Une Philippine condamnée pour trafic de drogue dans le couloir de la mort en Indonésie a déclaré vendredi à l’AFP depuis sa prison que son transfert prévu était un “miracle”, lors de son premier entretien depuis que Manille et Jakarta ont signé la semaine dernière un accord pour la rapatrier.
Mary Jane Veloso, mère de deux enfants, 39 ans, a été arrêtée et condamnée à mort en 2010 après que la valise qu’elle transportait contenait 2,6 kilogrammes (5,7 livres) d’héroïne, dans une affaire qui a suscité un tollé aux Philippines.
Elle et ses partisans affirment qu’elle a été trompée par un syndicat international de la drogue et qu’en 2015, elle a échappé de peu à l’exécution après l’arrestation de son recruteur présumé.
« C’est un miracle parce que, honnêtement, même maintenant, cela ressemble toujours à un rêve. Chaque matin, quand je me réveille, je pense à mes aspirations, des aspirations dont je n’ai jamais eu aucune certitude”, a-t-elle déclaré lorsqu’on l’a interrogée sur cette décision.
« C’est pourquoi j’ai toujours prié Dieu : ‘Seigneur, je ne demande qu’une seule chance de rentrer chez moi et d’être avec ma famille’. Et Dieu a répondu à cette prière.
La semaine dernière, le ministre indonésien du droit et des droits de l’homme, Yusril Ihza Mahendra, a déclaré qu’un « arrangement pratique » avait été signé pour son rapatriement.
Il a déclaré que sa libération pourrait avoir lieu « vers le 20 décembre » avant Noël et qu’il avait entendu dire que sa peine de mort serait réduite à la réclusion à perpétuité.
Le cas de Veloso a été condamné aux Philippines, avec des rassemblements de soutien et la superstar mondiale de la boxe Manny Pacquiao plaidant pour sa vie.
Ses partisans ont déclaré qu’elle se dirigeait vers un travail de femme de ménage lorsqu’elle a été arrêtée en Indonésie.
Elle rêve désormais de retrouver sa famille après 14 ans de prison dans une affaire qui a fait sa renommée dans son pays.
« Depuis que j’ai appris la nouvelle, mes sentiments… penchaient davantage vers le bonheur. Parce qu’après presque 15 ans, c’est ce que j’attends… Je peux rentrer chez moi dans mon pays », a-t-elle déclaré.
« Je dois me préparer mentalement pour affronter tout cela. Que ce soit pour affronter ma famille, pour affronter tout le monde. Et physiquement, je dois être en bonne santé aussi.
L’Indonésie, à majorité musulmane, possède certaines des lois antidrogue les plus strictes au monde et a déjà exécuté des étrangers dans le passé.
Au moins 530 personnes se trouvent dans le couloir de la mort dans ce pays d’Asie du Sud-Est, principalement pour des crimes liés à la drogue, selon les données du groupe de défense des droits KontraS, citant des chiffres officiels.
Début novembre, 96 étrangers se trouvaient dans le couloir de la mort en Indonésie, tous accusés de trafic de drogue, selon les données du ministère de l’Immigration et des Services pénitentiaires.
Malgré les négociations en cours sur les transferts de prisonniers, le gouvernement indonésien a donné le signal la semaine dernière qu’il reprendrait les exécutions – interrompues depuis 2016 – des condamnés pour drogue qui se trouvent dans le couloir de la mort.
– Discussions France-Australie –
Sa famille et le gouvernement philippin ont salué l’accord de rapatriement.
La mère de Veloso a déclaré la semaine dernière à l’AFP qu’elle était « ravie et surprise » que sa fille rentre à la maison.
“Nous pouvons enfin être ensemble ce Noël”, a déclaré Celia Veloso, 65 ans.
Un responsable du ministère indonésien de coordination du droit, des droits de l’homme, de l’immigration et des services pénitentiaires a déclaré à l’AFP que le gouvernement était “toujours en train de tout préparer” pour son transfert.
L’Indonésie est également en pourparlers avec l’Australie et la France après que le président Prabowo Subianto a accepté de répondre à leurs demandes de restitution de certains prisonniers condamnés pour trafic de drogue.
Parmi les détenus de premier plan en discussion pour être transférés figure le Français Serge Atlaoui, un soudeur arrêté en 2005 dans une usine secrète de drogue à l’extérieur de Jakarta, les autorités l’accusant d’être un « chimiste » sur le site.
Jakarta est également en pourparlers avec l’Australie sur la libération des cinq membres restants des « Bali Nine » australiens – Matthew Norman, Si Yi Chen, Michael Czugaj, Scott Rush et Martin Stephens – qui purgent des peines à perpétuité.