Le procès civil de neuf femmes qui accusent individuellement Gilbert Rozon d’agression sexuelle et de viol s’est poursuivi mardi avec le témoignage de Guylaine Courcelles. Malgré une certaine nervosité, la deuxième plaignante à prendre la parole – après la réalisatrice Lyne Charlebois – a fait un récit assez précis de son agression présumée.
Guylaine Courcelles avait 22 ans lorsqu’elle a décroché un contrat chez Juste pour Rire en 1987. Elle avait été embauchée par Richard Bleau comme assistante logistique et à ce titre, elle était appelée à réserver les déplacements de Gilbert Rozon. Juste pour Rire compte à l’époque une trentaine de salariés.
Après le festival de l’été 1987, Gilbert Rozon lui dit : « Ce serait amusant pour nous de faire connaissance, pour moi d’en savoir plus sur vos aspirations, de voir s’il y a une place pour vous ici. ” M.Moi Courcelles, qui travaillait comme ouvrier contractuel, était ravi de cette invitation. Pour elle, c’était l’opportunité de trouver un emploi à - plein.
Quelque - après, ça a recommencé. Il lui aurait dit : « Écoute, je n’ai pas le - pour le moment, mais à la fin de la journée, nous aurons un happy hour pour parler. » Guylaine Courcelles a accepté. « Nous avons pris sa voiture – dit-il – mais pendant que nous roulions, il m’a dit : ‘Je devrais juste faire un petit détour par chez moi, parce que j’ai un problème électrique, je dois allumer la cheminée’.
À son arrivée à la résidence de M. Rozon à Outremont, M.Moi Courcelles dit avoir emménagé dans une petite pièce au rez-de-chaussée, « une sorte de boudoir ». Au bout de quelques minutes, M. Rozon lui aurait dit : « Puisque nous sommes ici, nous pourrions rester ici et discuter, j’ai tout ce dont nous avons besoin ici. Je te ramènerai à la maison plus tard.
«J’aurais aimé que nous soyons dans un bar», a déclaré M.Moi Courcelles, mais en même - il était mon patron. La discussion était agréable, il n’y avait pas de sous-entendus, donc tout allait bien. Je me souviens qu’il m’a servi un ballon d’Armagnac. Je m’en souviens parce que c’était très fort. J’ai bu de la bière ou du vin, je n’ai pas bu ça…”
En fin de soirée, Gilbert Rozon lui dit qu’il ne peut pas la ramener chez lui car il a trop bu. « Il a dit : ‘J’ai plusieurs chambres d’amis, tu peux passer la nuit ici.’ Il m’a donné confiance. La discussion s’est bien déroulée. Pour moi, le stress de la soirée était terminé. Il a dit : « Je vais prendre une douche et me coucher. »
Mais quelque - plus tard, alors qu’il était au lit, il aperçut Gilbert Rozon dans l’embrasure de la porte, une serviette autour de la taille.
« Il s’est allongé sur le lit, a essayé de m’embrasser, je me souviens l’avoir repoussé. Que fais-tu Gilbert ? Il avait une attitude ludique. Il voulait que je me détende. Je lui ai dit que je ne voulais rien savoir. Je lui ai dit : « Si tu n’as aucun respect pour moi, tu devrais en avoir pour ta femme. » Il a répondu : « Ne vous inquiétez pas, ma femme et moi avons des accords. »
Le reste est cru. Guylaine Courcelles a poursuivi son récit d’une voix tremblante.
« Il n’a pas pris mon refus au sérieux. Pourquoi ne me suis-je pas levé et n’ai-je pas couru ? Je me pose encore la question. Je me suis retournée pour lui faire face, je ne voulais pas le voir, j’étais dégoûtée et j’ai couvert mes seins pour qu’il ne me touche pas, je sentais qu’il avait besoin de se faire plaisir et c’est ce qu’il a fait. Il a éjaculé derrière moi. »
Gilbert Rozon passerait le reste de la nuit à ses côtés. A une heure impossible à établir, « très tôt le matin », raconte Guylaine Courcelles, il a pris ou téléphoné à Charles Trenet, « comme si de rien n’était ».
M.Moi Courcelles a déclaré plus tard qu’il avait eu une crise à l’âge de 4 ans. Qui souffrait de trouble de la personnalité limite, de trouble de stress post-traumatique et d’hypersensibilité. « Après cet événement, je me suis à nouveau sentie comme une proie », a-t-elle déclaré. J’étais déjà dévasté, mais cette histoire m’a donné des raisons de ne pas faire confiance aux gens. Cela m’a confirmé que la vie était trop dure…”
Le lendemain, elle est revenue au bureau « avec les mêmes vêtements que la veille ». «J’avais honte et j’étais en colère. C’était comme avant, il avait la même attitude. » Quelque - plus tard, elle le confronte, à sa demande, car il lui demande : « Pourquoi es-tu stupide avec moi, Guylaine ? Cela lui rappellerait les événements. Ce à quoi Gilbert Rozon aurait répondu : « Je n’en ai aucun souvenir. »
La défense révèle des contradictions
La défense menée par Me Mélanie Morin a noté quelques contradictions dans le reste du récit de Guylaine Courcelles.
À son retour au bureau le lendemain de l’agression présumée, Guylaine Courcelles a déclaré avoir rencontré son patron, Richard Bleau, et lui avoir dit : « On m’a trompée pour que je passe la nuit avec M. Rozon. »
«J’espérais qu’il lirait entre les lignes et me poserait des questions. Elle rougit, prit une profonde inspiration et quitta le bureau pour se promener. »
Lors de son contre-interrogatoire, M.e Morin a envoyé un extrait d’une entrevue (anonyme) que MMoi Courcelles a accordé une entrevue à - dans laquelle il a affirmé avoir « défait ses valises et tout raconté » à son patron. Et cela n’avait rien changé.
Les avocats de M. Rozon ont également pris soin de constater que M. RozonMoi Courcelles était allée faire la fête à la résidence Outremont de l’ancien patron du Juste pour Rire. Ils ont également noté qu’elle avait indiqué que M. Rozon s’était présenté dans sa chambre au milieu de la nuit plutôt qu’avant qu’elle s’endorme.
M.Moi Courcelles, qui a témoigné devant la juge Chantal Tremblay, ne faisait pas partie du groupe des Courageuses. Il a porté plainte au SPVM en 2017. Il a intenté une poursuite civile après que son dossier criminel ait été rejeté pour cause de prescription.