Et cela s’est produit au Québec en 2011, à Saint-Louis-de-Blandford, dans le Centre-du-Québec pour être plus précis.
L’histoire, qui a fait la Une de la presse chez nos voisins du sud, a inspiré le duo d’auteurs américains Brian Donovan et Ed Herro.
Ils en ont fait une comédie dramatique destinée à Prime Video et intitulée Le collant. Car avouez que le sujet est fou.
Je dis « inspiré » : « ce n’est absolument pas la vraie histoire », nous informe-t-on d’emblée. Aucun personnage de la série n’a donc réellement existé.
En plus de jouer un rôle bref mais marquant, Jamie Lee Curtis produit la série, que nous avons voulue québécoise même si la majorité des dialogues sont en anglais.
Un compromis pour compter sur un budget infiniment plus important et embaucher des stars américaines.
Disponible sur Prime Video à partir du 6 décembre, l’œuvre en six épisodes s’articule autour de trois personnages principaux, réunis dans le crime par la force des choses.
Même dépareillés, le trio entreprend de voler des tonnes de sirop d’érable.
Guillaume Cyr incarne l’un d’entre eux, Rémy Bouchard, un agent de sécurité un peu maladroit, qui est injustement humilié et qui va se laisser prendre par son envie de vengeance.
L’acteur québécois, qui n’avait jamais joué en anglais, est ravi de jouer l’un des rôles principaux dans cette comédie noire.
« Depuis que je suis petit, je suis un grand fan de la comédie d’action des années 90. J’ai adoré les duos forts deIndiana Jones 3 et Mourir dur 3qui avait une rhétorique comique. Dans les années 2000, c’est devenu un peu un sous-genre factice [idiot]. Nous avons perdu ce genre de comédie d’action, tellement amusante.
Alors qu’il jouait en anglais pour la première fois, Guillaume Cyr a dû travailler trois fois plus fort, raconte-t-il.
« Je voulais faire appel à un coach linguistique, mais j’en ai été dissuadé : ils voulaient mon accent tel quel. Je travaillais encore beaucoup à la maison pour ne pas m’enliser dans mes lignes. Là où j’ai eu du mal, c’est lorsque les acteurs se sont mis à improviser à la fin des scènes. Je manquais de vocabulaire pour jouer avec eux.
L’acteur n’avait pas n’importe quel partenaire d’acteur : l’Américaine Margo Martindale incarne Ruth Landry, une productrice d’érable en colère contre la Maple Syrup Producers Association, qui lui rend la vie difficile.
J’ai adoré cette actrice à chaque fois que je la voyais, surtout en tant qu’agent du KGB dans Les Américainsmais aussi en tant qu’organisateur démocratique dans Une femme exemplaire.
Le Canadien Chris Diamantopoulos complète le trio en tant que gangster de Boston légèrement raté.
De son côté, Guy Nadon incarne Léonard Gauthier, un homme ignoble et sans cœur, à la tête de l’Association des producteurs acéricoles du Québec.
“C’est un être sans morale, comme il y en a beaucoup dans la vraie vie, qui accèdent à des postes de direction”, dit-il.
Il a vécu des scènes épiques avec Margo Martindale, lorsque Ruth débarque à l’improviste dans le bureau de Leonard pour dénoncer ses odieuses pratiques.
Lecteur assidu de New York TimesGuy Nadon avait beaucoup lu sur ce fait divers.
«Ils ont fait l’actualité avec ça à l’époque et se moquaient de nous parce que c’était du sirop d’érable qui avait été volé.»
L’acteur, qui a grandi dans un milieu où l’anglais était très présent, s’est produit à plusieurs reprises dans cette langue.
Il avoue aussi avoir eu plus de difficulté à jouer en français en Projet Innocenceoù la quantité de textes à apprendre était colossale.
Suzanne Clément hérite du rôle de l’enquêtrice Valérie Nadeau, qui vient enquêter sur une mort suspecte survenant au tout début de la série.
Sans avoir entendu parler de ce fait divers à l’époque, elle salue le choix des scénaristes pour l’avoir abordé avec humour.
« C’est intelligent, drôle et il y a beaucoup d’intensité dans cette série. Ils sont tous sur une corde raide. Le personnage de Chris a l’air de prendre de la coke tout le temps ! » affirme l’actrice, pour qui ce n’est pas son premier rôle en anglais, elle qui a partagé l’écran avec Richard Gere dans Désir.
« Ce sont des héros clownesques et maladroits. C’est toujours amusant, en tant que spectateur, de voir les gens faire des erreurs. Vous savez que ça va mal finir.
— Suzanne Clément
Mickaël Gouin incarne le fils de Léonard Gauthier, son tout premier rôle en anglais.
L’acteur, qui dit ne pas très bien parler la langue, avait même informé ceux qui l’avaient approché de Le collant qu’ils perdaient leur temps.
« Mais ils ont insisté. J’ai décidé d’adopter mon anglais imparfait pour apporter une vulnérabilité supplémentaire à mon personnage.
L’acteur admet que jouer en anglais était très stressant. « J’ai dû lutter contre notre complexe colonisé. »
Pour gagner en confiance, Mickaël Gouin s’est beaucoup appuyé sur ses collègues Margo Martindale et Guy Nadon.
“Même s’ils sont imposants, ils sont très attachés à l’échange et à la générosité et souhaitent que la scène soit la meilleure possible.”
«On a toujours gardé la chaîne des textes depuis un an et demi et on s’écrit chaque semaine», poursuit Guillaume Cyr à propos de ses collègues anglophones.
Son admiration pour Jamie Lee Curtis est palpable.
«C’est une grande dame. Son image publique sur Instagram n’est pas une marque, c’est comme ça qu’elle est dans la vie. Elle payait des camions de baristas à l’équipe et connaissait les noms des techniciens. Une belle rencontre et une masterclass de théâtre.
— Guillaume Cyr
Même s’il comprend qu’on ne pourra jamais avoir les mêmes conditions chez lui, Guillaume Cyr a su profiter pleinement des avantages du tournage à l’américaine, où l’on prend son temps.
Il envie les productions américaines pour le financement privé des œuvres, qui permet plus de liberté sur le contenu, en comparaison avec les séries produites avec l’argent public comme ici.
“Avec le privé, on n’a pas besoin de passer par quatre lavages gouvernementaux avant d’être agréé”, note l’acteur, qui tourne actuellement dans la série Bellefleur.
Le collant les gros mots ne manquent pas non plus. On a émaillé les dialogues d’expressions très québécoises, « voyons ça ! au « de quessé ? », et bien sûr, du bon « tabarnak ! je me sentais bien.
Guillaume Cyr mentirait s’il n’espérait pas que cette expérience lui permettrait de percer sur la scène internationale.
«Je n’aurais pas pu rêver d’une meilleure ouverture. En même temps, avec l’accent que j’ai, je ne peux pas jouer un New-Yorkais demain matin”, répond-il.
Mélanger des acteurs américains et québécois et les faire parler anglais dans une histoire censée se dérouler au Québec était un risque.
Bizarrement, on finit par l’oublier et se lancer dans cette histoire un peu absurde qui ne manque pas de suspense. A tel point qu’on est déçu à la fin de ne pas aller plus en profondeur pour chacun des personnages.
Celui de Suzanne Clément aurait également pu être davantage exploité ; son enquêteur entreprend une sorte de flirt avec la policière locale sans que cette piste soit explorée davantage. Peut-être dans une suite ?
A ce sujet, rien n’est encore confirmé, mais c’est dans les projets des auteurs.
Pour le reste, n’appuyez pas sur « stop » au début du générique de fin ; dans chaque épisode, vous passeriez à côté de la scène cachée qui est là et qui n’a rien d’anodin.
Si vous n’aimez pas les sous-titres, une version doublée en français par les acteurs originaux est également disponible.
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