Il s’agit d’un projet unique en son genre, débuté l’an dernier à l’Ehpad Roger-Duquesne, et qui vient d’être reconduit au cours des deux derniers mois à l’Ehpad Saint-Thomas de Villeneuve. Frédéric Isoletta, pianiste multi-primé, chef d’orchestre et pédagogue reconnu, est venu presque chaque semaine animer des séances musicales auprès d’une dizaine de résidents bénévoles âgés de 69 à 96 ans.
Sans jamais rien forcer, en écoutant les références de chacun, et avec l’aide de Delphine Rio, animatrice à l’Ehpad : «Je prépare à l’avance des morceaux de tous genres musicaux, mais chaque semaine je révise ma copie. Par rapport à l’année dernière, j’avais des demandes très précises en musique classique, s’étonne le pianiste. Parmi les habitants, il y avait de vrais mélomanes, de véritables connaisseurs.« Il a ainsi attaqué le Concerto pour piano par Tchaïkovski, Boléro par Ravel,Arlesienne par Bizet et même à l’ouverture de Tannhäuser de Wagner, dont la mélodie principale est normalement jouée au cor. Très vite, la mayonnaise prend : «Ils étaient impatients à chaque fois que la séance commençait. Dès la deuxième semaine, ils sont arrivés en avance.“
D’Enrico Macias à Gainsbourg
Chaque pièce est l’occasion d’évoquer des souvenirs, une tranche de vie, de susciter un échange unique entre eux, de tisser un lien : «Le but est de rendre les ateliers les plus humains possible. Je leur parle aussi de ma vie et de mon métier de chef d’orchestre pour ouvrir le dialogue. Il y a une part d’inattendu et j’aime beaucoup ça.« Françoise, 87 ans, sait exactement ce qu’elle aime et ce qu’elle n’aime pas : »Je n’aime pas les choses tristes, je les jette à la poubelle ! Moi, j’ai besoin de rythme», dit-elle. “D’autres ne sont dévoilés qu’au bout de plusieurs semaines, poursuit le pianiste. Parfois, ça arrive par hasard, je tape sur quelque chose qui n’est pas prévu et les langues se délient.“