Les Vulves assassines, « plus un vecteur de propagande qu’un groupe de musique » – .

Les Vulves assassines, « plus un vecteur de propagande qu’un groupe de musique » – .
Les Vulves assassines, « plus un vecteur de propagande qu’un groupe de musique » – .

C’est sans aucune notion de musique, mais avec une forte envie de se battre (contre le harcèlement de rue et plein d’autres choses) que Les Vulves assassines sont nées il y a un peu plus de dix ans. Le groupe, composé de deux « rappeurs hurlants », DJ Conant, MC Vieillard, et d’un guitariste, Samy, se définit comme un groupe « féministe, marxiste, électro, punk, pop, un peu mal fait ». Passée en boucle lors des manifestations de 2023, leur chanson « Retirement » a mis en lumière ce trio qui manie l’humour provocateur comme une arme politique. Dans leur dernier album, Das Kapital (2022), ils parlent d’avortement, de chômage, d’amour et bien sûr de lutte des classes.

Quelle a été votre première démonstration ?

DJ Vieillard Pour DJ Conant et moi, c’étaient les manifestations pour les retraites, contre le Plan Juppé.

C’est aussi le slogan des manifestations de 1995 (« La retraite à 60 ans, on s’est battu pour la gagner, on se battra pour la garder ») que vous remixez dans « Retraite ». Aviez-vous l’intention d’en faire l’hymne des défilés de 2023 ? Qu’est-ce qu’une bonne chanson de catch ?

DJ Conant C’était le but, mais nous ne pensions pas que cela fonctionnerait. Une bonne chanson de combat ne doit pas être ennuyeuse et ne doit pas être moralisatrice.

DJ V [Se met à chanter « L’appel du kominterm, chant révolutionnaire russe] Cela doit donner de l’espoir quand on a envie de rester chez soi. Apporter un petit côté festif à des sujets peu drôles. On a vraiment l’impression d’être le Patrick Sébastien des manifs !

Il y a une bonne dose d’irrévérence dans vos titres (« J’aime la bite, mais pas la tienne »), « Branleur au chômage », « Derick était un nazi ») et dans vos paroles et même dans le nom de votre groupe. Pourquoi ce ton ?

DJ V Les vulves meurtrières proviennent d’un fantasme masculin que nous reprenons avec autodérision.

DJ C Coincé entre moralisme d’un côté et apolitisme de l’autre, on trouve sa place avec le second degré, l’humour, c’est le mode d’expression qui nous convient le mieux, sans perdre de vue que tous les sujets que nous abordons sont importants et proches. à nos cœurs.

Il semble que, contrairement aux années 1980 et 1990, les musiciens qui se disent engagés ou qui s’expriment soient devenus rares aujourd’hui…

DJ C Cette musique existe toujours, mais elle est moins visible. Ce n’est plus aussi bien vu par les médias, les modes ont changé.

DJ V C’est mon côté réactionnaire, mais je trouve qu’on n’a plus une chanson de grande variété qui prend position [pour une cause]comme la Palestine. On n’a plus Renaud, Jean Ferrat. Je crois qu’il est plus confortable de ne pas prendre parti dans ces temps-ci, pour ne pas dire plus.

Nous organisons une réunion déguisée en concert : nous essayons de faire émerger ici et là quelques petites graines d’activisme et de changer bientôt le monde.


Les Assassin Vulvas ont longuement écumé les scènes alternatives et les squats avant de pouvoir trouver un filmeur.

G Bernard

Pourquoi le titre « Das Kapital » pour votre deuxième album ?

DJ V On s’est dit qu’on allait faire une œuvre majeure, donc on a pris le titre d’œuvre majeure et en allemand, ça sonne un peu comme de la musique underground.

DJ V Cela nous a semblé approprié, cet aspect programme politique.

Vous jouez au festival Garorock, propriété jusqu’à son rachat par Vivendi et Vincent Bolloré. Comment naviguez-vous dans l’industrie musicale quand vous avez vos valeurs ?

DJ C D’abord, on ne navigue pas très vite, on est auto-producteur, personne n’a voulu défendre notre album. La seule personne qui nous a permis de devenir professionnels, c’est notre tour manager. Avant, on jouait uniquement dans des squats, des lieux un peu alternatifs. Maintenant, on a conquis le grand public. [sur les scènes mainstream] que c’est le plus simple à jouer, mais c’est là que cela a le plus de sens. Nous nous considérons plus comme un vecteur de propagande que comme un groupe de musique, sinon nous apprendrions nos gammes et nous ne ferions pas que des pentatoniques de base.

DJ V Nous organisons une réunion déguisée en concert : nous essayons de faire émerger ici et là quelques petites graines d’activisme et de changer bientôt le monde.

Je me demande dans quelle mesure un groupe comme le nôtre peut exister lorsque les chiens sont lâchés.

Quel sujet n’avez-vous pas encore exploré ?

DJC Nous travaillons actuellement sur notre prochain album dans lequel nous souhaitons aborder la question de la fascination du monde pour l’extrême droite et sa montée en puissance ici et dans le monde. Le second degré sur ce sujet est un peu compliqué car très concret, mais nous avons trouvé une solution.

DJ V Je me demande dans quelle mesure un groupe comme le nôtre peut exister lorsque les chiens sont lâchés.

DJ C Lors des concerts, il y a toujours des gens qui ne sont pas d’accord avec nous, mais les seules personnes qui nous détestent absolument sont les fascistes. Nous sommes déjà jetés dans la sphère fasciste, c’est incroyablement violent.

 
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