Le chef étoilé du restaurant « Le Saint-Hilaire » Sébastien Rath revient sur une année 2024 particulièrement riche et envisage 2025 avec impatience.
Objectif Gard : Quel a été votre meilleur souvenir en 2024 ?
Sébastien Rath: Mon meilleur souvenir reste l’appel du guide Michelin, lorsqu’il m’a invité à la cérémonie. Et je n’ai aucune idée de ce qui m’attend. Ce soir, ce moment de vie extraordinaire me marquera longtemps, voire toute ma vie. Cela s’est produit à un moment où on n’y croyait presque plus, car les conditions étaient très complexes avec ce déménagement. Quand c’est arrivé, j’avais l’impression d’accueillir mon troisième enfant. La consécration tombait à point nommé, je ne sais pas si j’aurais eu la même énergie si je n’avais pas eu ce petit coup de main qu’il faut donner à tous les passionnés à un moment de leur vie, et je leur souhaite à tous d’en faire l’expérience. un jour.
Et ton moins bon souvenir ?
Il y a beaucoup de choses qui ressortent cette année, je ne pourrai pas vraiment me positionner. La déception est parfois dure, la perte d’un être cher, un déménagement… ces trois-là se sont mélangés au fil de l’année, je n’arrive pas à privilégier une chose plutôt qu’une autre. Ces choses font penser que nous ne sommes que de passage.
Quelle était pour vous la personnalité de l’année 2024 ?
C’est plutôt le moment le plus fort que j’ai ressenti avec une personnalité qui pourrait résonner avec la question. C’est Catherine Davydzenka, qui joue dans la série « Ici tout commence », que j’ai rencontrée au Téléthon cette année, un travail généreux que nous avons réalisé à Marguerittes. Une rencontre inattendue et pleine de sens à l’heure où il fait bon offrir aux gens dans des conditions extraordinaires. Cette personnalité était extrêmement accessible et je n’aurais jamais pensé pouvoir interagir avec elle et partager des points communs comme la cuisine. J’ai le sentiment d’avoir tellement d’alchimie avec cette personne que je suis presque certaine que nous devrons nous revoir dans mon établissement ou dans une autre situation pour continuer à échanger en passionnés.
Et la personnalité de l’année 2025 ?
Ce qui me marquera pour 2025, c’est une rencontre qui aura lieu en juin 2025 à Nice à laquelle j’espère participer, sur le développement durable autour des ressources naturelles de la mer et des océans avec Olivier Roellinger. Ce grand homme se bat pour cette cause depuis des années et j’ai le sentiment que 2025 peut être une année plus forte par rapport aux situations que nous rencontrons, notamment pour mes propres pêcheurs. À la mi-décembre par exemple, ils ne pouvaient pas aller pêcher parce qu’une loi européenne leur interdirait de pêcher un certain nombre de jours par semaine, mais ils seraient en dessous de la limite. Cela mettrait en danger les sorties en mer des petits pêcheurs. J’espère qu’Olivier Roellinger sera l’homme de la situation en 2025.
Quel événement attendez-vous en 2025 ?
J’attends évidemment ce rendez-vous mais un autre qui reste un peu plus personnel : la cérémonie du Guide Michelin qui m’appellera cette année j’espère, pour recevoir en tant que jeune étoile, d’autres jeunes étoiles et être de l’autre côté du monde. scène avec les chefs présents depuis de nombreuses années pour accueillir à mon tour, ces nouvelles étoiles montantes.
Un dernier mot ?
Il y a une chose qui m’a personnellement frappé cette année, liée à mon enfance. J’ai pu découvrir une très belle série sur le sport automobile qui retrace la vie d’un passionné que l’on a bien connu, il s’agit d’Ayrton Senna. C’est quelque chose qui m’a secoué, les combats entre Alain Prost, Ayrton Senna puis Michael Schumacher, c’était quelque chose. Cette fin tragique pour ce garçon d’une extrême perfection à la générosité incomparable est quelque chose qui m’a vraiment touché dans le documentaire. C’est ce qui me permet de dire que nous ne sommes que de passage et qu’il faut être très prudent avec tout cela. A travers ce documentaire, j’ai revécu une partie de mon enfance car j’étais encore assez jeune, mais suffisamment conscient pour comprendre que le moment était très grave et les évolutions qui ont suivi cette situation tragique sont très grandes, et nous sommes là pour améliorer les choses techniquement. Aujourd’hui j’offre trois jours de congés consécutifs à tous mes collaborateurs ainsi qu’à moi-même. C’est très confortable, quand j’ai appris le métier, on avait un jour et demi de repos d’affilée, et c’était une entreprise fabuleuse. Tout cela pour dire que nous sommes en constante évolution. On parle toujours avec beaucoup de morosité que tout augmente, que les gens ne veulent plus travailler mais malgré tout je trouve qu’on améliore beaucoup de choses. C’est un parallèle avec Ayrton Senna, s’il avait eu la même situation qu’à l’époque avec une voiture aujourd’hui, il ne serait pas mort.