Du dessin au cartonnage, puis au tissage Benoît Jorba y Campo maîtrise toutes les étapes

Du dessin au cartonnage, puis au tissage Benoît Jorba y Campo maîtrise toutes les étapes
Du dessin au cartonnage, puis au tissage Benoît Jorba y Campo maîtrise toutes les étapes

Le directeur adjoint de la Savonnerie de Lodève est aussi et surtout un technicien artistique hors pair dans le domaine de la conception et du tissage de tapis avec ses équipes de coureurs du Mobilier National.

« Je tisse ma passion » répète Benoît Jorba y Campo, technicien d’art de la fonction publique au Mobilier National et formateur à l’atelier de création de tapis la Savonnerie, dont il est également directeur adjoint depuis plusieurs années, aux côtés de Jean-Marc Sauvier puis d’Anne Gauthier aujourd’hui. “Je suis arrivé en 2009, seul, à 25 ans et je n’en suis jamais reparti” ajoute Benoît, originaire de région parisienne qui a fondé sa famille et trouvé son bonheur dans le sud de la , à Lodève.

« J’ai une passion pour la beauté, pour les choses bien faites et la responsabilité de les transmettre »

“Je voulais faire quelque chose avec mes mains” raconte l’histoire de celui qui, avec son brevet de modéliste en poche, se met à chercher comment exercer un métier artistique, tout en enchaînant de petits boulots. « En multipliant les salons professionnels et artisanaux, j’ai rencontré mon formateur de l’époque qui m’a proposé de venir visiter le Mobilier National, à Paris où j’ai découvert des passionnés. J’ai toujours eu un penchant pour l’art classique et on tissait à cette époque un tapis de style Louis XVI. J’ai été bluffée par les couleurs, les motifs et je me suis dit, ça y est. C’est ce que je veux faire.

Après avoir rejoint la formation parisienne en 2003, Benoît Jorba y Campo obtient son diplôme avant d’effectuer une année de stage dans la capitale puis de rejoindre l’Hérault et l’usine Lodévoise.

« Mon premier tapis a été le Julien Gardair sorti de l’atelier en 2012, celui que Brigitte et Emmanuel Macron ont choisi de poser au salon d’État de l’Elysée à leur arrivée en 2017 ». Ce qui suit, tiré d’œuvres contemporaines de Nathalie Junod-Ponsard, dont l’une est également à l’Elysée et l’autre actuellement visible dans l’exposition Tisser l’imaginaire au musée de Lodève. Parmi les projets en cours, un grand tapis classique commandé par le Palais de la Légion d’honneur. Là encore, une tâche de longue haleine et particulièrement complexe pour le responsable. Car s’il tisse, Benoît s’est rapidement fait remarquer en étant nommé par Marie-Hélène Bersani du Mobilier National comme référent technique de l’atelier grâce à ses diplômes, ses compétences et son savoir-faire. Dans la continuité de ses prédécesseurs, c’est lui qui réalise les travaux en amont.

Un « Saint Ange » pour le Palais de la Légion d’Honneur

Parmi les projets qu’il suit, Benoit Jorba y Campo est à la tête d’un tapis classique et complexe, un « Saint Ange » créé d’après un dessin de 1802, date de la création de la Légion d’honneur par Napoléon Bonaparte. Il meublera le palais qui est la résidence du Grand Chancelier et le siège de l’ordre depuis sa création. L’œuvre, mesurant 5,16 m sur 4,30 m, comprend 36 couleurs différentes. « Le départ a eu lieu le 1er janvier 2018. Il a ensuite fallu un an et demi de préparation pour dessiner puis peindre le carton à la main, avant le début du tissage et le premier point noué en septembre 2019 ». Deux, puis trois whippersnappers y ont travaillé depuis, avec une date de fin prévue en 2028. “Ce qui est curieux dans ce type de cas, c’est que ce n’est pas forcément celui qui passe la commande qui la reçoit.”

“Pour le Saint Ange par exemple, la commande se matérialise dans une petite aquarelle, d’une quinzaine de centimètres carrés, que l’on verra à Paris”. Avant de le traduire dans un format de 5 mètres sur 4 à partir d’une multitude de dessins préparatoires, d’essais visuels et mathématiques. « Je dessine la maquette entière car elle nécessite un seul geste, une seule interprétation. Nous sommes alors deux pour les tables de peinture, le choix des couleurs, le prélèvement”. Enfin, il faut mettre en place l’organisation du travail en équipe avec la priorisation des différentes étapes techniques avant de se lancer.

Benoît, Colline et Morgane travaillent sur le tapis depuis 2019.
Alain Mendez.

« Tel un chef d’orchestre, le chef de morceau a tout dans la tête. Il est responsable de toutes les étapes de fabrication, de la commande à la livraison ». Tel un horloger, le hauncher réalise également des travaux de précision. « Il y a tellement de points noués au cm² que tout nous prend plus de - ». Dans les ateliers de la Savonnerie, le - est certes suspendu, mais à la fin du métier, le résultat est remarquable et les tapis en laine partent pour une durée de vie de plusieurs centaines d’années pour atteindre les hauts lieux de la République.

« Nous apprenons et nous formons tous les jours ».

« Comme pour le compagnonnage, on apprend et se forme chaque jour à ce métier à la fois technique et humain ». Où la patience mais surtout la communication sont essentielles. “Parce que nous travaillons côte à côte avec d’autres collègues depuis des années sur le même projet, en faisant un travail artistique où nous sommes très entiers dans ce que nous faisons.”

“J’ai une passion pour la beauté, pour les choses bien faites” résume Benoît Jorba y Campo également animé par la responsabilité de transmettre un savoir-faire. « Il n’y a pas de livres, tout se transmet par la pratique et le bouche à oreille. Tout ce que j’ai appris vient des anciens, qui l’ont reçu des anciens… J’ai conscience d’avoir un trésor entre les mains, qu’on m’a fait un cadeau et que si je ne le transmets pas à mon tour, il sera perdu. »

Un espace a été aménagé au fond de l’atelier pour accueillir les étudiants du CAP Art Textile de Lodève
SUIS

Formation : Un CAP art textile à Lodève

Animé par l’envie de transmettre, Benoît Jorba y Campo est également formateur. Et c’est tout naturellement qu’il s’implique dans le nouveau CAP Ecole d’Art Textile Tissage créé à Lodève en septembre dernier. Elle dure deux ans et débouche sur trois années supplémentaires de formation, cette fois à Paris pour obtenir le Brevet des Métiers d’Art (BMA) avec possibilité d’intégrer le Mobilier National et la fonction publique. Les cours de dessin se déroulent au lycée Vallot et la partie pratique dans un espace aménagé à l’arrière de l’atelier de la Savonnerie. « Ce CAP accueille les quatre premiers apprentis, motivés et porteurs d’une belle énergie. Et qui sera rejoint par quatre autres l’année prochaine”. Travailler les bases et les classiques autour du dessin. “Et tout cela donne une boîte à outils complète pour ensuite suivre le BMA pour acquérir les détails et l’interprétation.” Le recrutement pour la 2ème Promo, 2025-2026, devrait débuter en début d’année.

 
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