Un vent de nostalgie semble envelopper les Français en ces temps où la notoriété expresse des réseaux sociaux confère, à travers les likes, l’illusion de popularité. Mis à l’épreuve par une année de crises multiples, nous aspirons sans aucun doute à la stabilité si l’on se réfère à notre classement. Ainsi, les sondés font la part belle aux figures rassurantes, consensuelles et intergénérationnelles qui accompagnent la vie des Français depuis de nombreuses années. Parmi eux, Eddy Mitchell – « le patron » depuis le départ de Johnny – et Pierre Richard, respectivement 82 et 90 ans, font une entrée fracassante dans ce classement, à la 20e place pour le rockeur, en 26e pour le « Grand blond ».
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Francis Cabrel (9e) et Michel Sardou (12e), avec plus de 80 ans de carrière à eux deux, restent en tête du classement. Christian Clavier « le Bronzé », semble avoir remplacé de Funès dans le costume du populaire comédien comique, il progresse de dix-sept marches pour se hisser à la 23e place. Finalement, Brigitte Bardot revient (51e), et rate d’un pas son retour au Sommet, l’année de son 90e printemps. Frédéric Dabi (Ifop) voit dans cette velléité nostalgique l’un des moteurs majeurs de l’époque : « Il existe une forme de « poulinage amélie » [en référence au film iconique de Jean-Pierre Jeunet, NDLR] de la société, un élan de tendresse pour un âge d’or. » En témoigne également le succès de Comte de Monte-Cristo (plus de neuf millions d’entrées), monument du patrimoine culturel français, porté à l’écran par Pierre Niney. Résultat : l’acteur de trente ans progresse de la 51e à la 27e place. Dans le même esprit, « Zorro » Dujardin (18e), acteur consensuel et transgénérationnel, incarne une forme de continuité rassurante pour les Français.
Au contraire, un « vague de compensation »selon l’expression de Frédéric Dabi, porte des personnalités indexées sur des modes ou des tendances éphémères. Les chefs du PAF sont moins appréciés des Français. Le bagarreur Philippe Etchebest glisse de la 10e à la 28e place, tandis que Cyril Lignac glisse de la 14e à la 29e place. Les comiques prennent aussi un verre. Dany Boon (19ème) perd dix places au classement, Kad Merad chute de la 25ème à la 45ème place. Même la lassitude du public envers les chanteurs les plus « vus à la télé » : Grand Corps Malade (33e) et Julien Doré (37e) prennent le pas, et que dire du sympathique Vianney qui “n’est plus là” dans le Top 10 (16ème). Un désengagement qui traduit la perte d’influence de la télévision dans les foyers des Français.
La chanteuse Aya Nakamura, à la 81e place
Etude après étude, ils se détournent peu à peu de ce média, notamment les jeunes qui privilégient les réseaux sociaux et les plateformes, mais aussi les trentenaires qui ne sacralisent plus la « grand-messe de 20 heures ». Seul rescapé des fusillades télé, Jean-Luc Reichmann, qui bondit de la 37e à la 21e place, sans doute à l’honneur de sa longévité mais aussi de ses apparitions de plus en plus récurrentes dans la fiction populaire. Cyril Féraud, malgré son apparence de gendre idéal, propulsé par le Slam et devenu le « roi du samedi soir » avec 100% de logique, a beau être consacré par ses pairs, il est encore loin du Haut, au 70ème étape.
Enfin, avoir incarné l’un des événements majeurs de l’année ne suffit pas à laisser une trace indélébile de sympathie ou de notoriété dans l’opinion publique. La chanteuse Aya Nakamura, dont la prestation aux côtés de la Garde républicaine lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024 a éclaté à l’écran, est en effet l’artiste francophone la plus connue au monde. international, mais les Français ne le classent qu’à la 81e place de notre baromètre, derrière le communiste François Roussel et devant la première dame Brigitte Macron. « Il n’y a pas encore moyen Dja Dja… »