Un beau documentaire diffusé en troisième partie de soirée évoque le cinéaste d’animation japonais inspiré par les relations entre l’humain et son environnement.
Hayao Miyazaki 83, est pessimiste. Selon lui, le XXIe le siècle est « incertain, l’avenir n’est pas brillant. Maintenant on se demande si les humains et les civilisations ont raison »lâche-t-il en observant un paysage. Le directeur de Le voyage de Chihiro partage ses inquiétudes dans le nouveau documentaire de Léo Favier et Léo Brachet : Miyazaki, l’esprit de la nature . Depuis sa plus tendre enfance, cela a été au cœur de ses préoccupations. « C’est grâce à elle que nous sommes en vie »croit le grand designer. Le garçon et le héronson dernier film, sorti en 2023, inspiré du livre Et toi, comment vas-tu vivre ? de Genzaburo Yoshino, a encore démontré son rapport à l’existence, à la création et à la mort (Golden Globe et Oscar du meilleur film d’animation 2024).
« Miyazaki a toujours été habité par cette tension profonde, entre ténèbres et lumière. »reportage Léo Favier et Léo Brachet. Le petit garçon a parcouru un long chemin, il avait 4 ans lorsque sa famille a fui les bombardements de Tokyo à la fin de la guerre, se souvient Susan Napier, auteur de Le monde de Miyazaki. Tout au long de sa carrière, le maître japonais de l’animation n’a cessé de défendre ses convictions sous la houlette de son mentor, Isao Takahata, avec qui il fonde en 1985 le célèbre Studio Ghibli à Tokyo (son nom est inspiré d’un avion, Miyazaki se passionne pour il).
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Une fable écologique
Adapté d’un manga, Nausicaä de la Vallée du Ventl’un de ses chefs-d’œuvre, dépeint une civilisation anéantie par la guerre nucléaire, un monde dans lequel une princesse courageuse tente de survivre. Armée, casquée et masquée, elle pénètre dans une jungle menaçante regorgeant d’insectes mystérieux. Des images d’archives reviennent à Miyazaki en 1996. On le voit travailler derrière son petit bureau.
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A 57 ans, il développe son « le film le plus ambitieux à ce jour »une fable écologique intitulée Princesse Mononoké, dans lequel un adolescent part à la recherche d’un dieu cerf qui lutte pour empêcher la destruction de la forêt. « Parfois, il faut utiliser 120 % de ses capacités, sans ces instants, on ne peut rien accomplir »note Miyazaki, qui s’interroge depuis longtemps sur l’état du monde et les messages qu’il transmet aux jeunes générations à travers ses longs métrages.
En 2022, le Studio Ghibli crée un parc à thème. Situé à Nagakute, à 300 kilomètres de Tokyo, il rend hommage à l’imagination débordante de Miyazaki et prolonge ses films. Il a été conçu par Goro Miyazaki, le fils du réalisateur, architecte paysagiste de formation. Cela ressemble à Disney, mais en plus grand. Les visiteurs peuvent jouer dans les décors, manger comme les personnages, se faire prendre en photo avec Totoro ou Ponyo, et surtout se promener dans une forêt boisée. Imaginons qu’il ne soit pas pollué. Depuis les années 1990, Miyazaki a décidé d’arrêter le cinéma à plusieurs reprises, notamment en 2013, à la Mostra de Venise, où il a présenté un nouveau joyau, Le vent se lève. Ses partisans peuvent être rassurés. En mai dernier, son fils Goro Miyazaki annonçait qu’après Le garçon et le héronil préparait un treizième long métrage, toujours avec le Studio Ghibli. Un film d’aventures dans lequel Miyazaki reviendrait sur ses premières créations, comme Le château dans le ciel. Son illustre père peut véritablement faire écho au vers de Paul Valéry : « Le vent se lève !… Il faut essayer de vivre ! »