Il y a tout juste trente ans, le 20 janvier 1995, le tout nouveau pont de Normandie permettait de traverser la Seine via son estuaire. Après sept années de travaux, son tablier de 856 mètres et ses deux pylônes de 214 mètres de haut sont devenus les symboles de la Normandie et surtout un gain de temps pour aller du Havre (Seine-Maritime) à Honfleur (Calvados). En 2024, elle verra encore transiter plus de huit millions de véhicules motorisés dans les deux sens.
A l’heure du réchauffement climatique et de l’essor des mobilités douces, le superbe ouvrage n’a pas encore passé à la vitesse supérieure, soulignent les amis cyclistes, qui se plaignent du statu quo. Régulièrement, les associations rencontrent le gestionnaire, la CCI Seine-Estuaire, les départements du Calvados et de la Seine-Maritime et la Région Normandie afin de demander un aménagement spécifique, idéalement une piste cyclable.
« Il n’y a pas eu d’avancée notable en 2024 », constate Christelle Cubaud, vice-présidente de l’AF3V. Nous n’avons eu aucun suivi pour la navette qui devait être mise en place en avril. Nous avons eu deux réunions au cours de l’année et n’avons réussi qu’à faire installer une caméra de comptage au niveau du péage du pont. Entre le 11 mars et le 15 octobre, il y a eu 5.220 vélos et petites voitures qui ont circulé dans les deux sens (sur la voie réservée aux piétons, ndlr). Nous avons été surpris par ce chiffre élevé compte tenu des conditions climatiques épouvantables et des travaux. Ce n’est pas anecdotique comparé aux 700 vélos transportés à bord des autocars sur la ligne 122 Caen-Le Havre. »
Les utilisateurs réclament des solutions sécurisées, « notamment le développement d’une piste dédiée qui était à l’étude. On n’entend plus rien de la part de la Direction des Infrastructures de Transport (DIT). L’autre solution, rappelle Christelle Cubaud, serait une navette pour aller d’un côté à l’autre. »
-Pour l’instant, du côté de Honfleur, constate l’association, “ils ont simplement installé des panneaux en français et en anglais pour renvoyer les cyclistes à la gare routière et il est actuellement envisagé de faire la même chose sur l’autre rive”. Les cyclistes doivent parcourir trois kilomètres pour réserver une place dans un bus et accrocher leur vélo à l’arrière. Sachant qu’il n’y a que quatre places par passage, soit au total 16 par jour dans un sens et autant dans l’autre, il faut les motiver.
Réduire la vitesse à 70 km/h ?
Les associations souhaitent donc un retour à la table des discussions pour « mettre en place l’expérimentation de l’abaissement de la vitesse à 70 km/h de façon permanente et créer un espace mixte piéton-vélo et, en attendant, la poursuite d’études complémentaires et la création d’espaces mixtes piétons-vélos ». places supplémentaires à bord des autocars. Nous n’abandonnerons pas, prévient Christelle Cubaud, sinon ils diront officiellement qu’ils ne sont pas intéressés.
Des arguments que l’association AF3V ne met pas en avant uniquement pour satisfaire les cyclistes locaux. « Cet axe, ne manque-t-elle pas de le souligner, est sur la véloroute européenne Vélomaritime, en lice pour être désignée comme la plus belle d’Europe le 14 février prochain. Pourquoi l’avez-vous mis sur cet axe ? Certes, la vue est magnifique et le tourisme industriel existe, mais le Pont de Normandie pourrait être un exemple de diversité intelligente dans une région très touristique. C’est la volonté qui manque au départ et les mentalités doivent changer. Alors soufflons les bougies des 30 ans en mémoire du passé mais remettons le sujet de la mobilité douce au présent ! »