(Séoul) Des milliers de partisans et détracteurs du président sud-coréen déchu Yoon Suk-yeol bravent la neige dimanche à Séoul, à la veille de l’expiration d’un mandat d’arrêt émis contre lui pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale début décembre.
Publié hier à 23h34
Jack MOORE
Agence -
Devant sa résidence, les partisans de l’ancien procureur vedette sont venus en nombre, ont constaté des journalistes de l’AFP, malgré le froid et la blouse blanche qui ont recouvert la capitale pendant la nuit.
«J’ai traversé la guerre et des températures de -20 degrés dans la neige pour combattre […] Cette neige n’est rien”, a déclaré Park Young-chul à l’AFP, affirmant que “la guerre est de nouveau là”.
Un autre rassemblement, cette fois des opposants de Yoon, est prévu à partir de 14 heures (00 heures, heure de l’Est), mais certains détracteurs étaient déjà présents dans la matinée.
« J’ai quitté mon travail pour venir protéger notre pays et la démocratie. J’habite à deux heures d’ici et aller aux manifestations puis repartir, c’était trop”, a déclaré à l’AFP Lee Jin-ah, un anti-Yoon de 28 ans.
“La neige n’est rien […] nous serons toujours là », poursuit l’ancien employé du café, qui a passé la nuit devant la maison de Yoon Suk-yeol.
Le mandat d’arrêt émis contre lui, pour l’obliger à répondre à des questions sur sa brève imposition de la loi martiale début décembre, expire lundi soir. Les enquêteurs, qui n’ont pas réussi à l’interpeller dès leur première tentative vendredi, avaient assuré que le mandat d’arrêt serait exécuté dans les délais.
M. Yoon, 64 ans, fait l’objet de plusieurs enquêtes, notamment pour « rébellion », accusé d’avoir ébranlé la jeune démocratie sud-coréenne avec son coup d’État, qui a ravivé le douloureux souvenir de la dictature militaire.
Dans la nuit du 3 au 4 décembre, au Parlement entouré de militaires, suffisamment de députés ont réussi à voter une motion réclamant la levée de l’état d’exception. Sous la pression des élus, des milliers de manifestants et contraint par la Constitution, Yoon Suk-yeol a dû obéir quelques heures après sa décision choc.
« Force rebelle »
Le 14 décembre, l’Assemblée a adopté une motion de destitution contre lui, entraînant sa suspension immédiate. Il reste toutefois officiellement président titulaire en attendant que la Cour constitutionnelle se prononce sur son cas d’ici la mi-juin.
Son éventuelle arrestation serait une première pour un président sud-coréen en exercice.
Mais les enquêteurs sont repartis bredouille de son domicile vendredi, bloqués dans leur tentative d’arrestation par son gardien, qui a refusé de respecter le mandat d’arrêt.
Le Bureau supérieur d’enquête sur la corruption (CIO), l’entité qui centralise les enquêtes, a demandé samedi au président par intérim Choi Sang-mok d’ordonner au personnel de protection de Yoon de coopérer.
“Le service de sécurité présidentiel a violé la Constitution, devenant en fait une force rebelle”, a fustigé samedi Park Chan-dae, chef des députés du Parti démocrate, principale force d’opposition et groupe majoritaire au Parlement. hémicycle.
La Corée du Sud continue de sombrer dans le chaos politique depuis début décembre, le premier président par intérim ayant également été destitué le 27 par des députés, qui l’accusaient d’entrave aux procédures contre M. Yoon. Le ministre des Finances Choi Sang-mok a ensuite pris la relève et est le deuxième président par intérim.
Dans ce contexte, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est attendu à Séoul notamment pour une rencontre lundi avec son homologue Cho Tae-yul.