« Le plus grand procès pour corruption du début du 21e siècle » pour Transparency International

« Le plus grand procès pour corruption du début du 21e siècle » pour Transparency International
« Le plus grand procès pour corruption du début du 21e siècle » pour Transparency International

l’essentiel
Ce lundi, Transparency International , Anticor et Sherpa, les trois associations françaises anti-corruption agréées, seront parties civiles dans ce procès pour soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Le délégué général de Transparency International France, Florent Clouet, explique les raisons de cette approche commune. Entretien.

La Dépêche du Midi : Votre association sera l’un des acteurs de ce procès. Pouvez-vous nous le présenter ?

Florent Clouet: Avec 30 ans d’existence, nous sommes la plus ancienne association de France dont l’objectif social est la lutte contre la corruption, c’est-à-dire lutter contre tout abus de pouvoir, donné en délégation, à des fins privées. ou particulier. Notre spécificité est d’appartenir également à un mouvement international présent dans plus d’une centaine de pays, ce crime ignorant les frontières. Notre vocation est d’intervenir aussi bien sur les causes de la corruption que sur ses conséquences. Identifier les faits, soutenir ceux qui les dénoncent, représenter les victimes ou restituer leurs biens aux populations dépossédées : nos avocats et nos spécialistes des affaires publiques interviennent sur tous ces sujets.

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Pourquoi votre ONG, aux côtés d’Anticor et de Sherpa, se constitue-t-elle désormais partie civile dans cette affaire ?

La première raison est l’ampleur de cette affaire tentaculaire. Il s’agit du plus grand procès pour corruption du début du XXIe siècle et cela justifie que tous les acteurs de la lutte, en France, se constituent conjointement parties civiles. La comparution d’un ancien chef d’État et de ministres devant un tribunal est inédite tant au niveau du statut des prévenus qu’au regard des infractions reprochées ; également sans précédent au regard du nombre de pays potentiellement touchés par les flux financiers mis en avant ; enfin, inédit, quant aux conséquences que ce pacte de corruption a pu avoir sur les populations. Pour nos organisations, cet essai doit aussi être l’occasion de sensibiliser le grand public. La lutte contre la corruption nécessite l’engagement des citoyens. Il faut donc les alerter sur la vulnérabilité des institutions face au détournement de l’intérêt général par des intérêts particuliers. Ces auditions doivent en effet révéler les dysfonctionnements ou les fragilités de notre démocratie dans les domaines du financement de la vie politique, de l’action extérieure de l’État, de l’exportation d’armes, etc.

Florent Clouet
TIF – Picasa

Dans ce numéro, Transparency International s’interroge donc sur la fragilité de la séparation entre services de l’État et intérêts privés, n’est-ce pas ?

Absolument puisque selon l’enquête Mediapart et le parquet, des ressources de l’État ont été mises à la disposition de l’intérêt partisan d’un candidat à la présidentielle. Concrètement, lorsque Claude Guéant se rend par exemple à de nombreuses reprises en Libye, le fait-il en tant que directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy ou en soutien au futur candidat ? Lorsque Boris Boillon, alors ambassadeur de France en Tunisie, s’est mêlé du dossier, à quel titre est-il intervenu ?

Pour vous, ce financement libyen, catégoriquement démenti par Nicolas Sarkozy, aurait-il pu aussi fausser le scrutin de 2007, s’il était vrai ?

Ce n’est pas à nous de le dire et ce serait difficile à démontrer, mais ce qui est sûr, c’est que cette affaire a contribué à la méfiance accrue des citoyens à l’égard de nos institutions démocratiques et c’est extrêmement grave. . C’est aussi pourquoi nous nous portons partie civile, pour soutenir le procureur de la République qui défend la société contre des agissements susceptibles d’altérer le vote et évoque implicitement la perspective d’une éventuelle élection et du maintien d’un Président de la République frauduleux du fait de la conjonction de deux facteurs : le statut particulier du chef de l’Etat et le contrôle a posteriori des dépenses de campagne.

Qu’attendez-vous de ce procès ?

Nos attentes sont à la fois de démontrer la matérialité du pacte de corruption, c’est-à-dire de démontrer clairement l’existence présumée d’un soutien financier en échange d’un certain nombre de considérations diplomatiques. , économique et juridique. Mais aussi de révéler comment, plus largement, les institutions auraient été incapables d’endiguer le développement d’un système où règnent un mélange entre diplomatie et intérêts électoraux, une opacité des négociations commerciales adossées à des déplacements officiels qui peuvent alimenter des activités financières illicites. flux, un manque d’encadrement des intermédiaires financiers jouant le rôle de facilitateurs… Ce faisant, on espère aussi que ce procès permettra de changer un certain nombre de lois pour qu’il soit le premier et le dernier de cette ampleur. Quand on regarde aujourd’hui la Libye et le Sahel, avec les conséquences de cette relation toxique sur les populations victimes, ce procès sera aussi pour nous l’occasion de poser la question des réparations.

 
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