Elle est parfois décrite comme la plus belle montre, cadeau offert par Yoko Ono à John Lennon peu avant son assassinat. La plus haute instance judiciaire suisse a définitivement confirmé, jeudi 14 novembre 2024, que l’artiste et veuve de l’ancien Beatles en était la propriétaire légitime. Le bijou en question est aussi précieux et rare que son histoire est unique et mouvementée.
Il faut remonter au 9 octobre 1980, lors des célébrations du 40e anniversaire de John Lennon. Ce jour-là, Yoko Ono lui offre une Patek Philippe en or jaune, modèle 2499, avec une gravure au dos : “(Tout comme) recommencer Love Yoko 9-10-1980 New York”. Cette montre est un chronographe équipé d’un quantième perpétuel, un mécanisme très complexe que seul le plus prestigieux fabricant genevois est capable d’intégrer dans une montre-bracelet depuis des décennies.
Deux mois plus tard, John Lennon était assassiné par un fou. La montre a ensuite été stockée dans une pièce de l’appartement du Dakota Building à New York, où vivait Yoko Ono, et ce n’est que quelques années plus tard, lorsqu’elle est réapparue à Genève, qu’elle s’est rendu compte qu’elle avait disparu.
En 2023, un tribunal genevois a jugé que la montre avait été confisquée à son chauffeur privé, dont il s’était séparé après une tentative d’extorsion. Après plusieurs vicissitudes, la Patek Philippe a fini par être livrée à une maison de vente aux enchères allemande. C’est ici qu’un collectionneur italien, saisissant le Tribunal fédéral suisse, l’a acquis en 2014 pour 600’000 euros. Il l’a ensuite confié à une maison de vente aux enchères genevoise pour obtenir une estimation. Cette démarche a alors déclenché une bataille juridique entre la veuve de John Lennon et le collectionneur, qui se considérait comme le propriétaire légitime de la montre.
Le Tribunal de première instance puis la Cour de justice du canton de Genève ont donné raison à Yoko Ono, confirmant qu’elle est la seule propriétaire légitime. Le Tribunal fédéral, dans un arrêt publié jeudi, a renforcé cette décision, estimant que la montre ayant été volée, l’appelant ne pouvait légalement en acquérir la propriété. Selon le droit allemand pertinent, la bonne foi de l’acheteur quant à l’origine de l’objet ne joue aucun rôle, ajoute le Tribunal fédéral.
Quant à la position actuelle de la montre, selon la revue en ligne Ville de Gothamc’était en 2023 « sous garde à vue et saisie » par l’avocat du collectionneur, et il y resterait jusqu’à ce que le propriétaire légitime soit définitivement identifié. La montre reviendra alors à Yoko Ono.