Festival au pays des rêvesun festival de plus implanté en Martinique !! Le nom de « pays de rêve » dont la Présidente et ses co-organisateurs (autochtones) l’ornent, contribue à la carte postale d’un pays, le nôtre, dont les paysages deviennent des écrans aux illuminations exotiques qui servent de couverture à la misère d’après-guerre. colonial.
« Le pouvoir du livre » tel est le thème de la troisième édition de ce Festival. Fort de son succès (dit-on) auprès des partenaires nationaux (on aimerait savoir lesquels), l’événement qui se veut (dit-on) être une caisse de résonance, met également en lumière « ce pays la Martinique où chacun sait que la destruction de l’écriture, de la langue et des mots signifierait l’abolition d’une possibilité de liberté. »
Que des auteurs du Pérou, du Québec, du Cameroun, des Etats-Unis, d’Europe séjournant une semaine en Martinique aient participé à des rencontres littéraires, cet invité d’honneur Dany Laferrière, L’écrivain haïtien francophone, membre de l’Académie française, a dialogué avec des lycéens, ce qui a été réalisé en Martinique l’esquisse d’un Grand Village mondialisé, on applaudit mais quand on constate l’impasse dans le traitement de thèmes comme la coexistence linguistique créole/français en Martinique, l’absence parmi les invités d’auteurs créolographes martiniquais, l’inexistence en vitrine d’ouvrages littéraires en langue créole martiniquaise, publiés, rien ne va plus ! Et surtout, personne ne me objectera que les « mises en musique » ponctuant les rencontres littéraires soient un hommage à la langue créole martiniquaise.
Admettons que la Présidente mal informée dudit festival ait commis l’erreur de croire que la production littéraire martiniquaise n’existe qu’en langue française, il n’en reste pas moins vrai que ces colistiers (autochtones) auraient dû l’en informer. opposé.
A l’attention de ceux qui ne savent pas, font semblant de ne pas savoir, ne cherchent pas à savoir, à faire connaître, la liste (non exhaustive) des auteurs créolographiques de Martinique, publiée : Histoire Jean-Pierre Barthéléry Hugues Bellay Romain Barnabas Joby Livreur Daniel Cage Nicole Confiant Raphaël durée Jude Etienne Rodolphe Jala Léotine Georges-Henri Léotine Terez Lienafa Jean-François Löwenski Jean-Louis Monchoachi poids Éric Restog Serge St. Louis Marie-José Vilarson, sans oublier de mentionner la contribution de ceux qui nous ont quittés : Gilbert Scratch Marie-Thérèse Julien Lung Fou Georges Éleuthère Mauvois Vincent Placoly François Kichenassamy Georges de Vassoigne Jean Barnabas Marius Gottin Roger Ébion… autant de producteurs de poèmes, de nouvelles, de romans, de chroniques, de pièces de théâtre composées en créole martiniquais.
Le bouche à oreille ne coûte rien / les promesses n’engagent que ceux qui les prononcent. Ce proverbe révèle à l’occasion de ce Festival la contradiction qu’il y a entre dire (le pouvoir du livre son thème, en mettant l’accent, la destruction de l’écriture, du langage et des mots, l’abolition d’un possible liberté) et les faits : exclusion des auteurs créoles martiniquais de cette rencontre, non-exposition de leurs œuvres, absence de débats autour, entre autres, du statut de la langue créole en Martinique… Voilà des éléments suffisants qui autorisent à dire que dans le Au final, ce « Festival au pays des rêves » s’avère n’être rien d’autre qu’un acte flagrant de discrimination culturelle.
Daniel Livreur Écrivain activiste culturel martiniquais