Après dix jours d’attente, François Bayrou a dévoilé la composition de son gouvernement. Si Rachida Dati ou Bruno Retailleau gardent leurs maroquins, deux ex-Premiers ministres et anciens compagnons de route du macronisme font leur entrée voire leur retour au gouvernement.
Symbole d’un système à bout de souffle, incapable de reconnaître les résultats des urnes et d’accéder aux revendications de la gauche, pourtant arrivée en tête aux élections de juin dernier. Plus tôt dans la soirée, Xavier Bertrand a annoncé son refus « de participer à un gouvernement formé avec l’aval de Marine Le Pen » dans un communiqué publié sur X (ex-Twitter).
Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale
Elle ne sera pas restée députée longtemps. L’ancien premier ministre fait son retour au gouvernement, cette fois à l’Éducation nationale. Celle qui a fait avancer la réforme des retraites avec une note de 49,3, recordman dans la catégorie avec 23 utilisations de cet article pour faire voter sa loi de finances – elle se situe juste derrière Michel Rocard – se retrouve placée le plus à la tête du ministère du Budget. important, avec 63 milliards d’euros en 2024.
Elle est la cinquième ministre à occuper ce portefeuille en 2024, au grand désarroi des syndicats enseignants. Côté éducation, celui qui a également échoué à prendre la tête du parti Renaissance, à la rentrée, avait soutenu le « choc des savoirs » de Gabriel Attal.
Un système controversé, qui comprend l’expérimentation du port de l’uniforme dans une centaine d’écoles, l’obtention obligatoire du brevet pour accéder au lycée ou encore la mise en place de groupes de niveaux en français et en mathématiques. Pour les classes surpeuplées et les établissements insalubres, en revanche, élèves et professeurs attendent toujours.
Manuel Valls, ministre de l’Outre-mer
Longtemps candidat à tout (ou presque), il avait disparu des radars mais le voilà de retour au gouvernement. Manuel Valls, ancien premier ministre de François Hollande, retrouve un poste ministériel : celui de ministre de l’Outre-mer. Un lot de consolation pour l’ancien premier ministre de François Hollande qui enchaîne les échecs politiques : battu à la primaire socialiste en 2017, réintégré aux élections municipales à Barcelone en 2019, balayé au premier tour des législatives en 2019. 2022 sous la bannière de La République en marche, Manuel Valls aura tenté de revenir, encore et encore. Jusqu’à ce que cela devienne une blague sur Internet.
Le « socialiste » est l’artisan du virage à droite du quinquennat Hollande lorsqu’il était ministre de l’Intérieur : il autorise les policiers à porter leurs armes en dehors de leur service, soutient l’armement de la police municipale et prône pour un élargissement de l’autodéfense des policiers. Celui qui courtise la Macronie depuis 2017 arrive enfin à ses fins. Preuve que le camp présidentiel manque de remplaçants. Il prend la tête d’un ministère clé dans un moment inflammable : le chaos à Mayotte suite au passage du cyclone Chido, auquel s’ajoute le mouvement contre la vie chère en Martinique et la situation toujours tendue à Kanaky – Nouvelle-Calédonie après le des révoltes contre le dégel du corps électoral au début de cette année.
Gérald Darmanin, ministre de la Justice
Il a quitté la place Beauveau il y a quelques mois… le voilà déjà de retour ! Gérald Darmanin revient au gouvernement. Le voilà désormais garde des Sceaux, même s’il a été le premier à tirer un trait sur Twitter, après les réquisitions contre Marine Le Pen dans l’affaire des assistants parlementaires.
François Rebsamen, ministre de l’Aménagement du territoire
Après avoir tenté de convaincre (en vain) les socialistes d’accepter un pacte de non-censure, voire de rejoindre son équipe, François Bayrou recycle un ancien cadre néerlandais, faute de mieux. L’ancien ministre du Travail du gouvernement Valls, aujourd’hui ministre de l’Aménagement du territoire, est en réalité un partisan de longue date du macronisme.
En 2022, au lendemain de l’élection présidentielle, François Rebsamen crée la Fédération Progressiste, une « mouvement de gauche qui rassemble des élus et des citoyens qui ne se reconnaissaient plus dans le PS » et qui ont l’ambition de rejoindre les rangs d’Emmanuel Macron : d’anciens ministres comme Olivier Klein ou Patrice Vergriete en font partie.
Compte tenu de sa sympathie envers le chef de l’Etat, la véritable anomalie est que ce social-libéral, hostile au Nouveau Front populaire en général et aux rebelles en particulier, n’a pas été promu ministre plus tôt. A Dijon, François Rebsamen a remporté les élections municipales de 2020 en coalition avec le Modem de François Bayrou, dont il est proche. Ces derniers jours, il avait adressé de nombreux regards au Premier ministre : « Bayrou a la culture du compromis dont le pays a besoin, il l’a montré en 2012 en votant pour François Hollande »a-t-il notamment déclaré.
Patrick Mignola, ministre chargé des relations avec le Parlement
Le locataire de Matignon nomme un proche à son nouveau gouvernement. Patrick Mignola, ancien député et président des élus du Mouvement démocratique à l’Assemblée, a été battu en 2022 par le Nupes.
Ce Savoyard de 53 ans a soutenu, lors de sa députation, les lois les plus controversées d’Emmanuel Macron. D’abord celle sur la sécurité globale, qui prévoyait notamment d’interdire de filmer les policiers. Puis la loi sur le séparatisme, jurant qu’elle n’était pas dirigée contre les musulmans mais contre “fanatisme”.
Elle « protège toutes les pratiques religieuses et respecte toutes les croyances »avait-il insisté à l’époque sur France Info. A la tête du groupe Modem, Patrick Mignola avait braqué ses partenaires d’En Marche en 2020 en débauchant leurs députés afin de leur faire perdre la majorité absolue. Reste à savoir si les ressentiments sont enterrés.
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