Dans la famille Pagny, si on demande la fille, c’est Ael. Une photographe qui aime pourtant se placer loin des clichés depuis son enfance. C’est d’abord avec l’aide de son téléphone portable qu’elle découvre ce métier en capturant des instants et des instants de la vie d’adolescente. Une adolescence atypique avec, tout comme sa mère et son père, une réelle envie d’être indépendante, autonome et donc de grandir vite. A 16 ans, elle part en internat et s’envole pour New York. Elle a passé cinq ans dans une école d’art où elle a étudié la photographie. Aujourd’hui, à 25 ans, elle publie son premier ouvrage Pagny par Ael publié par HarperCollins.
franceinfo : Ce livre est une déclaration d’amour à celui qui a voulu vous donner la vie, vous élever avec ses valeurs, sa vision du monde depuis la Patagonie de votre mère. C’est votre père, Florent Pagny, qui ouvre ce livre et il vous remercie d’avoir été là, et d’avoir été présent et pudique. N’est-ce pas ce qui le définit avant tout ?
Ael Pagny : Oui, c’est vrai que ça le définit et ça nous définit aussi en tant que famille. Après, il faut aussi que ce soit dans notre ADN d’être modeste et présent.
Votre père a eu 60 ans, donc l’envie de faire la tournée qui allait avec. C’est naturellement ensemble, sans jeu de mots, que vous avez décidé que vous seriez présents et que vous alliez être le souvenir de cet événement. Est-ce difficile de photographier son propre père ?
Justement, comme je suis une personne assez réservée et timide et que je prends des photos pour ne pas avoir à parler, le faire avec mon père m’a permis de rester un peu plus dans ma zone de confort car c’est la famille et que j’ai l’habitude de . Après, ce qui est difficile, c’est de trouver le bon moment et la bonne situation.
« Mon père est le même à la maison que sur scène ou à la télévision. Il n’y a vraiment pas de séparation. Il a toujours été très honnête et fidèle à lui-même.
Quand tu es parti en tournée avec ton père, il y a eu cette annonce qui a choqué les Français. Nous avons appris que l’homme que nous considérions comme indestructible souffrait d’une maladie. Il y a une photo qui est poignante, c’est celle où il passe devant ce fameux scanner. Et on comprend à travers cette photo à quel point il était, dès le départ, déterminé. Est-ce que ça vous a touché qu’il soit si fort ?
Cela m’a touché, mais cela ne m’a pas trop surpris car il reste fidèle à lui-même et c’était une évidence pour lui de le partager. Ce n’est pas facile à cacher et même si l’on est modeste, c’est une réalité qui ne touche pas seulement lui, mais de nombreuses personnes. Nous étions heureux de voir que les gens s’y retrouvaient et se sentaient moins seuls. Pour lui, c’était une évidence de le partager, mais on a vu l’effet que ça a eu et on s’est quand même dit : «En fait, ce n’est pas si facile de partager quelque chose d’aussi triste« .
On a l’impression que cela a changé votre regard sur la vie, que vous avez pris conscience qu’il fallait profiter du moment présent. Vous dites aussi : «L’équipe a été recomposée« à travers ce travail.
Après, nous avons toujours été tous les quatre une équipe et une famille très soudée, donc ce n’était pas difficile pour nous de rester ensemble et de vivre cela ensemble. Oui, cela a vraiment renforcé qui nous étions.
« On a tendance à vivre le présent tel qu’il est, mais c’est sûr qu’avec cette maladie, on vit encore plus le présent et on essaie de ne pas se projeter trop loin car on ne sait jamais ce qui va se passer. cela arrivera. »
La photo la plus forte de cette œuvre est celle où il se trouve au sommet du phare du Mont Saint-Michel. Il y a un corbeau et vous en parlez en disant que c’est la malédiction qui s’est échappée. Cette photo est très symbolique.
C’est ma photo préférée de par sa composition et la chance que j’ai eu de pouvoir la capturer dans la géométrie de l’image. Mais c’est vrai que oui, c’est très fort et j’aime qu’il y ait plusieurs interprétations, que chacun puisse en tirer ce qu’il veut. Mais c’est vrai que le corbeau noir dans l’image donne envie de l’interpréter ainsi, la malédiction qui s’en va. C’est aussi ce que j’aime dans la photographie, c’est que chacun interprète les images comme il l’entend, il les ressent comme des chansons.
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles il a pu se battre. Son personnage puis sa famille, le public qu’il aime terriblement et la scène. On comprend à travers vos photos à quel point la scène est ce qui lui donne une vraie raison de vivre. C’est son plus grand terrain de jeu.
Oui, la synchronicité d’amour qu’il recevait de ses fans, du public ou des Français en général, on pouvait la ressentir avec tous les messages, tous les commentaires, toutes les vibrations. Mais c’est vrai que lorsqu’il est revenu sur scène, l’énergie du public était vraiment forte. Même si son public a toujours été très chaleureux et présent, lorsqu’il est remonté sur scène, on a ressenti ce soulagement de le revoir sur scène et pour lui ce soulagement d’être sur scène et la joie partagée, c’était beau à vivre.