à La Sauvetat-de-Savers, le lien social est une espèce protégée

Et deux ! Ce mois de décembre, le 2ème anniversaire de The Platypus a été célébré avec autant d’événements festifs. « On les a espacés de deux semaines, pour pouvoir s’en remettre, parce que l’année dernière, c’était dingue », se souvient Guillaume Zimmerlin, co-fondateur de ce bistrot unique au Pays de Serres, avec Carole Daurios et Karine Roussely. Ex-guitariste, il est revenu sur scène pour l’occasion. Des groupes de musique, les murs épais de cette ancienne auberge de diligence les accueillent « toutes les trois semaines ». En hiver, une centaine de personnes s’y pressent.

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C’est dans un ancien relais de poste, datant du XVIIème siècle, qu’est implantée L’Ornithorynque.

Thierry Breton / SO


Le trio fondateur de ce lieu hybride, mêlant bar, restaurant, espace de jeux et concerts. Avec Guillaume en cuisine, Karine au service et Carole (au centre de la photo) en renfort lors des grandes soirées.

Thierry Breton / SO

« Les gens se sont appropriés les lieux. Ils y sont attachés et osent pousser la porte », constate Karine. Du mercredi au dimanche, c’est le lieu où l’on se retrouve autour d’un bon dîner, d’un jeu de société ou d’un verre. « Le dimanche matin, je ne sers que des Savériens et des Savériens. » Des résidents venus entretenir du lien social. Les membres de l’association La Lisette tissent cette même complicité le mercredi à l’heure du thé, après leur atelier patchwork. « Et quand ils ne viennent pas, ils s’excusent », vante Karine, avec tendresse pour ces habitués.

David Alexis, élu maire en septembre dernier.


David Alexis, élu maire en septembre dernier.

Thierry Breton / SO

Parmi les clients du jour, l'équipe municipale, réunie pour son repas de fin d'année.


Parmi les clients du jour, l’équipe municipale, réunie pour son repas de fin d’année.

Thierry Breton / SO

Le bistrot fait vivre la ville et la ville entière fait vivre le bistrot. A commencer par la municipalité, dont les élus et agents, ce 11 décembre à midi, sont attablés pour leur repas de fin d’année. David Alexis, élu maire en septembre, se réjouit de veiller sur une commune aussi vivante, qui compte 13 associations, une école et plusieurs commerces, dont une épicerie et un tatoueur. Dans la mémoire de tous ces enfants du pays, aujourd’hui quadragénaires, « ce village n’a jamais été mort ». Sauf peut-être, nuance Guillaume, “quand il n’y avait plus le Café des Voyageurs, ça a enlevé une dynamique”.

Cuisine du monde

Guillaume, Carole, Karine et leurs amis, avaient pris l’habitude, lorsqu’ils étaient encore sur les bancs du lycée Palissy, à la fin des années 90, de faire la fête dans cet « antre » de La Sauvetat. Un bar musical exigu, que la mère de Guillaume a elle-même tenu pendant quelques années. « Quand le Café des Voyageurs a fermé, nous nous sommes sentis orphelins, confie-t-il. Pour offrir au village un lieu de rencontre et de partage, une idée leur est venue en tête. « Au départ, nous voulions le racheter, mais cela n’a pas été fait », raconte Karine. Ils ont alors jeté leur dévolu sur cette vieille bâtisse en pierre, « plus lumineuse et plus spacieuse », située le long de la D110. C’était en 2018. Le Covid étant arrivé, il leur a fallu quatre ans et de longues heures de travail pour concrétiser leur projet : un lieu hybride, qui allie café-concert et restaurant. Avec sa terrasse, L’Ornithorynque est plus ouverte sur l’extérieur, au propre comme au figuré, « moins clivant », ose Carole. « Du Café des Voyageurs, nous n’avons finalement gardé que le concert du dimanche et les matchs télévisés », reconnaît Guillaume.

Café des Voyageurs closed in 2017.


Café des Voyageurs closed in 2017.

Thierry Breton / SO

«Quand le Café des Voyageurs a fermé, nous nous sommes sentis orphelins»

A 40 ans, l’ancien musicien a passé – « et obtenu avec brio », soulignent ses associés – son CAP de cuisine. Il ne propose pas de menu, mais « une entrée, un plat et un dessert, différents chaque jour, dans l’esprit d’une cantine gourmande », au gré des saisons et de vos envies. Seul le burger-frites-salade du samedi a été institué. « J’aime cuisiner des plats qu’on ne mange pas à la maison » : des tacos à la choucroute en passant par les sushis, Guillaume fait voyager ses clients, leur fait goûter de nouvelles saveurs et le principe les séduit. « On a toujours envie de proposer de nouvelles choses, précise Karine. Et pas seulement dans l’assiette : boulodrome et table de ping-pong pour l’été, débarras dressing, spectacle…

L’Ornithorynque bénéficie également d’une « grande synergie » avec l’association Au Fil des Séounes, qui occupe une partie du bâtiment et organise de nombreux ateliers d’éducation à l’environnement et à la citoyenneté. Cela draine les gens.

L'association Au Fil des Séounes occupe la partie locative de l'immeuble.


L’association Au Fil des Séounes occupe la partie locative de l’immeuble.

Thierry Breton / SO

A l'initiative de l'association La Lisette, des photographies d'antan ont été exposées dans tout le village, offrant des vues avant/après.


A l’initiative de l’association La Lisette, des photographies d’antan ont été exposées dans tout le village, offrant des vues avant/après.

Thierry Breton / SO

La prochaine génération

« Il y a ici plein d’initiatives qui rendent la vie rurale intéressante », juge Karine. Et, « même si un lotissement est en train de se créer », cette commune de près de 500 habitants « n’est pas encore devenue un village dortoir », se réjouit Guillaume. La Sauvetat ne connaît pas l’exode. Il y a un retour au pays qui s’opère après les études, si bien que les jeunes ne manquent pas pour prendre la relève, comme Enzo Marguerettaz, 25 ans, qui vient de créer, avec sa bande d’amis, un club de football, le FC Savérien. Ce sont aussi eux qui, selon Karine, ont lancé avec succès le club de pétanque. « Il faut voir l’enthousiasme de ces jeunes », dit-elle. Aux beaux jours, vendredi soir, « 90 équipes sont déjà réunies au boulodrome ! » Ces soirs-là, à « L’Orni » – comme beaucoup l’appellent désormais – il n’y a pas trop de trois portions.

 
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