Death of Bernard Mourad, atypical banker, companion of “Libération” – Libération

Death of Bernard Mourad, atypical banker, companion of “Libération” – Libération
Death of Bernard Mourad, atypical banker, companion of “Libération” – Libération

Il y avait le brillant CV d’un jeune financier aux longues dents, le banquier d’affaires idéal de la « start-up nation ». L’étudiant de Sciences-Po et HEC devenu « directeur général » chez Morgan Stanley et apparu en 2014 dans les 40 étoiles montantes du journal Actualités financières. Et il y avait ce visage, l’insomniaque passionné d’écriture (il avait publié deux romans, écrit une pièce de théâtre) qui avait conçu à ses heures perdues mySOS, une application permettant d’appeler les secours locaux en cas d’urgence. ‘urgence.

Ce double visage s’était d’abord froissé Libélorsque nous l’avons rencontré pour un portrait de dernière page, nous avons été obligés de constater : « La voix est douce, le discours calme, le ton apaisant. À des années lumières du cliché du loup aux canines acérées qui colle à son activité.» C’était en janvier 2014, on ne savait pas alors que Bernard Mourad recroiserait rapidement la route du journal.

A la conférence de rédaction, café à la main

Car un an plus tard, il quitte Morgan Stanley pour rejoindre la direction du pôle presse formé par Patrick Drahi (qu’il conseille depuis 2004). Un groupe dans lequel il y a alors Libération. Au sein de l’équipe des cost-killers qui bouleversent le quotidien, il est le bon flic. Celui qui, bien qu’il soit un homme de chiffres, ne cache guère qu’il est aussi un homme de lettres. Bernard Mourad aimait la presse et aimait avoir un pied dans les deux mondes. Il assistait parfois, incognito, à la conférence de rédaction, café à la main, pour le plaisir de sentir un journal se faire, même s’il n’en embrassait pas toutes les luttes. “C’était de loin le Libé le plus compatible, se souvient Johan Hufnagel, qui codirigeait alors la rédaction. Parfois un peu moqueur envers le journal, mais toujours avec bienveillance.

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Originaire du Liban, explosif dans une famille où l’on est médecin de père en fils, Bernard Mourad n’y restera pas longtemps Libé. En 2016, il rejoint l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron. Comme beaucoup, il reviendra, mais il n’était pas rare que lors de ses premiers mois à l’Elysée, le nouveau président reçoive des messages cash sur Telegram de celui qui s’autorisait à lui donner de l’argent. “mon lapin”. “Il était vraiment de gauche” insiste Hufnagel, qui fondera avec lui Boucleur, média vidéo lancé en janvier 2018. Mourad s’apprêtait alors à prendre la direction de la filiale française de Bank of America.

Teddy Riner, Stéphane Fouks, Léa Salamé or… Chantal Goya

A la croisée de mille mondes (banque, médias, édition, Liban, politique), il tenait chaque année, début octobre, une table ouverte dans le 16e arrondissement pour son anniversaire. Celui qui voulait passer, cinq heures ou cinq minutes. Il y avait des écrivains, des hommes politiques, Teddy Riner, Stéphane Fouks, Léa Salamé et… Chantal Goya pour qui il avait une profonde affection. Ces dernières années, les rendez-vous sont devenus un défi pour une personne atteinte d’un cancer intestinal. Comme le patron de Publicis, Arthur Sadoun, il a choisi de faire connaître sa maladie, luttant pour lever le tabou du cancer au travail. Face à la caméra, pour Boucleur, il ne cachait rien, en février 2023, de ce qu’était le cancer au quotidien. “La moitié d’entre nous connaîtra un cancer au cours de sa vie, vous n’avez pas à avoir honte.” Brillant, grande gueule, Bernard Mourad est décédé jeudi 9 janvier. Il avait 50 ans.

 
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