Dimitri Kantcheloff a le stylo revolver

Un thriller avec Giscard dans le décor

Dimitri Kantcheloff a le stylo revolver

Dans «Everyone Keeps Calm», le Français puise dans les années 70 et 80 pour accompagner un couple étrange. Palpitant.

Publié aujourd’hui à 13h03

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Bref:
  • Dimitri Kantcheloff publie « Everybody Keep Calm », son troisième roman.
  • Le livre est sélectionné pour le Grand Prix RTL-Lire.
  • L’histoire suit Victor Bromier, au chômage, qui rencontre un braqueur atypique.
  • Kantcheloff s’inspire pour l’atmosphère du cinéma français classique et de la bande originale des années 70 et 80.

Alors comme ça… « Tout le monde reste calme », titre du nouveau roman de Dimitri Kantcheloff. Mais on croirait entendre un « oncle flingueur » ! Ou replongez-vous dans la lecture des gros titres des années de crime organisé. Ou encore surprendre le bruissement d’un imperméable en cuir d’un voyou des années 70 qui ne recule pas devant l’élégance. Pas faux.

Nous sommes la cible de ce troisième roman du quadragénaire français, reconverti à l’écriture après des années de guitare rock, et déjà bien visible sur la scène littéraire. Le Renaudot l’avait signalé pour «Vie et mort de Vernon Sullivan» (2023) et le Grand Prix RTL-Lire l’a sélectionné pour sa dernière salve.

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Un joli cliché – on comprend – au pays des braqueurs et des petits coquins ! Sauf qu’il n’y a pas de grands méchants ni de super-héros tueurs. Non. Dimitri Kantcheloff est livré avec des références. Le respect aussi. Audiard. Lautner. Verneuil. Et une cohorte de rôles mythiques du cinéma français en tête. Ventura. Dewaere. Marielle. Montand. On les voit défiler, au loin, dans les ombres d’un héritage collectif, mais l’auteur évite les pâles copies, plus soucieux de fabriquer les stéréotypes de sa fantaisie.

Commercialisme et punk

Victor Bromier est un peu n’importe qui. Un vendeur qui fait le boulot pour un fabricant de parapluies mais sans réel soulagement. Marié. Une fille. Un pavillon en banlieue lyonnaise. Le genre que vous n’imaginez pas sortir des rangs ! Jusqu’à la gifle que lui a infligée son patron qui l’a licencié pour raisons économiques. Peur du lendemain. La honte. Il s’emmure, fuit le temps de se confesser à sa femme et oublie la dignité qu’il lui reste dans l’alcool.

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Et c’est là que, en entremetteur plus intéressé par le mécanisme de la spirale infernale que par les profondeurs abyssales de l’âme humaine, Dimitri Kantcheloff lui présente Corine. La fille extraordinaire, celle qui oblige ses amants à lire le révolutionnaire Guy Debord. Un braqueur de banque, punk et communiste descendant de Robin des Bois. Mais… comme nous l’avons dit, le titre de ce thriller est aussi plein de malice : « Tout le monde reste calme ».

Dans l’histoire du couple improbable, Victor Bromier acquiert une liberté existentielle dont il n’avait jamais rêvé, l’histoire s’accélère et le lecteur se retrouve avec une envie addictive de tourner les pages. Avec des références aux classiques du cinéma ou aux juke-box de la fin des années 70 et du début des années 80 c’est mieux, mais sans références ça va aussi.

Rythme et humour

Si les romans de Kantcheloff vivent dans le passé, il n’est pas là pour assommer, mais plutôt pour diluer le présent dans une zone neutre, où chacun s’y retrouve. Et si avec « La vie et la mort de Vernon Sullivan » l’auteur se mesurait avec audace au poids d’un personnage réel, Boris Vianet l’histoire impossible à inventer d’un écrivain qui se retrouve accusé d’être un meurtrier par procuration, dans «Everybody Keeps Calm», le Français fait passer l’improbable pour la plus banale des normalités.

Un plaisir qui a une durée… limitée. Le rythme, c’est ce qu’on aime aussi chez lui, c’est bien foutu. Et tenu sur 185 pages. «Je me suis beaucoup amusé», dit-il à propos de son deuxième roman, sûr de pouvoir faire le même aveu avec ce troisième. Parce que quand nous le lisons, nous aussi.

Dimitri Kantcheloff, « Que tout le monde reste calme », Éd. Finitude, 185 p.

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Florence Millioud a rejoint la section culturelle en 2011 par passion pour les gens de culture, après avoir couvert la politique et l’économie locales depuis 1994. Historienne de l’art, elle collabore à la rédaction de catalogues d’expositions et d’ouvrages monographiques sur les artistes.Plus d’informations

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