Depuis plus de trois mois, la France a les yeux rivés sur le tribunal correctionnel du Vaucluse, à Avignon, pour suivre l’affaire hors norme des viols de Mazan. Pour la dernière fois dans ce procès, Dominique Pelicot et ses 50 coaccusés (dont un est en fuite) sont entrés au tribunal, jeudi 19 décembre, pour entendre le verdict. Tous les accusés ont été reconnus coupables. Ils ont été condamnés à des peines allant de trois ans d’emprisonnement (dont deux avec sursis) à vingt ans de réclusion criminelle. Les peines sont toutes bien inférieures aux réquisitions du ministère public, sauf celle concernant le principal accusé.
La hache est tombée d’abord pour Dominique Pelicot, poursuivi pour avoir drogué, violé et fait violer sa femme, Gisèle Pelicot, par au moins 50 hommes. Il s’est levé pour entendre son verdict, après être resté assis pour des raisons de santé. Il a été condamné à la peine maximale de vingt ans de réclusion criminelle, conformément aux réquisitions du parquet. Cette peine de prison est associée à une peine de prison. “deux tiers”a précisé le président du tribunal correctionnel du Vaucluse, Roger Arata. A la fin de sa peine, sa situation “sera soumis à un réexamen pour évaluer sa sécurité”. Il sera inscrit à fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (FIJAIS). Lorsque le verdict fut prononcé, il s’affaissa, sembla subir le coup, mais ne s’effondra pas.
Jean-Pierre M., 63 ans, n’a pas été poursuivi pour viols non pas de Gisèle Pelicot, mais de sa propre épouse endormie, à plusieurs reprises, avec la participation de Dominique Pelicot : il a été reconnu coupable à 12 ans d’emprisonnement.
Les quatre accusés venus six fois au domicile des époux Pélicot ont été lourdement sanctionnés. Romain V., 63 ans, pour lequel le parquet avait requis dix-huit ans de prison pour “son discours banalisant, sans chercher les raisons de son comportement”a été condamné à 15 ans de réclusion criminelle, dont six ans d’injonction de traitement. Dominique D., chauffeur routier de 45 ans, a été condamné à 13 ans de prison, dont cinq ans de sursis thérapeutique. Charly A., qui s’est rendu pour la première fois à Mazan en janvier 2016, alors qu’il n’avait que 21 ans, a également été condamné à 13 ans de réclusion criminelle (avec une période de sûreté de la moitié de la peine) pour « viol aggravé » ( commis lors d’une réunion et avec administration d’une substance chimique). Le tribunal a exclu l’altération du discernement le concernant. Quant à Jérôme V., également poursuivi pour s’être rendu six fois au domicile Pélicot, entre mars et juin 2020, en plein confinement, il a été condamné à 13 ans de prison, dont six de suivi socio-judiciaire.
Fabien S., qui possède l’un des plus longs casiers judiciaires, avec 18 condamnations, a écopé d’une peine de 11 ans de prison assortie de cinq ans de suivi socio-judiciaire avec ordonnance de soins. Cédric G., que ses ex-compagnes ont dépeint comme un homme particulièrement dangereux et pervers, est condamné à 12 ans de réclusion criminelle assortis de cinq ans de suivi socio-judiciaire et d’une injonction de traitement. Il a été reconnu coupable de viol collectif et de possession de pédopornographie.
Mohamed R., 70 ans, est le seul accusé qui n’a pas comparu pour les événements qui se sont déroulés à Mazan, mais dans la résidence secondaire de Caroline Darian, la fille des ex-époux Pélicot. Il a également été reconnu coupable du viol d’une de ses filles en 1999. L’accusé a été condamné à huit ans de prison pénale et est resté en détention. Son nom sera enregistré en Fijais.
Hassan O., 30 ans, seul accusé en fuite et sous mandat d’arrêt depuis le 22 avril 2022, a été jugé par contumace et condamné à 12 ans de prison..
Joan K., 27 ans, la plus jeune des accusées, a déclaré lors de ses premières auditions avoir “a été accueilli par Gisèle Pelicot réveillée”. Cet ancien militaire, qui s’est rendu à deux reprises à Mazan, en 2019 et 2020, a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle. Une peine similaire à celles de Vincent C., 43 ans, également poursuivi pour deux séries de faits. Dans la même situation, Cendric V. écope de neuf ans de prison et reste en détention. Son nom sera enregistré en Fijais. Abdelali D., 47 ans et Jean-Luc L., 46 ans sont dans le même cas, mais sont parmi les rares à avoir reconnu avoir su dès le départ que la victime serait inconsciente à leur arrivée. Ils ont été respectivement condamnés à huit ans de prison avec mandat de dépôt différé pour le premier et dix ans de prison pour le second. Grégory S., 31 ans, qui a assuré au tribunal qu’il était « un instrument trompé »voiture selon lui, il n’y avait pas “pas de viol”a été condamné à huit ans de réclusion criminelle.
Nicolas F., 43 ans, qui comparait libre, a été condamné à huit ans de prison avec mandat de dépôt pour « détention d’images à caractère pédopornographique » et « viol aggravé ». Son nom sera enregistré en Fijais. Thierry P., 61 ans, Karim S., 40 ans, sont condamnés pour les mêmes motifs. Le premier écope de huit ans de prison assortie d’un mandat de dépôt et de cinq ans de contrôle socio-judiciaire. Le second est condamné à dix ans de prison avec mandat de dépôt, dont cinq ans de soins et une interdiction définitive d’exercer une profession en contact avec des mineurs. Il est le seul des accusés à avoir pleuré lors du verdict. Christian L., 56 ans, a été reconnu coupable de « viol aggravé » mais a été acquitté du chef de détention d’images pédopornographiques. Il a été condamné à neuf ans de suivi socio-judiciaire, cinq ans d’injonction thérapeutique et son nom sera inscrit à Fijais. Il reste en détention.
Cyprien C., Adrien L., Nizar H. et Florian R. ont été condamnés à six ans de prison avec mandat de dépôt (pour Adrien L.) au vu, semble-t-il, de leur casier judiciaire. Florian R. écope de sept ans de prison avec mandat de dépôt. Florian R., 32 ans, et Cyprien C., 44 ans, comptent tous deux neuf inscriptions à leur palmarès respectif. Nizar H., 41 ans, a déjà été condamné pour violences conjugales sur la mère de son fils en 2015 et son ex-compagne en 2018. Enfin, Adrien L., 34 ans, a déjà été condamné pour des faits de violences et viol contre d’anciennes petites amies.
Douze ans d’emprisonnement ont été requis contre Lionel R., Ahmed T., Mahdi D., Jean T., Omar D., Thierry P., Cyril B., Boris M., Redouan E., Husametin D., Patrice N. , Redouane A et Cyrille D. Tous ont été poursuivis pour s’être rendus une fois à Mazan. Les magistrats du siège ont décidé de suivre les réquisitions pour une seule d’entre elles : Thierry P a été condamné à douze ans de prison, peine assortie de cinq ans de suivi socio-judiciaire. Il lui est désormais interdit d’exercer une profession liée aux mineurs. D’autre part, Omar D., Cyrille D, Boris M., Mahdi D., Jean T, Lionel R, Ahmed T., Patrice N et Redouan E. ont été condamnés à huit ans de prison avec mandat de dépôt (inscrit au Fijais). Cyril B écope de neuf ans de prison avec mandat de dépôt, tout comme Husamettin D., dont le mandat de dépôt est différé en raison de son état de santé.
Redouane A, diagnostiqué schizophrène par un expert, a été reconnu coupable de viol aggravé, mais a bénéficié d’une réduction de peine, car l’altération du discernement a été conservée. Il a été condamné à neuf ans de prison et cinq ans de suivi socio-judiciaire.
Andy R., un ouvrier agricole de 31 ans, a été condamné à six ans de prison pénale avec mandat de dépôt. Il s’est présenté au domicile Pélicot le 31 décembre 2018. Quant à Quentin H., 34 ans, ancien policier et gardien de prison au moment des faits, il a été condamné à sept ans d’emprisonnement avec mandat de dépôt (11 des années avaient été nécessaires pour les deux hommes).
Viennent ensuite les onze hommes contre lesquels le parquet avait requis dix ans de réclusion criminelle et qui paraissent tous libres. Parmi eux figure Hugues M., 39 ans, poursuivi pour « tentative de viol » car il n’avait pas imposé de pénétration à Gisèle Pelicot, n’ayant pas eu d’érection le soir des faits. Il a été condamné à cinq ans de prison et a été libéré.
Saifeddine G., 37 ans, a également été poursuivi pour les mêmes motifs. Mais le tribunal a requalifié les viols et tentatives de viol en agressions sexuelles. Il a été condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis et libération. Son nom est inscrit sur les Fijais. Jacques C., 73 ans, n’a pas contesté le caractère intentionnel de l’agression sexuelle. Il a été reconnu coupable de viol aggravé et condamné à cinq ans de prison sans mandat. Son nom sera enregistré en Fijais. Le retraité en sort libre. Patrick A., 60 ans, qui se déclare homosexuel, a affirmé avoir eu une relation sexuelle avec Dominique Pelicot, tout comme Didier S., 68 ans. Le premier a écopé de six ans de prison avec mandat de dépôt (différé en raison de son état de santé), le second de cinq ans de prison, avec sursis de deux ans. Didier S. sera inscrit à Fijais et en sortira libre. Mathieu D., 53 ans, est apparu sur des vidéos montrant une pénétration digitale et pénienne de la victime, malgré les déclarations de l’accusé.
Sur la liste figure également Ludovick B., 39 ans, qui affirme avoir compris a posteriori qu’il avait commis un viol. Paul G., 31 ans, qui souhaite devenir pasteur, a reconnu les faits de viol à la barre. Il obtient huit ans de prison avec mandat de dépôt. Son nom sera enregistré en Fijais. Philippe L., 62 ans, est l’un des rares accusés à avoir porté un préservatif. Simone M., 43 ans, a déclaré avoir agi «sur instructions de M. Pelicot». L’aîné des prévenus (il a 74 ans), Jean-Marc L. comparaissait pour « attouchements, pénétration digitale du vagin et tentative de pénétration pénienne du vagin et de la bouche de la victime inconsciente ». Il a été condamné à six ans de prison avec mandat de dépôt.
Parmi eux, Mathieu D a été condamné à sept ans de réclusion criminelle avec mandat de dépôt. Son nom sera enregistré en Fijais. Cela signifie qu’ils ont été emmenés en prison dès leur sortie de la salle d’audience. Philippe L a été condamné à cinq ans de prison et Nizar H à dix ans.
Enfin, Joseph C., 69 ans, a été le seul poursuivi pour agression sexuelle en réunion, puisqu’aucun acte de pénétration n’a été observé dans les vidéos dans lesquelles il apparaissait. Il a été condamné à trois ans de prison, la peine la plus basse prononcée lors de ce procès. Il en ressort libre.