Les auditions se poursuivent pour la commission d’enquête sur les violences commises au cinéma. Le 18 décembre, deux actrices françaises ont témoigné. L’une d’elles s’est confiée avoir été traumatisée par son premier tournage, alors qu’elle n’avait que 10 ans.
“J’étais paralysée” : cette actrice est traumatisée de devoir filmer une scène de viol à 10 ans
Le milieu du cinéma s’interroge enfin sur les violences commises en ses murs. Le 22 octobre, la commission d’enquête sur les violences sexistes et sexuelles commises dans le cinéma, l’audiovisuel, le spectacle vivant, la mode et la publicité a été constituée. Le 18 décembre, deux actrices françaises ont été auditionnées. Anna Mouglalis et Nina Meurisse. Ce dernier, que l’on a vu récemment dans le film L’histoire de Souleymane, a ensuite témoigné d’une fusillade traumatisante alors qu’elle n’était que mineure.
Sa comparution devant la commission a été filmée et repartagée par la chaîne LCP le même jour.
A lire aussi : “J’avais 12 ans, il en avait 36, et il m’a assassinée” : Adèle Haenel dénonce son agresseur présumé dans un discours percutant
Filmer une scène de viol à 10 ans
Sans nommer les personnes impliquées, Nina Meurisse raconte avoir vécu son premier tournage à l’âge de 10 ans. « Dans ce film, il y a une scène de viol. Je demande qui va jouer cet homme et on me répond que le réalisateur ne veut pas que je le rencontre avant. Je ne comprends pas pourquoi mais apparemment ce sera mieux pour la scène”relate-t-elle. “Ils m’expliquent que je dois marcher, qu’il va me coller contre l’arbre, ce sera très simple.”
Alors que le moteur se met à tourner, la scène va traumatiser l’actrice : «Je vois un jeune acteur arriver en courant qui me saute dessus, m’attrape la poitrine et essaie de soulever ma robe. Nous répéterons cette scène plusieurs fois. J’ai 10 ans, je n’ai jamais embrassé un garçon, je suis paralysé.
Pour un simple soutien psychologique, elle explique qu’une jeune fille qui s’occupait d’elle pendant le tournage l’a emmenée voir “les poussins nés dans la ferme d’à côté.” « Et à 10 ans, je sais déjà qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Je me souviens comme si c’était hier de me dire : mais tu crois que tu vas me faire oublier ça avec des meufs ? dit-elle, toujours sous le choc.
Qui protège les enfants au cinéma ? Dans le cas de Nina Meurisse, il semble que peu d’adultes se soient interposés entre elle et les demandes du réalisateur. Pour preuve, Nina Meurisse décrit une autre scène du tournage de l’époque.
A lire aussi : “Je criais, c’était tellement douloureux” : P Diddy accusé de viol par un homme, qui témoigne pour la première fois
« Un peu plus tard dans ce tournage, une scène de flagellation. La scène se déroule dans un étang la nuit, j’ai encore dix ans. Il fait noir, ils me donnent un bâton, ils me disent de m’installer, j’en ai marre et je me frappe le dos avec. Je le fais, sans grande force au début, ce qui agace le réalisateur qui me crie de le faire de plus en plus fort, de plus en plus fort. Et plus ma rage contre elle grandit, plus je me frappe avec une violence incroyable. En fait, je l’ai frappée.
Après de nombreuses prises, l’équipe de tournage aurait coupé la caméra et déclaré : “Si nous recommençons, nous arrêterons de filmer là-bas.”
Et l’actrice de conclure, comme si elle était toujours là : “La scène se termine mais l’horreur est en moi et je me dis qu’ils auraient dû s’arrêter plus tôt.” L’équipe a-t-elle abordé la question de la violence à l’époque ? “Ça restera un non-sujet tout au long du tournage, il n’y aura pas d’excuses, c’était une scène comme une autre”, elle regrette auprès de la commission.