L’heure du grand exode sur les réseaux sociaux ? À l’image d’Elton John, de Franck Leroy, président de la région Grand-Est, de Mediapart ou de la Ligue des droits de l’Homme, nombreux sont ceux qui ont décidé de faire leur « #eXit » ce lundi, jour de l’investiture de Donald Trump. Un collectif français a même développé HelloQuitteX, une application qui propose aux utilisateurs du réseau social
Si X est considéré comme toxique pour la démocratie depuis son rachat par Elon Musk, Meta traverse également une zone de turbulences. Le groupe propriétaire de Facebook, Instagram, Threads et WhatsApp a annoncé la révision de sa politique de modération des contenus (et la suspension aux Etats-Unis de son programme de fact-checking). Des mesures en faveur de la « libre expression », faisant craindre un recul dans la lutte contre les discours de haine ou le harcèlement des minorités. Depuis les récentes déclarations de Mark Zuckerberg et sa soudaine proximité avec Donald Trump, un grand nombre d’utilisateurs se sont tournés vers Google pour savoir comment supprimer leurs comptes Meta, selon les données Google Trends, repérées par TechCrunch.
RedNote en terre promise ?
TikTok a, de son côté, été suspendu quelques heures ce dimanche aux Etats-Unis, suite à la décision de la Cour suprême des Etats-Unis vendredi de maintenir une loi interdisant la plateforme au nom de la sécurité nationale. Le réseau social chinois s’est rapidement rétabli, marquant l’une des premières victoires politiques du mandat de Trump. « Sans accord américain, il n’y a pas de TikTok », a toutefois prévenu Donald Trump. Craignant l’interdiction de la plateforme de l’Empire du Milieu, certains utilisateurs américains, se faisant appeler « réfugiés TikTok », se sont rués sur l’application chinoise RedNote, hybride de TikTok et d’Instagram.
Serait-ce le début d’une nouvelle ère plus vertueuse sur les réseaux sociaux ? Si oui, existe-t-il des plateformes éthiques, qui se distinguent par leurs principes de fonctionnement favorisant la décentralisation, la protection de la vie privée et la modération responsable des contenus, où devraient-elles migrer ? 20 minutes fait le point.
Mastodon et Bluesky, les réseaux recommandés
Le rapport de la commission d’experts sur l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans remis à Emmanuel Macron en avril dernier faisait des recommandations sur l’usage des réseaux sociaux chez les adolescents.
Les géants comme TikTok, Instagram ou Snapchat doivent être évités jusqu’à l’âge de 15 ans en raison des risques d’exposition à des contenus inappropriés et des techniques excessives d’attraction de l’attention. Dès l’âge de 15 ans, la commission recommande d’ouvrir l’accès aux réseaux sociaux « éthiques », comme Mastodon ou Bluesky.
Exit l’oiseau bleu, les internautes lorgnent sur le mammouth du Mastodonte depuis le rachat de Twitter par Elon Musk. Ce site de microblogging créé en octobre 2016, alternative à Twitter, est décentralisé. Le réseau fonctionne à partir de serveurs mis à disposition par des associations et des particuliers, alors que les réseaux sociaux traditionnels fonctionnent sur la base d’un serveur centralisé. En rejoignant Mastodon, l’utilisateur choisit son serveur, appelé « instance ». Chaque « instance » est libre de fixer ses règles en matière de respect de la protection ou de modération des données. Il faudra donc être prudent lors du choix de votre instance.
Après l’élection de Trump, le réseau social Bluesky, créé par Jack Dorsey, cofondateur de Twitter, a gagné un million d’utilisateurs en vingt-quatre heures. Comme Mastodon, il repose sur une organisation décentralisée avec plusieurs serveurs, mais tous détenus par la plateforme. Cependant, le ciel n’est pas toujours bleu sur Bluesky puisque son modèle économique repose sur le temps d’écran des utilisateurs.
Newmanity et les réseaux sociaux verts
Créé par Victor Ferreira (le fondateur du label Max Havelaar), Newmanity est un réseau social censé offrir un espace de rencontre à tous ceux qui aspirent à une société plus humaine, plus écologique et plus responsable. A l’image d’un Viadeo éco-responsable, c’est un lieu de partage entre le grand public et les professionnels du développement durable.
Les réseaux sociaux pour voir la vie en vert sont légions : citons Agissons-eco, qui veut « agir pour un avenir durable et reconstruire le monde de demain », Greenworlder qui veut « donner un chemin à quiconque veut vivre un monde plus vivant ». une existence durable, que ce soit des individus ou des entreprises » ou encore Tinkuy, une communauté en ligne gratuite où l’on peut échanger des « bons plans durables ». De belles initiatives, qui ne satisferont pas les amateurs des réseaux sociaux traditionnels.
-Supernova, le réseau social solidaire
Avec 60 % de ses revenus publicitaires reversés à des causes caritatives, l’application Supernova, présentée comme une alternative à Instagram, a de quoi séduire. « Sur Supernova, les likes rapportent de l’argent aux associations. Chaque personne que vous recevez donne de l’argent à la cause de votre choix, et chaque personne que vous donnez fait de même pour la cause de quelqu’un d’autre », déclare l’entreprise.
Supernova s’engage également à lutter contre la haine en ligne, les commentaires toxiques, le racisme et même l’homophobie avec une « modération 100 % humaine », et non sur l’intelligence artificielle. « Faire partie d’une nouvelle ère de médias sociaux qui font ce qu’il faut est une bonne chose pour les marques (de relations publiques), plutôt que de faire partie d’un ordre ancien toxique qui pourrait leur nuire. Deloitte nous dit que 80 % des millennials veulent uniquement acheter auprès de marques qui font passer les intérêts des autres avant les leurs », s’enthousiasme Dominic O’Meara, fondateur et PDG de Supernova dans les colonnes de TechCrunch.
Malheureusement, l’association française Exodus, qui permet d’analyser les trackers, ce logiciel dédié à la collecte de données sur vous et vos usages utilisés par les applications mobiles, en recense au moins 11 utilisés par Supernova. Alors qu’en moyenne, les applications analysées par Exodus disposent de 2,5 trackers. Bien en dessous du 11 de Supernova. Un problème déjà présent sur l’application Vero, un réseau social « alternatif » sans publicité, lancé en 2015, qui utilise pas moins de 7 trackers.
Diaspora et réseaux sociaux autogérés
« Framasphère : c’est gratuit, mais vous n’êtes pas le produit ! », argumente Framasphère, le nœud francophone (appelé pod) du réseau social gratuit Diaspora.
Créé en 2010 par quatre étudiants du club informatique du Courant Institute of Mathematics de l’université de New York, Diaspora est un logiciel open source (chaque utilisateur a accès au code source du logiciel) et collaboratif qui permet à chacun de mettre en place son propre réseau social décentralisé. réseau.
« Nous ne revendons pas vos données. Nous n’étudions pas votre comportement. Nous n’affichons pas de publicité. Et si les règles collectives ne vous conviennent pas, vous pouvez toujours installer votre propre pod, avec vos propres règles », promet Framasphère.
Sur le papier, ce réseau social autogéré est une excellente idée, jusqu’à ce qu’une dépêche de l’AFP pointe du doigt la diaspora et sa décentralisation comme lieu d’expression des jihadistes de l’État islamique.
Décentralisé, gratuit et open source, sécurisé, privé, modulaire, extensible… Le réseau social canadien Friendica permet à ses utilisateurs d’intégrer des contacts de Facebook, Twitter, Diaspora, StatusNet et d’autres services dans leurs flux sociaux et RSS. Il est possible de définir la visibilité de nos actions et nous pouvons définir une date d’expiration pour notre contenu. Friendica a été utilisé comme alternative à Facebook par le mouvement Occupy Nigeria. Ainsi, même si une technologie est neutre, tout dépend du bon ou du mauvais usage qu’on en fait !