Un rapport sur les violences sexuelles dans le secteur culturel

Un rapport sur les violences sexuelles dans le secteur culturel
Un rapport sur les violences sexuelles dans le secteur culturel

Les professeures Vanessa Blais-Tremblay, du Département de musique, et Joëlle Bissonnette, du Département de gestion, ont présenté le 3 décembre un rapport d’étude sur les violences sexuelles (VACS) dans le domaine de la culture au Québec.

Intitulé « 3,2,1…Action ! Une approche concertée pour lutter contre les VACS en culture au Québec », ce document est le fruit de leurs travaux de recherche et d’analyse des discussions qui ont eu lieu lors du sommet sur la violence et le harcèlement sexuels en culture, tenu à l’UQAM en septembre 2023 l’Adisq. et l’Association des professionnels de l’industrie de l’humour (APIH).

« Les participants au sommet ont partagé leurs observations sur les VACS dans leur industrie, qui ont fourni un aperçu de la prévalence, des types de VACS, des facteurs qui semblent augmenter les risques, de leur impact sur l’environnement culturel et des solutions qui ont été imaginées pour y faire face », souligne Vanessa. Blais-Tremblay.

Le rapport présente les réflexions et les solutions possibles discutées lors de cette journée de travail, ainsi que les résultats de la recherche menée par une équipe d’étudiants de l’UQAM dirigée par Vanessa Blais-Tremblay et Joëlle Bissonnette, la doctorante en sociologie Sophie-Anne Morency et candidat à la maîtrise en sexologie Raphaël Jacques. « L’idée était de combiner les résultats d’études réalisées partout dans le monde avec les observations des experts de l’industrie ayant participé au Sommet, dans le but de proposer des pistes d’action », explique Vanessa Blais-Tremblay.

Des résultats alarmants

La première partie du rapport consiste en un état des lieux. Vanessa Blais-Tremblay rappelle que, selon les données les plus récentes, 56 % des femmes de toutes les professions de l’industrie musicale canadienne francophone estiment avoir subi du harcèlement sexuel dans un contexte de travail. « Dans une étude pancanadienne des industries des arts de la scène, du cinéma et de la télévision, 82 % ont déclaré avoir été victimes de harcèlement sexuel, une statistique qui monte à 88 % pour les personnes trans et ethniques, souligne-t-elle. Outre les personnes qui travaillent dans le domaine culturel, le public est également fortement concerné. Plus d’un répondant sur deux rapporte avoir déjà été victime de harcèlement ou d’agression sexuelle lors d’un festival à Montréal.

À titre de comparaison, 8 % des personnes interrogées dans le cadre d’une étude portant sur 22 000 travailleurs d’horizons divers déclarent avoir été victimes de harcèlement ou de cyberharcèlement au travail au cours de l’année précédente, notamment du harcèlement sexuel, psychologique et discriminatoire. Partout au Canada, 13 % des femmes et 3 % des hommes ont déclaré avoir été agressés sexuellement au travail.

«Je veux être très claire», insiste Vanessa Blais-Tremblay. Tous ces chiffres sont stupéfiants. Chaque fois est une fois de trop, et ces statistiques suggèrent que la situation de la culture serait pire qu’ailleurs. Et ce, ajoute-t-il, même si au cours des dernières années, on a assisté à une forte augmentation de la médiatisation des situations de VACS, alors que les milieux artistiques québécois se sont retrouvés au centre d’un grand débat de société, notamment avec les vagues #MeToo de 2017 et 2020.

Selon les études consultées, en effet, l’environnement culturel du Québec révèle une présence alarmante des VACS. Pour les personnes présentes au Sommet, les VACS font partie du « quotidien », explique Joëlle Bissonnette. “C’est un ensemble d’actions inappropriées, la plupart du - subtiles, insidieuses et récurrentes, qui persistent dans le - et qui sont trop souvent normalisées, alors même qu’elles constituent des actions violentes”, explique-t-il.

Tous les types de VACS sont présents dans la culture québécoise, poursuit le professeur, y compris les agressions sexuelles, les VACS entre partenaires et les VACS au sein des relations de pouvoir.

Les personnes les plus à risque de souffrir du VACS sont celles issues de communautés culturelles minoritaires, en particulier racialisées, autochtones et celles qui ont un handicap, visible/audible ou autre, précise le rapport. « Le caractère alarmant de ces données ne se reflète cependant pas dans les structures de gestion et de reporting du VACS, qui restent inadéquates aux particularités de la diversité culturelle et des capacités », souligne Vanessa Blais-Tremblay.

Les participants au sommet ont également souligné que les témoins du VACS n’interviennent pas, ou très peu, et que ce n’est pas la culture de la région de faire un reportage. « Selon les études consultées, entre 43 % et 92 % des personnes travaillant dans les industries culturelles déclarent avoir été témoins d’incidents de harcèlement sexuel au travail, mais seulement 5 % des agressions sexuelles perpétrées sont signalées, ce qui illustre bien la prépondérance des non-agressions sexuelles. des signalements de personnes parmi les victimes que l’absence d’intervention parmi les témoins», analyse Joëlle Bissonnette. Les chercheurs expliquent le manque d’intervention par le fait que les témoins ont de la difficulté à identifier les VACS, dont la définition n’est pas forcément bien définie, mais aussi qu’ils ne savent pas s’il leur appartient de dénoncer.

Chemins d’action

La deuxième partie du rapport présente plus d’une centaine de pistes d’action. Ils sont regroupés en sept domaines d’intervention potentiels : prendre position, prévenir, plaider, s’exprimer, intervenir, commémorer et développer, évaluer et partager les connaissances. «Ces pistes d’action présentent une série d’initiatives qu’une personne ou un organisme peut choisir de mettre en œuvre, selon son champ d’action, dans le but de créer un climat de travail, d’apprentissage et de loisirs plus harmonieux dans la culture québécoise», explique Vanessa Blais – Tremblay.

La notion de consultation entre les personnes est implicite tout au long du rapport. Il souligne l’importance que la lutte contre la VACS soit menée par les personnes qui en ont été victimes et les dirigeants des organisations culturelles, mais aussi en promouvant et en validant la participation des hommes et des personnes de la diversité sexuelle et de la pluralité de genre. « Comme l’a dit un participant au sommet : ‘Nous réussirons à faire en sorte que quelque chose fonctionne s’il n’y a pas que quelques Braves’ », explique Vanessa Blais-Tremblay.

Quelques jours seulement après le début du procès de neuf femmes qui ont lancé une nouvelle série de poursuites civiles contre Gilbert Rozon, le système judiciaire a-t-il changé en réponse aux changements culturels majeurs qui s’opèrent dans la société québécoise ? demande Vanessa Blais-Tremblay.

«Nos recherches ont montré que le système judiciaire est loin d’être le seul terrain dans lequel la lutte contre les VACS dans la culture doit être menée», note-t-il. Le secteur culturel est particulièrement bien placé pour jouer un rôle clé dans la lutte pour une société sans VACS. Grâce à sa capacité à créer et à diffuser des œuvres de qualité qui font réfléchir et rêver, le secteur culturel peut véritablement émerger. IL porte-drapeau de la lutte contre le VACS au Québec », conclut-il.

 
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