de l’extension de ces ratios à d’autres spécialités de l’hôpital a également été adoptée ce jeudi 23 janvier 2025 par l’Assemblée nationale, sous l’impulsion du député PS de Mayenne, Guillaume Garot. Ce dernier, auteur du projet de loi, a salué ceci «Étape majeure pour améliorer les conditions de travail des soignants et la qualité des soins pour les patients».
Selon le SNPI, «Ces ratios sauveront des vies. Toutes les études internationales ont quantifié la mortalité liée à la surcharge de l’activité entraînant des erreurs de soins. Investir dans des ratios de patients par infirmière investit dans la vie ». Pour le syndicat, c’était la principale affirmation des soignants hospitaliers et «Ces ratios ramèneront les soignants confrontés à la sous-efficacité et à la perte de sens, comme indiqué en Californie, en Australie, en Corée du Sud».
Aucune date n’a encore été fixée, mais la mesure entrera progressivement en vigueur une fois que les décrets de candidature auront été publiés dans le journal officiel. L’autorité élevée pour la santé doit également déterminer quels ratios seront appliqués pour chaque service ou spécialité. «Les normes internationales sont de 6 à 8 patients par infirmière, en France, nous avons 10 à 15 patients par infirmière, d’où la fuite des soignants»révèle le SNPI.
À SAVOIR
Selon les projections des recherches, des études, de l’évaluation et de la Direction des statistiques (DREES) publiées en décembre 2024, le nombre d’infirmières en France passerait de 599 000 à 2021 à 821 000 en 2050. Insuffisant, car en même temps, le vieillissement du vieillissement du La population baisserait la densité des infirmières pour 100 000 habitants de 885 en 2021 à 807 en 2050, diminue que l’augmentation de la démographie des infirmières ne suffira pas à remplir. L’étude des Drees estime en effet le nombre d’infirmières nécessaires aux besoins futurs en 2050 à 901 000. Un manque de 80 000 personnes.