Par
Anaelle Montagne
Publié le
1 novembre 2024 à 7h32
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Dans l’amphithéâtre, à première vue, rien ne différencie Hamza des autres élèves. Sauf peut-être pour ses traits tirés et son corps fragilec’est-à-dire le temps passé dans l’enceinte de l’université, de son ouverture à sa fermeture.
A 28 ans, tout juste entamé sa licence professionnelle de chimie à l’université de Bordeaux, le jeune homme est sans adresse fixe. Coincé dans un inextricable cercle administratif lié à son titre de séjour, il vient de passer un mois et demi à dormir à l’aéroport de Mérignac, faute de mieux.
Le début des ennuis
Originaire du Maroc, Hamza est arrivé en France il y a quatre ans, déjà diplômé en chimie. Après un passage à Grenoble, il part étudier la chimie industrielle à Dunkerque et trouve une alternance à Limoges. Pendant des mois, il a fait des allers-retours entre les deux villes.
Mais en 2023, le renouvellement du votre titre de séjour ça finit par planter. « J’avais tout fait dans l’ordre mais la préfecture a mis trop de temps à le renouveler pour la suite de mes études, alors que j’y aurais eu droit », explique-t-il. COMME Je n’avais plus le droit de travailler en attendant. » Ni en alternance, ni ailleurs. Et il ne peut recevoir aucune aide financière de sa famille.
Malgré tout, Hamza décide de partir à Bordeaux pour obtenir une autre licence professionnelle en chimie, spécialisée dans son domaine de prédilection. Il doit être hébergé par un ami qui, deux jours avant le départ, change d’avis.
A son arrivée dans la capitale girondine, le Marocain passe quelques nuits dans un hôtel low-cost. Mais il se rend vite compte qu’il ne peut pas dilapider ainsi son argent : il n’en a pas il n’est toujours pas autorisé à travailler et son budget diminue.
« Un cercle vicieux sans fin »
Le problème est qu’il n’a nulle part où aller. Au Crous, les étudiants étrangers ne sont pas prioritaires en matière de logement. Et pour trouver un logement auprès d’agences ou de propriétaires, Hamza a besoin du sien permis de séjour. Sauf que pour lui remettre le précieux sésame, la préfecture de la Gironde où son cabinet a été transféré lui demande… un certificat d’habitation. «C’est un cercle vicieux sans fin», murmure-t-il.
Pendant ce temps, toujours sans toit, l’étudiant pensait à l’aéroport “parce qu’il fait chaud et qu’il est ouvert la nuit”. Il s’y rend un soir, trouve des fauteuils pour s’allonger. Et il le découvre, au fil de la soirée beaucoup d’autres étudiants dormir comme lui à l’aéroport.
« J’avais le choix entre manger et rester, j’ai choisi de manger »dit-il calmement. Il manque de sommeil, ne mange pas à sa faim mais continue d’aller en cours. Au bout d’un mois et demi, et alors que le maigre budget de Hamza approche de zéro, l’aéroport décide de fermer le salon où il dormait à partir de 23h30.
Récolté au bon moment
Démuni, l’étudiant se tourne vers son seul espoir : l’Auberge nomade, une association qui lutte contre l’isolement étudiant et la précarité dont lui avait parlé une assistante sociale. Le réseau de l’association lui permet hébergé gratuitement pendant deux semaines, mais le locataire finit par lui demander un loyer qu’il ne peut payer sans revenus. Le jeune Marocain, contraint de quitter son domicile, est épuisé.
Je ne mangeais plus, j’ai perdu dix kilos en quelques semaines et j’avais au total quinze euros en poche.
“Il était fou”
L’étudiant avait cependant entendu parler d’un distribution de vêtements et produits d’hygiène organisés par l’Auberge nomade et décide de s’y rendre.
Qu’est-ce que l’auberge nomade ?
L’association a été créée il y a trois ans suite à une initiative lancée sur Wanted community Bordeaux. L’idée originale ? Cuisiner des repas pour les élèves en difficulté. Il a ensuite fallu mettre en place une structure, lancée à la rentrée 2022, pour proposer un accompagnement plus approfondi. L’association se concentre sur un volet solidaire (distributions de produits d’hygiène, de vêtements, etc.), sur la création de lien social (parrainage, activités gratuites) et sur le suivi individuel des bénéficiaires en fonction de leurs besoins.
Katell Robine, présidente de l’association, se souvient parfaitement d’Hamza ce jour-là. “On voyait qu’il était maigre et que ses capacités cognitives étaient altérées, il était décharné, comparé à sa pompe”, explique-t-il.
Katell le trouve immédiatement solutions d’urgence pour Hamza : trois nuits d’hébergement gratuites chez un membre, six autres en auberge de jeunesse grâce à un appel aux dons. Et puis, grâce à l’association Make React, elle a réussi à offrir d’avance à l’étudiant 36 nuits en auberge.
Une manière de donner un peu de répit à Hamza jusqu’à début décembre. Et peut-être, pour obtenir une attestation de logement qui lui permette de le faire anticiper le renouvellement de votre titre de séjour avec la Préfecture. Une fois ce problème résolu, il devra chercher un appartement… et un propriétaire qui accepte sa demande.
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