Fondés en 1966, les « restaurants GB » devenus Lunch Garden en 1987, ont fondé leur succès sur une restauration « self-service » bon marché. Mais le concept a mal vieilli et la dette sociale a explosé pendant la période Covid. Il y a quelques semaines, l’actionnaire britannique ICG a décidé de jeter l’éponge. Il sera remplacé par le fonds belge CIM Capital qui réduira cependant considérablement la taille de l’actuel Lunch Garden.
Lunch Garden dépose le bilan : voici la liste des restaurants qui vont fermer
1. Une faillite « silencieuse »
L’annonce de la faillite de Lunch Garden a surpris salariés et syndicats. “Nous l’avons appris il y a trois jours par la pressedénonce Sandra Antenucci, permanente au CSC. Ce fut une très mauvaise expérience et un véritable choc pour les salariés. Nous savions qu’il y avait des problèmes de liquidités car la prime de fin d’année n’avait pas été versée en décembre.». Pourtant, cette faillite était organisée depuis de nombreuses semaines par la direction. “Ce dernier a tout négocié en secret. Elle a choisi le cadre d’une « faillite silencieuse ».
Ce type de procédure, également appelé « pré-pack », est issu d’une directive européenne et a été transposé en droit belge en 2023. Il permet à une entreprise qui s’estime en état de faillite de préparer déjà le transfert d’actifs avec son futur acquéreur, avant même l’annonce officielle de son dépôt de bilan. “L’idée est d’éviter la discontinuité des activités, poursuit Sandra Antenucci. Mais c’est problématique car il n’y a aucune communication avec les syndicats et donc aucune possibilité de négocier un plan social. Nous avons donc été mis devant le fait accompli.
mouette“La direction a tout négocié en secret.”
2. Une dette importante et un concept qui a « mal vieilli »
La crise du Covid a frappé de plein fouet Lunch Garden. “Les fermetures obligatoires pendant la pandémie ont eu un impact financier profond qui se fait encore sentir.explique la direction. De plus, les dettes liées à l’État, notamment pour la période Covid19, ont rendu impossible la vente de l’ensemble des activités. Ces dettes fiscales et ONSS s’élèveraient à “plusieurs millions d’euros», selon les syndicats.
-Pour ce spécialiste, le concept même du Lunch Garden, restaurant self-service low-cost, a «mal vieilli ». “De nombreux restaurants méritent un véritable coup de pinceau. L’offre ne correspond également plus au type de clientèle, avec des prix qui ont fortement augmenté ces dernières années. Pour cinq euros de plus, les gens préfèrent aller dans une brasserie avec un vrai service à table.»
Du beau monde parmi les actionnaires de CIM capital qui vient de reprendre Lunch Garden
3. Fermetures notamment en Wallonie et à Bruxelles
Parmi les 19 fermetures annoncées, plus de la moitié concernent Bruxelles et la Wallonie. La capitale est particulièrement touchée puisque les quatre restaurants (rue Neuve, Auderghem, Evere et Berchem-Sainte-Agathe) dont fait partie Lunch Garden sont voués à la fermeture. En Wallonie, les restaurants de Froyennes, Messancy, Waterloo, Flémalle, Libramont, Wépion et Hannut devraient fermer leurs portes. Enfin, six autres Lunch Gardens seraient fermés en Flandre, auxquels s’ajoute le Bistro Garden de Tervuren.
Un point d’interrogation subsiste pour deux restaurants (Arlon et Edegem) mais ceux-ci sont déjà comptés par la direction parmi les 19 magasins dont la fermeture est prévue. Techniquement, les 700 salariés actuels de Lunch Garden ont été licenciés lundi et certains d’entre eux, la moitié seulement, selon les syndicats, seront réembauchés, soit par l’entreprise elle-même, soit par des franchisés. “Mais ce sera de toute façon à des conditions moins avantageuses qu’actuellement »insiste Sandra Antenucci.