La nuit, tous les chats sont gris. Cet adage bien connu signifie que la nuit, les différences ont tendance à disparaître. En d’autres termes, sans lumière, tout est pareil. Un constat désormais inscrit dans la loi : trop de cyclistes et de scooters (oui, inventons un mot) conduire sans éclairage la nuit. Et pour rappel, en hiver, cela tombe vers 16h30
Dans l’aviation, les pilotes ont l’obligation d’être visibles des autres, mais aussi de les voir. Cela semble évident en théorie et, en pratique, c’est même parfois inné. La preuve avec le contact visuel, qui permet de communiquer certaines informations comme « vas-y » ou « je t’ai vu ». S’assurer que vous êtes perçu par les autres est la première et cruciale étape. Pourtant, sur la route, cela semble facultatif. Vient ensuite l’éclairage, qui sert à voir. Sur une trottinette électrique, notamment sur les modèles bas de gamme dotés de petites roues, le moindre nid-de-poule peut entraîner une chute.
Des nuits meurtrières
Selon l’étude Cofacy (toujours en cours), cité dans le rapport 2023 de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), 60% des accidents de vélo ont un facteur de visibilité.
Sur la période 2021-2023, en milieu urbain, 301 personnes ont perdu la vie en faisant du vélodont 62 la nuit, soit une part nocturne de 21%.
Un EDPM, 79 personnes ont perdu la viene le faites pas 49 la nuitsoit une part de 51%. Hors zone urbaine, la part des usagers du vélo tués la nuit s’élève à 17% (soit 65 sur 391 tués) et celle des usagers de l’EDPM à 79% (soit 19 sur 24 tués).
Enfin, sur la même période, 146 personnes tuées à vélo en dehors des zones urbainessur les 167 pour lesquels des informations sont connues, ne portaient pas de gilets réfléchissants. De même, 19 personnes tuées à l’EDPM hors zone urbaine sur les 20 pour lesquelles l’information est connue ne portaient pas de gilets réfléchissants.
Plus un oubli qu’une volonté de ne pas être visible
Afin de comprendre le pourquoi du comment, nous avons demandé à ces utilisateurs les raisons d’un tel manque d’éclairage :
- Un utilisateur de scooter, un Xiaomi Electric Scooter 4 Pro Gen II (qui vient de sortir et coûte environ 550 euros), a répondu qu’il ne savait pas comment allumer le phare. Cependant, une simple pression sur le bouton de démarrage l’active.
- Un utilisateur de scooter pensait que le phare était allumé et n’y prêtait pas attention.
- Un cycliste nous a expliqué que la ville avait toujours ses lumières éteintes, que c’était à la ville d’allumer ses lampadaires, car un phare de vélo coûte cher. C’est donc elle qui l’a mis en danger. Soit.
- Une cycliste, bien que portant un casque, nous a expliqué qu’elle voyait très bien sans lumière. Lorsqu’on lui a fait remarquer qu’il n’était pas visible par les autres usagers (piétons, automobilistes, bus), elle a confié qu’elle n’y avait pas pensé.
- Enfin, un utilisateur de scooter nous a confié vouloir économiser la batterie. Nous lui avons expliqué que les 0,3 Wh de consommation de son phare ne représentaient rien des 540 Wh de capacité de sa batterie. Il semblait d’accord, mais préféra continuer sans l’allumer.
Ainsi, le décret n°2024-1074, publié au Journal officiel du 29 novembre 2024, a introduit dans le Code de la route plusieurs mesures visant à renforcer la visibilité des cyclistes et des conducteurs d’EDPM, en leur permettant d’équiper les vélos ou trottinettes électriques d’éclairages, de feux et de dispositifs rétroréfléchissants en plus de ceux déjà obligatoires.
Soyez vu d’abord, voyez plus tard
Si la loi n’impose pas l’installation d’un dispositif pour éclairer la route, elle impose aux usagers d’être vus.
A vélo ou en EDPM, sont obligatoires :
- Un feu de position avant ou arrière supplémentaire : blanc au recto, rouge au verso, non clignotant ;
- Un feu stop : rouge à l’envers ;
- Réflecteurs à l’avant, à l’arrière, sur les roues et sur les côtés ;
- Un gilet réfléchissant (hors zone urbaine uniquement).
Notez que ces voyants ne doivent pas clignoter, car cela gênerait les autres utilisateurs. Ces dispositifs sont malheureusement trop répandus et sont même devenus une tendance chez les motards.
Équipement facultatif mais utile
Depuis 2023, les scooters électriques sont équipés de clignotants. Certains disposent même d’un mode « feux de détresse ». Il en va de même pour le feu stop, présent depuis plus d’une décennie sur ces machines. En 2025, des feux diurnes feront également leur apparition sur certains modèles.
Concernant les vélos, l’idéal est d’avoir éclairage à large spectre. Le réglage s’effectue la nuit, en ajustant l’orientation vers le bas pour deux raisons. D’abord parce que vers le haut, une grande partie du spectre sera perdue et n’éclairera plus du tout la route. Ensuite, il éblouit les autres usagers, créant des situations dangereuses, y compris pour le cycliste.
Les feux stop et clignotants sont rares sur un vélo. Pour les premiers, ce serait un vrai plus, notamment en termes de trafic, auprès des autres utilisateurs. Pour ces derniers, il y a le bras qui indique la direction, mais cela implique de retirer une des mains du guidon.
Certains véhicules équipés de série
Il y a cependant certaines machines équipées d’un éclairage standard. C’est le cas de scooters électriquesqui sont légalement obligé d’intégrer un phare et un feu arrière. Le le feu stop n’est pas obligatoire mais recommandé et équipe tous les modèles du marché.
LE Les vélos quant à eux doivent être vendus avec un éclairage avant et arrièreen plus de catadioptres. Souvent, ces luminaires bas de gamme et fragiles ne sont là que pour être vus. Or les vélos à assistance électrique sont souvent équipés d’un véritable phare. Les VTC (vélos tout chemin) et autres pendulaires (vélos à usage urbain) proposent des phares alimentés par la batterie. Mieux, pour la majorité des modèles vendus, le phare peut rester allumé alors que la batterie n’a plus assez de jus pour alimenter le moteur.