Un nouveau monde | Le Pharmacien de France – .

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Même si elles maintiennent des niveaux honorables, la marge et la rentabilité des pharmacies ont sensiblement baissé l’an dernier et sont loin de compenser le rythme inflationniste. La lecture des bilans 2023, qui ne devrait plus tarder, permettra, selon les acteurs du marché des transactions, de faire définitivement ressortir le point sur les éléments à retraiter dans le calcul des prix de transfert. Ce que les vendeurs ont longtemps refusé de faire, tant que l’évaluation de leur entreprise reposait sur des éléments d’appréciation en leur faveur. « La bonne rentabilité des pharmacies en 2021 et 2022 a incité les vendeurs à être fermes sur les prix »rappelle Michel Watrelos, expert-comptable du cabinet Conseils et Auditeurs Associés. « En 2022, certains vendeurs ont refusé de retraiter dans le calcul de leur prix de vente, le chiffre d’affaires (CA) généré par les tests réalisés dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, alors même que cela est indispensable pour ne pas exposer trop l’acheteur. un grand risque, et lui permettre d’obtenir un accord de financement bancaire »se souvient Maxime Camilleri, comptable du cabinet Audéfi (réseau CGP).
Par l’enseignement, les comptables, aux côtés des professionnels des transactions et des banquiers, parviennent à faire évoluer les mentalités et à imposer de nouvelles méthodes d’évaluation des fonds des pharmacies, même si tout n’est pas simple.
« Le marché des transactions s’adapte aux changements de paradigme en abandonnant la référence ancestrale au chiffre d’affaires pour un coefficient d’excédent brut d’exploitation (EBE) retraité, mais cette approche reste compliquée pour de nombreux acteurs », abonde Olivier Delétoille, comptable du cabinet AdequA. Sur le retraitement du chiffre d’affaires et de la marge Covid, le débat semble clos. Avec le retour à la « normale », l’activité à TVA 0 % ne représente désormais plus que 2,45 % de la marge (Source : cabinet AdequA). « Sans disparaître totalement du paysage, le poids de l’activité Covid est totalement neutralisé dans l’EBE »indique-t-il.
En revanche, il n’y a pas de consensus sur la manière de traiter la question des produits chers et il est probable que l’appréhension de ce chiffre d’affaires qui ne génère pas de marge constituera une difficulté durable dans les négociations.
Par exemple, François Gillot, comptable du cabinet CAAG, valorise un fonds en retraitant le chiffre d’affaires des médicaments onéreux à partir de 150 euros PFHT, mais pas en totalité. « On peut considérer que leurs ventes représentent entre 32 % et 35 % du chiffre d’affaires HT des médicaments remboursables.il explique. Si dans l’analyse du chiffre d’affaires d’une pharmacie, la part des médicaments chers dépasse cette part « normative », il apparaît cohérent d’exclure du chiffre d’affaires de référence la part supérieure à cette moyenne. » Une démarche qui rejoint Jérôme Capon, directeur du réseau Interfimo : « Valoriser ce chiffre d’affaires à zéro serait une aberration, il faut tenir compte d’une certaine récurrence de ce dernier. » Autre méthode assez similaire utilisée par Michel Watrelos : « Je n’ajuste le chiffre d’affaires et la marge que pour les médicaments très chers (à partir de 1 930 euros HT), ce qui permet d’établir un taux de marge de 27 %/28 % pour une pharmacie traditionnelle. »

Des tarifs qui pénalisent le vendeur

La hausse des taux a porté un coup dur à la capacité de remboursement des acquéreurs et au niveau de leur apport personnel. « Pour 1 million d’euros emprunté au taux de 1% sur 12 ans en 2022, les mensualités sont de 7 372 euros, soit des rentes de 88 464 euros. En 2023, avec un taux de 4 % sur 12 ans, pour avoir la même mensualité (ou rente), le montant à emprunter doit être de 842 000 euros, soit une réduction de 15,8 % du montant initialement emprunté.explique Bastien Legrand, comptable du cabinet FCC (réseau CGP). « Ce surcoût devrait logiquement se refléter dans la valorisation du fonds. Il représente l’effort de dépréciation du vendeur sur son prix.estime Olivier Delétoille.
Une hausse des taux d’intérêt ne peut pas aller de pair avec des prix d’acquisition supérieurs à leur valeur économique. « Un prix supérieur à la capacité de remboursement de l’officine (mesurée par l’EBE) sera financé par une rémunération moindre du titulaire et/ou un apport personnel complémentaire », insiste Nicolas Trikian, comptable du cabinet C2C (réseau CGP), tout en excluant l’allongement du crédit de 12 à 15 ans. Basée en région Paca, elle constate une augmentation de l’apport personnel des acquéreurs, en moyenne, à 20% du prix de vente en 2023 contre 16% en 2022. « Ce ratio a augmenté en Paca, car les prix de transfert sont souvent supérieurs à la valeur économique des pharmacies »il explique.

Baisse du taux de marge : les prévisionnistes doivent s’y habituer !

Les banques deviennent plus vigilantes quant aux prévisions d’exploitation des candidats à l’installation. Avec l’augmentation des coûts de fonctionnement et le retrait des marges Covid, les EBE s’affaiblissent dans une période où elles devraient au contraire se consolider pour pouvoir faire face à la hausse des taux d’intérêt et de l’inflation.
La croissance exponentielle de la part détenue par les médicaments onéreux dans le chiffre d’affaires brouille la lecture de l’EBE et ne facilite pas les prévisions de reprise. « L’évolution du taux de marge global doit être analysée avec prudence, car les produits chers perturbent les comparaisons entre pharmacies et d’une année sur l’autre »livre Olivier Delétoille. « Il faut être vigilant à l’approche des chiffres, sans se laisser aveugler par le potentiel de l’officine. Penser que le taux de marge dans la prévision de reprise pourra dépasser 26% est illusoire”prévient François Gillot.

Utilisation appropriée des boosters d’apport

L’acheteur doit également faire preuve de sagesse en utilisant des boosters d’apport. « Un booster vise à compenser une faible cotisation mais n’a pas vocation à verser une prime », précise Nicolas Trikian. Un avis partagé par François Gillot : « Un booster de cotisation doit être maintenu dans des conditions normatives, par conséquent, il ne doit pas être détourné de sa vocation première et transformé en booster de prix. » Enfin, quoi qu’il arrive, le booster de cotisation ne doit jamais servir à réduire l’emprunt bancaire, dans le cas où un dossier avec un taux de financement de 100% serait rejeté par la banque.

Interroger le SPFPL

En cas de rachat d’actions SEL, la création d’une société unipersonnelle de participation financière pour professions libérales (SPFPL) pourrait être privilégiée, en raison de la fiscalité attractive du régime « mère/fille », et a fortiori du régime « mère/fille ». d’intégration fiscale. Le principe qui prévalait jusqu’alors était « à chacun son goût ». « Un SPFPL unipersonnel s’adapte mieux aux changements ou incidents de la vie professionnelle et laisse beaucoup de liberté au pharmacien », explique Olivier Delétoille. Mais depuis la hausse des taux d’intérêt, ce principe est parfois mis à mal dans un souci d’optimisation fiscale. En effet, en cas de rachat par plusieurs associés, chacun au travers d’une SPFPL unipersonnelle participant chacun à moins de 95% du capital de la SEL, les charges financières et frais d’acquisition ne seront pas déductibles des bénéfices d’exploitation de la SEL. . sel. D’où la tentation de constituer une SPFPL commune à tous les associés, détenant au moins 95% de la structure, pour bénéficier du régime d’intégration fiscale et de la déductibilité de ces charges et honoraires. «Son intérêt doit désormais être discuté au cas par cas»conclut-il.

La hausse des taux d’intérêt impacte également le financement du rachat de titres d’une SEL. Le maintien des prêts en cours de cette société négociés à des taux inférieurs à 1%, en plus des nouveaux prêts de la SPFPL, peut compromettre la faisabilité financière du rachat, du fait de la création de flux financiers parfois négatifs les premières années. . niveau du groupe. « Dans la plupart des cas, les prêts sont alignés sur la même durée, même si cette option coûte globalement plus cher, l’objectif est de réduire la charge financière des mensualités ou des annuités de remboursement et de récupérer de la trésorerie », explique Hervé Ferrara de Pharmacessions. De plus, cela génère une économie d’impôt sur les sociétés (IS) grâce à la déductibilité des intérêts d’emprunt.

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