le protagoniste de la langue créole au Festival Mois Kréyol

le protagoniste de la langue créole au Festival Mois Kréyol
le protagoniste de la langue créole au Festival Mois Kréyol

Le festival des langues et cultures créoles a lieu, pour la huitième année consécutive, dans différentes villes de . Jusqu’au 25 novembre, la manifestation itinérante propose des spectacles, concerts, conférences et ateliers de danse pour mettre en valeur toutes les richesses de l’outre-mer. Rencontre avec la fondatrice du Festival Mois Kréyol, Chantal Loïal, qui espère, une nouvelle fois, capter l’enthousiasme du public.

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Le Festival Mois Kréyol fête ses huit ans cette année, comment le décririez-vous ?

C’est devenu un rendez-vous incontournable pour le public intéressé et attendant, à savoir les Antilles françaises et les artistes programmés. Malgré les difficultés à trouver des financements, nous parvenons à nous insérer dans le calendrier culturel des lieux qui nous programment et des villes qui nous accueillent. Nous sommes plus engagés et déterminés que jamais pour tous les artistes étrangers que nous réunissons. En 2023 nous avons réuni 9 000 personnes autour des 97 propositions artistiques et culturelles, cela démontre l’intérêt du public à se nourrir de toutes les cultures créoles.

Quelles étaient vos intentions en 2017 lors de la première édition ?

Je souhaitais surtout mettre en valeur la culture créole et métissée, qui manquait cruellement de visibilité. J’avais plutôt en tête de proposer un “instant créole”, le temps d’un week-end, ce n’était pas du tout pensé comme un festival… Je l’avais déjà autour de moi, grâce à ma société Difé Kako1un vivier de personnes qui pourraient lancer la start-up : musiciens, danseurs, artistes… Mon idée était de créer un lien triangulaire entre la France, l’Afrique et les Antilles et de donner une place plus juste aux artistes d’outre-mer, peu présents dans le paysage culturel hexagonal. Au fil des années la programmation est devenue de plus en plus riche et éclectique, avec des artistes engagés et reconnus, d’autres émergents et quelques amateurs. Tous sont animés par la même passion et la même envie de participer à la protection du patrimoine immatériel créole. Le festival est assez unique à l’échelle nationale en raison de son caractère itinérant. En moyenne, 20 villes et 40 sites partenaires nous reçoivent.

Le mois d’octobre n’a pas été choisi par hasard puisque le 28 est la Journée Internationale du Créole. Quelle place a-t-il dans la culture française ?

Il a une place considérable et j’aime dire que nous avons un sixième Dom (département d’outre-mer) en France. Une grande partie de la population antillaise, et plus généralement outre-mer, vit en France et le créole est une manière d’affirmer son identité. C’est à l’image des Bretons ou des Basques qui sont fortement attachés à leur territoire régional. Pour nous qui avons été opprimés ou soufferts, la langue créole fait aussi partie de la résistance, de la résilience, au même titre que la musique ou la danse.

La huitième édition rend hommage à Maryse Condé et au Gwoka, deux « monuments » de Guadeloupe. Expliquez-nous ce choix…

Maryse Condé est notre marraine depuis quatre ans et il était évident de lui rendre hommage cette année2. Aujourd’hui, ses filles la représentent. Quant au Gwoka, nous entrons cette année dans le dixième anniversaire de l’inscription de l’UNESCO au patrimoine immatériel de l’humanité (inscrit le 26 novembre 2014, ndlr). Le Gwoka, c’est notre héritage africain, ce sont les rythmes du « Ka » (tambour, ndlr) que tout Guadeloupéen connaît et qui nous accompagne au quotidien : dans certains rituels pour les défunts, dans les manifestations politiques ou sociales, dans les carnavals. .. Elle est pratiquée par des milliers de personnes et ces danses aux tambours résonnent bien au-delà des Antilles. C’est cet esprit de fête que nous souhaitons présenter au public. D’où le thème de cette année : naître là où bat notre cœur.

Plus de 120 événements artistiques et culturels sont programmés jusqu’au 25 novembre, qui seront les incontournables3 ?

C’est difficile de choisir mais nous avons ce fil conducteur autour du Gwoka. Nous avons la chance d’accueillir Marie-Héléna Laumuno, chercheuse guadeloupéenne, passionnée par l’histoire du Gwoka. Il viendra spécialement nous présenter son travail Gwoka et décolonisation. Seront présents les danseurs Max Diakok et Léna Blou, qui a consacré sa carrière au Gwoka, et pour qui l’histoire coloniale et esclavagiste est à l’origine d’une manière de mouvoir le corps. Julien Coriatt et Arnaud Dolmen marqueront la scène musicale.

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Pour un public qui connaît peu ou pas du tout la culture créole, que recommanderiez-vous ?

Il a la possibilité de participer à des ateliers culinaires à Paris, Nantes ou Toulouse, à des cours de danse au conservatoire Maurice Ravel (Paris, 13), à des cours de créole ou encore se laisser emporter par une balade commémorative au son du bouladjel. . (sons de percussions émis exclusivement par la bouche, ndlr). Ce sont des événements qui permettent de s’immerger pleinement. A Nantes, Bordeaux ou La Rochelle, nous invitons le public à découvrir l’histoire du commerce, l’histoire de ces ports construits selon le commerce triangulaire.

Depuis vos débuts vous œuvrez pour une plus grande diversité dans la danse contemporaine, où en sommes-nous aujourd’hui ?

En matière de diversité, il y a toujours un chemin à suivre… Parfois on a l’impression d’avoir gagné et puis on revient en arrière. Depuis la création de Difé Kako, nous avons réalisé un réel travail pour améliorer l’assemblage. Nous cassons les codes pour donner plus de place aux artistes étrangers, leur donner plus de visibilité.

On vous voit souvent porter un maré tet (écharpe), est-ce une référence à votre Guadeloupe natale ?

Oui, j’y suis très attaché, c’est là que je suis né, à Pointe-à-Pitre. Et je trouve aussi que ça me va bien (rires). Ce foulard fait partie de notre culture, de notre identité créole, il est à la fois un objet de tradition et de modernité.

Le festival fera également escale en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane à partir de janvier 2025…

Oui, parce que nous essayons de porter ces mêmes projets outre-Atlantique et d’en introduire d’autres. Mon idée, dans ces territoires d’outre-mer, est de créer des carrefours, des ponts culturels avec des projets qui viennent d’ailleurs pour les faire connaître, les partager. Il rapproche Mayotte et la Réunion des Antilles-Guyane et vice versa. Créer et entretenir un lien culturel entre tous ces territoires est l’un des principaux enjeux du festival.

1 Compagnie de danse, créée en 1995 par Chantal Loïal, inspirée des cultures africaines et antillaises.

2 Guadeloupéenne, journaliste et écrivaine, Maryse Condé est décédée le 2 avril 2024.

3 La programmation complète du festival est disponible sur le site https://lemoiskreyol.fr

 
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