Pour la Mauritanie, une Union du Maghreb sans le Maroc est impossible (Cheikhani Ould Cheikh)

Pour la Mauritanie, une Union du Maghreb sans le Maroc est impossible (Cheikhani Ould Cheikh)
Pour la Mauritanie, une Union du Maghreb sans le Maroc est impossible (Cheikhani Ould Cheikh)
Le Matin : La récente visite du président mauritanien à Rabat a été saluée comme un geste fort de fraternité. Comment lisez-vous cette visite dans le contexte géopolitique actuel de la région du Maghreb ?

Cheikhani Ould Cheikh:

Je voudrais tout d’abord exprimer notre soulagement de voir Sa Majesté le Roi Mohammed VI rétabli et actif à nouveau, ainsi que notre joie pour le rétablissement de la Première Dame de Mauritanie, Dr Mariam Bint Dah, après son opération à Rabat. La visite privée du président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani au Maroc a été marquée par un accueil exceptionnel, tant humain que symbolique. Malgré sa convalescence, Sa Majesté le Roi a tenu à le recevoir personnellement au Palais Royal de Casablanca, marquant un geste rare de fraternité et de considération. Bien que privée, cette visite a pris une forte dimension politique, illustrant l’importance stratégique des relations maroco-mauritaniennes. Il démontre la convergence entre les deux pays face aux défis régionaux, notamment dans la zone sahélienne. Cette rencontre reflète également une volonté commune de renforcer la coopération dans des secteurs clés tels que l’énergie, la sécurité et les infrastructures. Soyons clairs : une Union maghrébine viable ne peut être réalisée sans le Maroc, et la Mauritanie le sait parfaitement.

Dans le communiqué publié par votre association, vous évoquez les liens historiques et diplomatiques entre les deux pays. Pouvez-vous détailler les dimensions essentielles qui structurent cette relation ?

Le Maroc et la Mauritanie partagent une histoire riche et des liens forts qui se manifestent à plusieurs niveaux : spirituel, culturel, économique et sécuritaire. Ces dimensions sont indissociables et constituent une base solide pour la coopération entre les deux nations. Premièrement, la diplomatie spirituelle est un pilier fondamental. Elle repose sur une histoire commune marquée par l’influence de la culture islamique dans les deux pays. Cette dimension est renforcée par des initiatives comme la Dorouss Hassaniya, présidée chaque Ramadan par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Ces conversations religieuses véhiculent des messages universels de paix et de fraternité, tout en rappelant les liens spirituels profonds entre nos deux peuples. Ensuite, la coopération économique est une autre dimension clé. Les deux pays disposent de potentiels complémentaires qui leur permettent de construire des partenariats solides, notamment dans les secteurs stratégiques tels que les énergies renouvelables, la pêche, l’agriculture et le commerce. Ces collaborations ne font que renforcer leur rôle d’acteurs de stabilité et de développement dans la région. Par ailleurs, il est essentiel de mettre en avant l’influence des femmes dans la consolidation de ces liens. Des figures historiques comme Khnatha Bint Bakkar, épouse du sultan Moulay Ismaïl, aux figures contemporaines comme Cheikha El Ezza Bint Cheikh Ayah, les femmes ont joué un rôle central. Cheikha El Ezza, présidente d’honneur de notre association, est un exemple frappant de diplomatie spirituelle et culturelle. Elle participe activement au rapprochement des deux nations, notamment en mettant l’accent sur les dimensions spirituelles et sociales.

Au-delà des relations diplomatiques et économiques, quel rôle jouent les liens spirituels et culturels dans le rapprochement des deux nations ?

Les liens spirituels et culturels constituent l’essence même de la relation maroco-mauritanienne. Ils sont plus profonds et plus anciens que de simples accords politiques ou économiques, car ils reposent sur des siècles d’échanges intellectuels, religieux et sociaux. La confrérie soufie joue ici un rôle central. Les zaouïas marocaines ont historiquement contribué à diffuser des valeurs de tolérance et de paix, qui ont trouvé un écho durable en Mauritanie. Cette influence continue de se manifester à travers des échanges constants entre les universitaires et les religieux des deux pays. Par exemple, les Dorouss Hassaniya ne sont pas seulement des conférences religieuses, mais un espace de dialogue réunissant les élites spirituelles des deux nations. De plus, une culture partagée, notamment la musique, la littérature et les traditions orales, contribue à renforcer le sentiment d’unité entre les deux peuples. Ces liens transcendent les frontières géographiques et créent une base solide pour des relations durables. Ainsi, les dimensions spirituelles et culturelles jouent un rôle apaisant dans une région souvent marquée par des tensions. Ils permettent de construire une stabilité durable en favorisant le dialogue et la compréhension mutuelle. Sous la direction éclairée des deux chefs d’État, ces liens se transforment en outils puissants pour promouvoir la paix et le développement dans la région du Maghreb et au-delà.

Concrètement, quel avenir envisagez-vous pour les relations maroco-mauritaniennes à la lumière de ces évolutions ?

L’avenir des relations maroco-mauritaniennes s’annonce prometteur, notamment face aux défis croissants dans la région du Sahel. Les deux dirigeants, Sa Majesté le Roi Mohammed VI et Son Excellence le Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, ont posé les bases d’une coopération renforcée, axée sur des solutions durables. Cette vision repose sur des approches intégrées : diplomatie spirituelle pour rassembler les peuples, diplomatie sanitaire et sécuritaire pour faire face aux crises et initiatives économiques favorisant un développement inclusif. Ces efforts conjoints, guidés par une volonté commune, renforceront les liens historiques entre les deux pays et ouvriront d’immenses opportunités dans tous les domaines, tout en contribuant à la stabilité régionale et mondiale.

 
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