pourquoi la menace augmente

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pourquoi la menace augmente

LLa poussée virale qui touche les Etats-Unis depuis 2020 inquiète chaque semaine un peu plus les scientifiques. Pourtant, le virus H5N1 parcourt le monde depuis près de trente ans. Avec des infections massives dans les élevages de volailles et des cas humains sporadiques, le spectre d’une pandémie surgit même régulièrement dans le viseur des autorités sanitaires mondiales.

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« Ce virus inquiète les experts depuis qu’il a été découvert chez l’homme. C’était à Hong Kong en 1997», explique le professeur Antoine Flahault, épidémiologiste, directeur de l’Institut de santé globale de Genève. Durant toutes ces années, plusieurs centaines de cas humains, dont certains mortels, ont été enregistrés principalement en Asie. Tous ces patients ont été contaminés par contact avec un animal. Depuis un an, l’inquiétude grandit néanmoins autour du profil inédit du virus circulant sur le territoire américain, renforcée ce mercredi 18 décembre par l’annonce d’un premier patient dans un ” tombe “ en Louisiane, tandis que la Californie a déclaré l’état d’urgence. Explications en six points.

Les mammifères sont plus facilement touchés

Pour la première fois, le virus de la grippe aviaire infecte des vaches laitières. « L’intensité et l’accélération de l’épizootie bovine nord-américaine actuelle ainsi que la proximité de ces élevages avec l’homme renforcent le niveau d’inquiétude quant au risque de transmission de ce virus aviaire au sein de l’espèce humaine », souligne Antoine Flahault. Les autorités américaines ont recensé au total plus de huit cent quarante troupeaux infectés dans seize États avec une progression très rapide ces dernières semaines, ce qui a poussé le gouverneur de Californie Gavin Newsom à décréter l’état d’urgence ce mercredi.

En octobre 2024, une mutation facilitant la réplication virale chez les mammifères a été identifiée chez un virus provenant d’un ouvrier agricole infecté par son troupeau de bovins. Visons, phoques ou encore otaries… Au total, près d’une trentaine d’espèces de mammifères terrestres et marins ont été touchées.

« Ce virus H5N1 circule déjà largement à travers le monde dans l’avifaune sauvage. Il y a même eu une très forte « panzootie » [pandémie chez l’animal, NDLR] décimant notamment les colonies d’oiseaux marins et affectant également les mammifères, les visons d’élevage en Espagne, les otaries sauvages en Amérique du Sud. En revanche, les vaches laitières restent encore aujourd’hui une particularité purement nord-américaine», poursuit le spécialiste.

Les autorités sanitaires américaines n’ont pas réagi assez tôt

Il court, il court le virus. Depuis près d’un an, de nombreuses critiques s’élèvent aux Etats-Unis et dans le monde contre le manque de réactivité de l’administration. Les systèmes de surveillance du secteur laitier se sont révélés largement défaillants, contribuant à la propagation du virus dans les exploitations agricoles en transportant des animaux vers des États encore indemnes du virus. « Les travailleurs du secteur n’ont pas été systématiquement testés, les séquences génétiques des virus prélevés n’ont pas toujours été réalisées ni partagées. Les intérêts de l’industrie laitière ont été priorisés au prix d’une mise en danger de la santé publique », déplore Antoine Flahault.

Des cas humains qui intriguent les médecins

Selon le dernier décompte disponible, plus de 60 cas humains ont été signalés aux États-Unis, sans qu’aucune transmission interhumaine n’ait été identifiée. Mercredi 18 décembre, les autorités américaines ont communiqué sur un premier cas « grave » en Louisiane. « A ma connaissance, on ne connaît pas leur mode précis de contamination, mais il est souvent difficile de retracer l’origine d’une contamination virale. On l’a vu pour le Covid, c’est souvent pareil pour la grippe, notamment le H5N1. En tout cas, aucune chaîne de transmission interhumaine n’a été trouvée. La contamination de certains cas, comme les jeunes Canadiens, est très probablement due à un contact avec un oiseau vivant infecté ou éventuellement avec un mammifère vivant infecté », explique Antoine Flahault.

A LIRE AUSSI États-Unis : premier cas de grippe aviaire détecté sans contact animalL’autre alerte qui inquiète les médecins date de novembre 2024, lorsqu’un élevage porcin a été touché. L’apparition de la grippe aviaire chez le porc – déjà documentée lors de précédentes épizooties – augmente les risques d’émergence d’un virus adapté à l’homme. En effet, les cellules du système respiratoire du porc ont la particularité de posséder des récepteurs aussi bien adaptés aux virus des mammifères, dont l’homme, qu’aux virus des oiseaux.

L’infection simultanée des porcs d’élevage par le virus H5N1 circulant chez les vaches américaines et par celui de la grippe saisonnière humaine circulant cet hiver multiplie les opportunités d’échanges génétiques entre les deux pathogènes. La crainte est donc de voir émerger un nouveau virus grippal potentiellement très contagieux et dangereux pour l’espèce humaine. Comme il n’y a pas eu d’épidémie de grippe humaine à virus grippal de sous-type H5, l’immunité de la population serait complètement naïve face à un tel virus.

Les dernières souches analysées font craindre une adaptation à l’homme

Le 5 décembre, une étude publiée dans la revue Science indique qu’une seule mutation génétique « suffirait à provoquer [le H5N1] de la spécificité aviaire à la spécificité humaine ». Selon cette étude, « l’apparition de cette unique mutation pourrait être un indicateur d’un risque de pandémie ». « Au total, il faudrait encore quelques ultimes mutations dans le génome du virus H5N1 pour qu’il provoque véritablement une épidémie », précise Antoine Flahault. Ils peuvent ne pas se produire rapidement, voire ne jamais se produire. Tout l’enjeu est de ralentir au maximum le processus qui conduirait à favoriser ces mutations.

« L’un d’eux concerne une enzyme du virus appelée polymérase et qui permettrait la réplication du virus dans les cellules humaines ; cela pourrait se produire à assez court terme», craint le scientifique. Les deux autres concernent l’hémagglutinine. L’un permettrait au virus de se fixer sur le récepteur de surface du virus et l’autre permettrait au virus de résister dans un environnement aérosol plus acide que celui dans lequel il évolue actuellement. « Sans cette dernière mutation, une transmission respiratoire efficace de la grippe H5N1 ne peut avoir lieu, limitant considérablement le potentiel épidémique, voire pandémique, du virus. Mais concernant cette dernière mutation, on en est encore loin semble-t-il, ce qui nous laisse un - précieux pour agir », prévient Antoine Flahault.

Pourquoi le lait cru est-il incriminé ?

Une étude publiée dans Nature en octobre 2024 a montré que depuis le début de l’épizootie aux Etats-Unis, la contamination des bovins entre eux semble principalement liée au lait contaminé. On pense que le virus se transmet en passant du matériel de traite d’un animal à un autre. « La voie habituelle de contamination du virus de la grippe est respiratoire et non digestive ; de plus, l’épizootie chez les vaches laitières due au H5N1 n’a été observée qu’au cours de la dernière année en Amérique du Nord. Cependant, la transmission entre ces vaches semble s’effectuer via des machines à traire mal désinfectées et non par voie respiratoire ou digestive. De plus, les vaches contaminées souffrent de mammites, c’est-à-dire d’infections de leurs mamelles, et non de leurs poumons », explique Antoine Flahault, qui souligne qu’« il n’y a « aucun risque connu ». à ce jour en Europe » avec du lait cru.


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La vaccination sera-t-elle rapidement disponible ?

En cas de pandémie, la situation serait bien différente de celle vécue avec le Covid-19. « Nous avons déjà des vaccins contre le virus H5N1 qui circulent aux États-Unis grâce à la technologie de l’ARN messager. Et depuis la pandémie, nous avons même toutes les infrastructures pour le fabriquer en masse et le déployer rapidement si nécessaire », rassure Antoine Flahault qui conclut : « Personne ne sait le jour ou l’heure où on pourrait en avoir besoin et même si on en aura besoin un jour ou l’autre. jour. »

 
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