P.Pour tous ceux qui défendent bec et ongles l’essor et la suprématie de la voiture à batterie, les prévisions de Luca de Meo sur les prix de vente tournent à la douche froide. Dans une interview accordée au journal flamand Le temps (L’Écho) et cité par gocar.be, il dresse un pronostic effrayant. Alors que de nombreux commentateurs parient sur la baisse du coût des batteries, efficace avec la technologie LFP plus simple, le directeur général de Renault table au contraire sur une augmentation de 40 % des coûts de production.
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Et qui, selon lui, est responsable ? L’Europe qui, paradoxalement, mise sur le tout électrique à partir de 2035 mais édicte en même temps un catalogue de mesures restrictives qui mobiliseront de l’énergie et des investissements importants pour répondre à ces nouvelles exigences. Et Luca de Meo cite les huit à douze nouvelles réglementations qui seront imposées chaque année jusqu’en 2030 aux constructeurs déjà dans le flou.
Luca de Meo, qui vient de quitter la présidence tournante de l’ACEA au nom de l’ensemble de la profession, sait de quoi il parle. Pendant un an, il a été l’interlocuteur des politiques qui refont le monde automobile depuis Bruxelles. Ou qui accentuent son déclin, croit-on décrypter en filigrane dans l’entretien, puisqu’un quart de la R&D sera consacré dans les cinq prochaines années à respecter ce parcours du combattant.
Un peu cheap, mais quand ?
Alors que le marché et la masse des consommateurs attendent toujours la petite voiture électrique au prix de son équivalent thermique, c’est l’inverse qui va se produire. Les prix refléteront forcément cette boulimie réglementaire qui n’est pas sans rappeler les carences françaises en matière d’administration. Mais il semble que l’Europe soit capable de faire encore pire avec une seule consolation : le durcissement incessant des réglementations s’applique à toutes les marques de la planète qui souhaitent vendre leurs voitures sur le vieux continent. Il n’est cependant pas du tout exclu que certains d’entre eux décident de se passer de ce marché voué à une dérive kafkaïenne dont on ne voit pas l’issue.
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Pour ces mêmes raisons, Renault, qui a divisé ses activités thermiques et électriques en deux divisions, « Cheval » et « Ampère », risque de ne pas attirer de partenaires dans ce qu’il appelle « l’Airbus de l’électrique ». Au moment précis où Nissan envisage sérieusement de quitter l’Alliance pour passer sous le contrôle de Honda, Renault risque de se retrouver seul. Il constate qu’il n’y a plus d’argent sur les marchés européens pour financer le secteur automobile à cause de ces réglementations qui découragent les investisseurs.
Et, avec amertume, de constater que les Chinois ont au moins dix ans d’avance et qu’ils détiennent, avec les matières premières, le pouvoir quasi total sur les batteries. Cela leur permet de les vendre, selon Luca de Meo, à prix coûtant à leurs fabricants nationaux et au prix fort aux étrangers. L’aveuglement européen ne s’en est pas rendu compte et continue de foncer tête baissée dans la direction souhaitée par les Chinois.