ParisTurf : Il y a un an, Joumba de Guez remportait le Prix Jag de Bellouet. Quel état d’esprit avez-vous à la veille du concours du Prix Bilibili ?
René Guézille : Nous sommes fiers et excités de voir notre jument parmi les favoris. Sa victoire dans le Prix Jag de Bellouet l’hiver dernier a été pour nous un moment mémorable, notamment parce que Jadrius de Guez également classé troisième. De plus, il devrait réapparaître prochainement. Mais même si l’on connaît le talent et les grandes capacités de Joumba de Gueznous savons aussi que chaque course comporte ses dangers. Nous abordons donc cette rencontre avec une grande humilité.
Quoumba de Guez était une de vos meilleures juments de course (plus d’un million d’euros de gains et au départ d’un Prix d’Amérique). Imagine-t-on que votre fille a une valeur particulière à vos yeux ?
Joumba de Guez elle a en effet une place très spéciale dans mon cœur, car elle me rappelle sa mère qui reste à ce jour la meilleure jument que nous ayons élevée. A 20 ans, Quoumba de Guez c’est toujours une jument précieuse pour notre élevage. Elle n’a pas eu de chance avec ses deux premiers produits, mais ses poulains suivants ont tous fait preuve de qualité. Son enfant d’un an est à proximité Visage - Borbone est en rodage et a donné naissance à un poulain cette année Gagnant du booster. Elle est pleine deIdao de Tillard.
Combien de juments composent votre équipe aujourd’hui. Où sont-ils stationnés et comment fonctionne votre ferme ?
L’effectif est composé de vingt-cinq juments. Je suis stationné sur les 230 hectares de notre Haras de Vautors, à Auvers-le-Hamon, qui se situe à une dizaine de kilomètres de Jean-Michel Bazire. C’est un lieu et un choix stratégique pour faciliter notre collaboration au quotidien. Nous disposons de bonnes terres, particulièrement adaptées à l’élevage du bétail. Une vingtaine de yearlings et une vingtaine de poulains vivent également sur le site. Tous les vêlages sont réalisés en interne par une équipe de quatre salariés qui jouent un rôle essentiel au bon fonctionnement de l’exploitation. Nous ne faisons aucune formation ni pré-formation pour concentrer tous nos efforts sur l’élevage et le soin des chevaux. Je suis très régulièrement sur place en tant qu’organisateur et observateur, pour voir ce qui peut être amélioré.
De 1991 à 2013, c’est la veste de René Guézille qui figurait dans les programmes (près de 300 victoires) avant d’être remplacée par celle de l’Ecurie Vautors (près de 400 victoires). Quelle est l’explication ?
J’ai commencé avec une ou deux juments, à l’époque de Michel Bazire, puis j’ai pris les couleurs de mon nom, logiquement. Mais lorsque j’ai voulu me lancer dans l’élevage et acheter des terres pour principalement créer une ferme équestre, il est devenu évident que je devais devenir une entreprise. Le nom de l’entreprise et de l’écurie, « Vautors », est simplement le nom du lieu où se trouve notre élevage.
Comment est née la collaboration avec la famille Bazire ?
C’est vieux (rires)… Tout a commencé avec l’appel d’un cheval Duo d’Avril. Pierre Forgin, avec qui j’avais quelques chevaux à l’époque, a eu beaucoup de problèmes avec lui et m’a conseillé de le proposer à Michel Bazire. “Cet homme peut sauver la situation« il me l’a dit ! Il avait raison… C’était l’occasion de ma première rencontre avec Michel et son fils Jean-Michel. A l’époque, je voyageais beaucoup à l’étranger et je n’avais pas beaucoup de - à consacrer aux chevaux. Je me souviens encore du jeune Jean-Michel qui me répétait que je n’y connaissais absolument rien en course (rires) ! Tout a commencé ainsi… La base et le succès de mon entreprise actuelle repose donc sur la rencontre de deux hommes et un échange de savoir-faire. Michel Bazire connaissait les chevaux et moi le monde de la finance et des affaires. Un peu plus de trente ans se sont écoulés.
Depuis, votre nom est étroitement lié à celui de Jean-Michel Bazire. Comment réagissez-vous quand vous le voyez passer progressivement le relais à son fils ?
Jean-Michel Bazire est une légende vivante. C’est un honneur pour moi de collaborer avec lui pendant trente ans. La transition en cours avec le fils est une étape naturelle de toute grande carrière et de toute transmission de savoir-faire. De manière générale, je pense qu’il est crucial de ne pas projeter nos attentes ou de tenter de comparer à tout prix. Chacun doit prendre le - de trouver sa propre façon d’être et de construire son propre voyage à sa manière. Nicolas est jeune. Il faut le laisser évoluer, apprendre et grandir à son rythme. Donc je vis dans le présent. J’espère que Jean-Michel et Nicolas géreront au mieux cette transition. Je suis sûr que ce sera la suite de cette belle réussite familiale.
Mais ce changement pourrait-il entraîner des changements au sein de votre propre équipe ?
Tout changement implique forcément des ajustements… Il est donc possible que cela ait un impact sur mon écurie, notamment en fonction des choix et de l’évolution de Nicolas. Contrairement à de nombreux éleveurs ou propriétaires qui travaillent avec plusieurs entraîneurs, je suis quasiment « exclusif » avec l’écurie Bazire depuis des décennies. Cela peut donc entraîner des ajustements dans mon fonctionnement, mais je suis prêt à m’adapter si nécessaire.
Ces ajustements pourraient-ils être initiés par votre enfant ?
Julien vit la majeure partie de l’année dans l’écurie. Il est bien plus appliqué que moi sur les pistes et je suis heureuse de lui avoir transmis la passion des chevaux. Il a des idées différentes des miennes, comme vouloir vendre une partie de notre production, peut-être dès l’année prochaine. Ainsi, dès cette année, une dizaine de poulains ne portent plus le label. »Guez», pour être vendus à l’amiable ou aux enchères au public comme foals ou yearlings. Pour ma part, j’ai toujours eu du mal à vendre un cheval, de peur que ce soit le crack qu’on recherche (rires). Mais je réalise que nous devons adopter une approche plus systématique pour éviter cette situation. Julien est très proche de Jean-Michel et Nicolas. Évidemment, la collaboration que nous entretenons avec leur équipe se poursuivra. Mais encore une fois, prenons le -…
Vous travaillez depuis quelques - avec Théo Radoux. Pouvez-vous nous parler de cette nouvelle association ?
Théo Radoux est un jeune homme de 25 ans que j’ai rencontré chez Jean-Michel Bazire. C’est un gars sérieux, très motivé et travailleur. Lorsque Jean-Michel et Nicolas ont décidé de ne plus accueillir autant de chevaux, il m’est apparu évident que Théo était la personne idéale pour m’accompagner dans le développement de mon élevage et s’occuper du rodage et de la qualification de certains de mes chevaux. nos chevaux (Note de la rédaction : Théo Radoux qualifié mercredi matin à Caen Morphée de Guezfils de Visage - Borbone et bon Calaska de Guez en 1’17”7). C’est aussi une manière de soutenir de jeunes talents qui ne demandent qu’à progresser. Hervé Chopin et Adrien Sourice font également partie de ceux qui s’occupent de nos jeunes chevaux pour le rodage.
Nous savons que vous êtes également un fin observateur de l’industrie. Quel est votre avis sur les courses en cours et la baisse des enjeux ?
Le constat est clair. Les courses sont confrontées à deux défis majeurs : la baisse des enjeux et la baisse de la fréquentation des hippodromes. C’est triste de voir des hippodromes comme Vincennes complètement vides certains jours de meeting. Il est vrai qu’il est plus facile de suivre les courses confortablement assis dans son canapé devant Equidia, mais cet abandon physique prive notre sport de son âme et de ses émotions, ce qui à la longue est néfaste. Chacun d’entre nous doit se remobiliser pour donner envie de vivre sur place cette expérience unique. Nous devons également encourager davantage de personnes à devenir propriétaires, même partiellement, d’un cheval.
Quant aux enjeux, le problème vient, à mon avis, de la complexité des paris hippiques, qui restent l’affaire de spécialistes et de connaisseurs, souvent âgés… Pendant ce -, les masses jouent aux jeux d’argent comme les jeux de grattage ou les paris sportifs. explose, ce qui montre qu’il y a une envie de jeu, mais que la course n’arrive plus à capter ce public. Il est selon moi urgent de penser à un nouveau type de jeu, plus ludique et plus accessible. Pourquoi ne pas organiser une grande enquête qui, par exemple, offrirait une récompense d’un million d’euros à toute personne ayant une idée innovante pour faire monter la mise et toucher même ceux qui ne sont pas des spécialistes des courses automobiles ? Pourquoi ne pas également vous lancer dans le jeu de cartes à gratter ?
On vous voit moins à Vincennes maintenant. Serez-vous là dimanche ?
J’avoue que ces dernières années j’ai moins assisté aux courses. Il faut dire que le Covid a cassé beaucoup de choses et les années passent… Même mes amis échouent et comme on vient de le dire l’ambiance n’est plus la même. Mais l’enthousiasme et la passion pour la course sont toujours en moi. Le but de mon entreprise est toujours de faire courir ces courses de haut niveau qui visent l’excellence. Alors oui, je serai présent à Vincennes dimanche. Avec mes amis et mes proches…
Expresso bio
René Guézille
72 ans
Marié à Monique
Deux enfants : Solën (47 ans) et Julien (45 ans)
Retraité de la gestion administrative et financière
Résident annonce Angers (49) et Auvers le Hamon (72)
25 juments
20 chevaux à l’entraînement
Jean-Michel Bazire : « René a été un des premiers clients de mon père »
« René Guézille est en un certain sens mon papa breton, mon ami et aussi mon conseiller financier. Et son fils, Julien, est mon coach de vie (rires). Celle des Guézille et des Bazire est une très longue histoire. Il a été l’un des premiers clients de mon père et fait évidemment désormais partie intégrante de la famille. Nous avons toujours eu des chevaux ensemble et même si je vais progressivement ralentir, notre collaboration n’est pas vouée à se terminer. Nous nous parlons presque tous les matins au téléphone. René a un parcours de vie atypique et ne laisse rien au hasard. Il a eu beaucoup de succès avec ses chevaux, mais ce n’était pas de la chance. Avec lui, tout est très bien organisé.”