Sortie cinéma : Michel Hazanavicius s’attaque à l’animation

Après avoir abordé la comédie avec « OSS 117 », le film muet avec « The Artist », le biopic historique avec « Le redoutable » et le genre « zombifique » avec « Coupez ! », Michel Hazanavicius revient pour un premier film d’animation consacré au Shoah. Le résultat est un film sympathique, plutôt fluide, qui peine néanmoins à trouver son public.

« La plus précieuse des marchandises » est une adaptation du conte éponyme de Jean-Claude Grumberg. L’histoire nous plonge dans la campagne polonaise des années 1940, où vivent « le pauvre bûcheron » et le « pauvre bûcheron », un couple de paysans miséreux. Leur vie bascule le jour où ils découvrent un bébé sur le bord de la voie ferrée situé non loin de leur masure.

Le bambin, abandonné sain et sauf par ses parents juifs en route vers Auschwitz, est adopté par un « pauvre bûcheron ». Prête à mourir pour défendre cet enfant, elle le protège contre tout, à commencer par son mari, antisémite, et les habitants du village, souhaitant la dénoncer.

«Je voulais faire un film destiné aux enfants, et l’histoire a une valeur pédagogique importante», partage Michel Hazanavicius, lors d’un entretien à la «Tribune de Genève». Il est vrai que par son propos et sa morale, le film choisit soigneusement des mots simples pour aborder ce thème sérieux qu’est la Shoah.

Raconté par la voix de Jean-Louis Trintignant (une de ses dernières apparitions au cinéma avant sa mort en 2022), « La plus précieuse des marchandises » trouve aussi sa profondeur dans la sobriété de ses dessins. « Pour moi, il était essentiel de mettre la main à la pâte, de croquer les personnages et de dessiner certaines scènes », explique le réalisateur.

Pour les enfants ?

Certaines d’entre elles rappellent « Le Cri », d’Edvard Munch, lorsque les visages des morts apparaissent sur l’écran, en silence, pendant plus d’une minute. N’est-ce pas un peu traumatisant pour les enfants de moins de 10 ans ?

« Non », défend Michel Hazanavicius. Les enfants ont toutes sortes de sensibilités différentes, donc ce qui effraie une personne n’en effraiera pas nécessairement une autre. Le film a été projeté devant des dizaines d’enfants qui ne se sont pas plaints.»

Préparez les mouchoirs

Loin de gâcher le film, cette séquence pose quand même le problème principal de l’œuvre. Difficile de comprendre à qui il est destiné. Mine de rien, et c’est rare chez Michel Hazanavicius, on a l’impression qu’il l’a fait avec un bras attaché dans le dos, essayant de toucher un public très jeune tout en essayant de ne pas oublier les adultes.

“Les critiques diront ce qu’ils veulent, de toute façon, ce n’est plus mon problème”, lance amèrement le cinéaste. Qu’à cela ne tienne, en voici un : le film est bon, touchant, et fait preuve d’une grande justesse. Nous restons seulement un peu sur notre faim, regrettant peut-être un manque de prise de risque. Les larmes qui nous viennent lors du final proviennent-elles du sujet du film ou de la manière dont il est traité ? C’est la question.

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