La violoniste Lisa Batiashvili triomphe dans Tchaïkovski à la Philharmonie de Paris

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La violoniste Lisa Batiashvili à la Philharmonie de Paris, le 12 septembre 2024. GIL LEFAUCONNIER

Le 11 septembre dernier, la Philharmonie accueillait le concert de rentrée de l'Orchestre de Paris devant une salle comble. Depuis ses débuts en 2021, l'effet Klaus Mäkelä, qui entame sa quatrième saison à la direction musicale de l'orchestre symphonique parisien, n'a cessé de croître et de se multiplier. La faveur du public est d'autant plus grande que le mandat du maestro s'achève en 2027, année où le jeune trentenaire, nommé concomitamment à la tête de deux des plus prestigieux ensembles du monde, le Royal Concertgebouw Orchestra d'Amsterdam et le Chicago Symphony Orchestra, prendra son envol à l'international.

La soirée a débuté de manière assez inhabituelle avec la Louez le Seigneur, du compositeur letton Peteris Vasks (né en 1946). Une œuvre concentrée, empreinte de douleur et de sérénité, qui met particulièrement en valeur les atouts vocaux du Chœur de l'Orchestre de Paris, désormais dirigé par le chef britannique Richard Wilberforce, en poste depuis 2023. Alternant entre parties orchestrales, expressives et solennelles, et longues et périlleuses étendues a cappella : l'homogénéité des timbres et la justesse de l'intonation flirtent avec la perfection. “Alléluia” conclusive réunira enfin voix et instruments.

Jeu du feu follet

Mais c'est vers Lisa Batiashvili que tous les regards se tournent. D'autant que la violoniste géorgienne interprète l'un des tubes du répertoire, le Concerto pour violon, de Tchaïkovski. L’Orchestre de Paris a lancé les mesures introductives qui offrent au musicien un premier aperçu du thème chanté du premier mouvement. Le son est clair et fruité, la technique absolue, dont les coups d’archet subtils façonnent un discours musical inventif et sans cesse renouvelé.

Loin des violonistes qui chargent la barque Tchaïkovski d’un romantisme poisseux, trop chargé de gras et de sucre (Nutri-score G), Batiashvili insuffle à la musique une grâce singulière, dont la force expressive et l’infinie délicatesse n’empêchent ni le coup d’archet au corps à corps ni les poussées d’adrénaline dans le vertige des notes aiguës. Soutenue par la direction souple mais corsée de Mäkelä, elle déploie un jeu feutré qui force l’admiration jusqu’à l’émerveillement devant une cadence – cet instant où l’orchestre se tait pour laisser place au soliste – d’une beauté époustouflante.

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Après la rêverie élégiaque d’une magnifique « Canzonetta » jouée sur le fil, où Batiashvili se risque à quelques portamentos légers à la manière tzigane, le final survolté d’un « Allegro vivacissimo » rhapsodique. Le musicien déploie une liberté de ton sauvage, feu d’artifice d’un jeu à la fois ludique et nerveux, sauvage et lumineux, donnant définitivement tort au grand violoniste Leopold Auer (1845-1930), dédicataire résigné de l’œuvre (finalement créée en 1878 par Adolph Brodsky), qu’il avait déclarée injouable.

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