Grande-Bretagne | Prison pour avoir arrosé de soupe un tableau de Van Gogh

L’imposition de peines de prison de 22 mois et 2 ans à de jeunes militants écologistes qui ont jeté de la soupe sur un célèbre tableau de Van Gogh reflète un changement répressif majeur en Grande-Bretagne qui se retrouve dans de nombreux pays occidentaux.


Publié à 1h37

Mis à jour à 7h00

« Ces phrases sont ridicules. C’est le résultat de la réaction excessive des élus et des juges face aux perturbations provoquées par des militants qui cherchent, par des actions spectaculaires, à attirer l’attention sur la catastrophe climatique en cours », note Brad Adams, qui dirige Climate Rights International.

Dans le cas en question, le tableau des séries de Tournesolspeint en 1888, n’a subi aucun dommage significatif, étant protégé par une vitre, ce que les militants savaient.

Le magistrat chargé de l’affaire a néanmoins souligné, en prononçant sa sentence il y a une semaine, qu’ils étaient passés “à une fenêtre près” de la destruction du tableau. Il a ajouté que leur action était « extrême, disproportionnée et criminellement idiote ».

Phoebe Plummer, l’une des militantes de l’organisation Just Stop Oil responsables de l’action de 2022 à Londres, a plaidé, sans succès, qu’elle avait voulu « perturber pacifiquement » un système « injuste » et « meurtrier ». alimentant le réchauffement climatique en cours.

M. Adams note que le gouvernement anglais a adopté ces dernières années des lois qui limitent le droit de manifester et facilitent la répression des actes de désobéissance civile liés à la crise.

Ils donnent, a-t-il dit, une grande latitude aux magistrats, permettant d’imposer des sanctions sévères qui visent à décourager toute forme de récidive ou d’imitation.

« Ils veulent faire peur, mais ça ne marchera pas. Le problème posé par le réchauffement climatique est trop grand, les gens continueront à manifester pour exiger que les gouvernements agissent », déclare M. Adams.

Actes similaires

Trois autres militants de Just Stop Oil ont illustré la situation en reproduisant le geste des deux militants condamnés le jour même de l’annonce de leur condamnation.

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PHOTO FOURNIE PAR JUST STOP OIL, ARCHIVES DE L’AGENCE FRANCE-PRESSE

Trois militants écologistes de Just Stop Oil ont pulvérisé deux tableaux de Van Gogh le 27 septembre, en soutien aux militants accusés du même acte perpétré en 2022.

D’autres écologistes ont fait face à la colère des tribunaux ces dernières années pour des actions similaires.

Aux États-Unis, deux militants écologistes qui ont pulvérisé de la peinture sur la vitrine protégeant une sculpture de la National Gallery of Art de Washington ont fait face à de graves accusations criminelles.

Joanna Smith a été condamnée en avril à 60 jours de prison, 24 mois de probation et 150 heures de travaux d’intérêt général. Elle ne peut pas aller à Washington avant deux ans.

La réalisatrice Anaïs Barbeau-Lavalette, militante au sein de l’organisation Mères au Front, estime que la peine infligée aux deux militantes de Just Stop Oil semble « dramatiquement sévère » et « complètement en décalage » par rapport à la gravité du climat. crise. qu’ils voulaient dénoncer.

Plutôt que de s’attaquer au problème de fond, trop de commentateurs se sont limités à dénoncer ce geste qui, selon elle, s’inscrit dans une longue lignée d’actes de protestation sociale centrés sur l’art.

“Attirer l’attention”

Dans la vie de tous les jours Le Gardienl’une des fondatrices du groupe Pussy Riot, Nadejda Tolokonnikova, a pris la défense des deux militants de Just Stop Oil, soulignant que Van Gogh lui-même aurait sans doute accueilli favorablement l’utilisation de son art pour “soulever des questions inconfortables”.

Leur acte était une déclaration politique soigneusement calibrée, et non l’œuvre de vandales insensés.

Nadejda Tolokonnikova, membre fondatrice des Pussy Riot, déplorant le « mépris » et la « cruauté » envers les militants condamnés de Just Stop Oil

Louis Ramirez, un militant écologiste d’origine française qui a expérimenté différentes stratégies de mobilisation, trouve « atroce » que deux jeunes militants soient contraints de purger des peines de prison pour leurs actions.

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PHOTO ISABEL INFANTES, ARCHIVES REUTERS

Manifestation écologiste organisée le 27 septembre à Londres en soutien aux militants accusés d’avoir saupoudré de soupe sur un tableau de Van Gogh en 2022.

Ce type d’« action de choc », dit-il, vise à inciter les gens à se sentir incités à prendre position et à s’impliquer. Les enquêtes réalisées pour évaluer l’impact de cette approche suggèrent cependant qu’elle ne produit pas le résultat escompté.

Mmoi Barbeau-Lavalette estime que « toutes les manières d’attirer l’attention » sur la gravité de la crise environnementale sont valables à l’heure où « tout le monde fait l’autruche ».

« Vous avez besoin d’une diversité de stratégies et je n’en annulerais aucune. Je pense que ce que ces jeunes femmes ont fait est courageux, bien plus que des critiques et de l’apathie », conclut-elle.

 
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