imbroglio autour d’un millénaire en Normandie

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Editorial Louviers

Publié le

3 janvier 2025 à 14h22

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Le 31 juillet 1910, la ville de Rouen annonce l’organisation de célébrations commémoratives du millième anniversaire de la constitution du duché de Normandie en 911. Il prévoit la création de comités locaux chargés de concevoir et de mettre en œuvre trois temps forts, prévus les 10 et 11 juin 1911 : un congrès scientifique, une exposition historique et artistique et des fêtes populaires.

Louviers, demandé… mais pas très motivé !

En février 1911, la ville de Rouen lance un appel à souscription pour célébrer l’engouement international qui se crée autour de son initiative : « De Suède, de Norvège, de Sicile, du Danemark, des Etats-Unis, d’Angleterre, du Canada, des îles anglo-normandes, de partout où coule un peu de notre sang, des adhésions enthousiastes nous parviennent » (Appel à souscription de la ville de Rouen, 11 février 1911). Louviers contribuera 100 francs.

La municipalité accepte également que sa Reine de beauté accompagnée de ses deux demoiselles d’honneur défilent sur un char décoré lors d’un grand défilé. Cependant, si le déplacement et l’hébergement des jeunes filles sont bien pris en charge par le comité d’organisation du cortège, les négociations échouent sur le financement des costumes normands que doivent porter les demoiselles. Les organisateurs se tournent vers l’office de tourisme ou les corporations locales qui se feront un plaisir d’offrir aux trois Lovériens de quoi briller devant des milliers de personnes ! Une solution est enfin trouvée et les jeunes filles iront arborer les couleurs de Louviers de Rouen à Dieppe, sous la surveillance vigilante de leurs mères, elles aussi financées.

Prêt sous contrainte…

La tension monte entre les deux villes lorsque le comité d’organisation décide d’emprunter pour sa grande exposition historique et artistique, plusieurs œuvres conservées au musée de Louviersà savoir quelques tableaux de Gustave Bertinot et une lithographie de Paul de Saint-Martin. Le conservateur décline la demande, sous prétexte de ne pas retirer des « pauvres » (sic) collections du musée les quelques œuvres qui attirent les touristes l’été ! Le maire Raoul Thorel est alors invité à ramener à la raison le requérant, sommé de prêter les tableaux.

Lorsque fin mars est lancé un recensement des ouvrages remarquables des bibliothèques normandes, le même conservateur propose un nouveau refus, Henri Loriquet, directeur des bibliothèques de Rouen, fait alors jouer les plus hauts supports dont il dispose.

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Le 9 mai, le directeur de l’enseignement supérieur demandait à Raoul Thorel, au nom du ministre de l’Instruction publique, le prêt des « plus beaux spécimens de [sa] collection “. Une liste est transmise le 29 mai : une bible et une histoire sacrée du 14e siècle, deux œuvres de saint Thomas d’Aquin du XVee siècle, un fragment de missel et un autre de livre d’heures. L’affaire fut entendue et le prêt accordé du 4 juin au 15 septembre 1911.

La reine de Louviers et ses demoiselles d’honneur au cours du millénaire normand, 1911 ©(Pôle archives Seine-Eure, 1Fi227)

Où sont passés les documents de Louviers ?

Le 22 septembre, Henri Loriquet demandait un peu de patience à la ville de Louviers pour récupérer les œuvres de l’exposition de la fin du millénaire. Le 6 octobre, c’est la catastrophe : le fragment du livre d’heures et d’un calendrier de Rouen datant de 1757 restent introuvables, malgré les recherches du bibliothécaire, qui invoque leur faible valeur et leur petit format, s’attirant les foudres de son homologue loverien qui dénonce sa mauvaise organisation. . Finalement, après des mois de recherches infructueuses, la ville de Rouen versa, via son assurance, une somme de 255 francs à titre d’indemnisation.

Juin 1915, coup de théâtre : les deux documents sont retrouvés dans les communs du musée de Rouen ! Le dossier est clos début juillet : le manuscrit et le calendrier sont renvoyés… par courrier (mais en recommandé !) et l’assurance s’empresse d’exiger le remboursement des indemnités qu’elle estime indûment perçues par la commune de Louviers…

2027 : les 1000 ans de Guillaume !

Un autre siècle, un autre millénaire. De février à mai 2025, les collectivités et associations locales seront invitées par la Région Normandie à soumettre leurs idées pour commémorer le 1000e anniversaire de Guillaume le Conquérant. Espérons juste que l’organisation des festivités ne donnera pas lieu à des aventures aussi rocambolesques !

Retrouvez régulièrement un article rédigé en partenariat avec le Pôle Archives de l’Agglomération Seine-Eure. Objectif : mettre en valeur les trésors des archives à travers des récits locaux et des anecdotes qui éclairent les événements de notre passé.

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