Les menaces contre les élus deviennent un phénomène normal

Les menaces contre les élus deviennent un phénomène normal
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Selon ce rapport, ce phénomène est imputable à une rhétorique extrémiste qui se nourrit de griefs personnels et de désinformation.

La Presse Canadienne a obtenu une copie de ce rapport, rédigé par le Groupe de travail sur les menaces en matière de sécurité et de renseignement lors des élections, par le biais de la Loi sur l’accès à l’information. Quelques passages de l’évaluation Secrets | Réservé aux Canadiens ont été jugés trop sensibles pour être divulgués.

Le rapport documente une constellation d’extrémistes violents qui a bénéficié de la prolifération des théories du complot, d’une plus grande polarisation politique et d’un manque croissant de confiance dans l’intégrité de l’État.

Les théories sans fondement et la désinformation se répandent parmi un public plus large. Cela expose notamment les internautes à un vaste réseau de sites qui portent atteinte à la science, aux systèmes politiques et à l’autorité traditionnelle.

Le rapport relève des violences verbales qui visent directement les élus, notant une hostilité particulière à l’égard des femmes.

Le groupe de travail, créé en 2019 pour protéger le processus électoral contre l’ingérence étrangère, comprend des représentants du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), d’Affaires mondiales Canada et du Centre de la sécurité des télécommunications Canada, l’organisme de cybersécurité du pays. agence d’espionnage.

Le rapport note que même si les menaces terroristes nationales ne font pas strictement partie de la mission du Groupe de travail sur l’ingérence étrangère, il reconnaît « la nécessité de fournir des évaluations sur cette question ».

Le groupe de travail a évalué la menace possible d’un extrémisme violent motivé par la politique, la religion et l’idéologie. Il a conclu qu’une élection fédérale canadienne serait « très probablement influencée » par un extrémisme violent à motivation idéologique.

Il n’existe pas de vision du monde « universelle » en matière d’extrémisme idéologique, indique le rapport. Les « acteurs de la menace » sont plutôt motivés par une gamme de demandes, d’idées et de griefs hautement personnalisés émanant de l’ensemble du spectre traditionnel de gauche à droite, souvent profondément influencés par les théories du complot.

Ces revendications peuvent être alimentées par des éléments tels que la xénophobie, les questions de genre ou un sentiment général anti-gouvernemental.

Bien que les menaces contre les politiciens culminent lors des cycles électoraux ou des annonces politiques majeures, les informations de la GRC montrent que les moyennes mensuelles et annuelles sont demeurées relativement stables depuis septembre 2021.

Les extrémistes violents à motivation idéologique « ont de plus en plus normalisé les menaces contre des personnalités publiques de haut niveau en dehors du cycle électoral », indique le rapport.

Toutes les menaces contre le premier ministre et d’autres parlementaires signalées à la GRC sont triées et évaluées afin de déterminer leur lien avec la sécurité nationale, ajoute le groupe de travail. Environ 20 % des menaces signalées contre le premier ministre et 13 % de celles contre des parlementaires entre septembre 2021 et mi-2023 répondaient au seuil de sécurité nationale de la GRC.

Même si les récits extrémistes et les théories du complot ne se manifestent généralement pas comme un acte de violence grave, « ils peuvent potentiellement affecter négativement le tissu social canadien », selon le rapport.

La GRC n’a pas répondu à une demande de commentaires à temps pour la publication.

Ingérence étrangère et médias sociaux

Le porte-parole du SCRS, Eric Balsam, a quant à lui déclaré que le bilan 2023 « reste inchangé ».

Le directeur du SCRS, David Vigneault, a déclaré ce mois-ci devant un comité de la Chambre des communes que le service d’espionnage consacre environ la moitié de ses ressources antiterroristes à enquêter sur la menace d’extrémisme violent à motivation idéologique. « Nous avons constaté une augmentation d’un certain nombre de vecteurs de menace », a-t-il déclaré.

Le rapport du groupe de travail indique que les extrémistes anti-autorité « ont presque certainement exploité » les publications des médias sociaux sur l’ingérence étrangère dans les élections canadiennes pour « renforcer les récits préexistants autour de la corruption inhérente aux institutions gouvernementales au Canada ».

Cependant, aucun récit de l’ampleur de la rhétorique des « élections volées », qui a conduit à l’effraction du Capitole américain le 6 janvier 2021, n’a émergé dans le paysage politique canadien, note le rapport.

Sur la question de l’ingérence étrangère, un rapport complémentaire plus large indique qu’en juin dernier, le groupe de travail n’avait trouvé aucune preuve d’une cybermenace importante contre les processus électoraux canadiens ou l’infrastructure électorale de la part d’acteurs étatiques.

Cependant, les partis politiques, les candidats et leur personnel continuent d’être la cible d’activités de cybermenace, qui peuvent prendre la forme d’espionnage en ligne, de désinformation ou de vidéos fabriquées appelées hyperfaking (contrefaçons profondes), ajoute le rapport.

Dans l’ensemble, le groupe de travail affirme que les efforts d’ingérence « sophistiqués, omniprésents et persistants » constituent une menace sérieuse à la sécurité nationale du Canada et à l’intégrité de ses institutions démocratiques.

Pour certains États étrangers, les activités d’ingérence étrangère « font partie de leur comportement normal au Canada et culminent souvent en période électorale ».

De telles ingérences, compte tenu de leur nature clandestine ou trompeuse, ont souvent lieu dans une zone grise juridique, où il n’existe pas de lois réglementant les activités ou où leur interprétation est ambiguë, ajoute le rapport.

Le Canada est une cible prioritaire de l’ingérence étrangère en raison de son rôle dans des alliances et des organismes mondiaux clés, jouissant d’une « solide réputation internationale » qui peut être utilisée ou exploitée pour aider à légitimer les intérêts d’États étrangers.

De plus, l’économie avancée et fondée sur le savoir du Canada est attrayante pour les États étrangers qui cherchent à développer leur propre expertise scientifique et technologique, indique le rapport. Enfin, le Canada abrite d’importantes communautés de diaspora, que certains États étrangers tentent de surveiller, de contrôler ou d’utiliser pour atteindre leurs propres objectifs stratégiques.

Poursuite de la commission d’enquête

En vertu d’un protocole fédéral, les chefs des principales agences de sécurité nationale informeraient un groupe spécial de hauts fonctionnaires d’une tentative d’ingérence en période électorale.

Il y aurait une annonce publique si le comité déterminait qu’un incident – ​​ou un ensemble d’incidents – menaçait la capacité du Canada à tenir des élections libres et équitables.

Il n’y a pas eu de telles annonces en 2021 ni concernant les élections de 2019. Lors des deux élections, les libéraux ont été réélus au gouvernement avec des mandats minoritaires tandis que les conservateurs formaient l’opposition officielle.

Les allégations d’ingérence étrangère dans ces élections – suggestions alimentées par des fuites anonymes dans les médias – ont conduit à une série d’appels à une enquête publique.

La commission d’enquête, présidée par la juge québécoise Marie-Josée Hogue, reprend ses audiences mercredi.

Les audiences porteront sur le bien-fondé des allégations d’ingérence étrangère de la part de la Chine, de l’Inde, de la Russie et d’autres pays lors des deux dernières élections générales.

Un premier rapport sur les conclusions de la commission est attendu le 3 mai.

 
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