L’autorité de régulation des marchés financiers a sévèrement sanctionné la société financière zurichoise et lui a confisqué plus de 9 millions de francs de bénéfices. La Finma teste déjà l’introduction du régime des cadres supérieurs.
Les autorités de surveillance bancaire prennent des mesures agressives contre Leonteq, un fournisseur de produits structurés zurichois. Comme le montre un communiqué publié jeudi, l’autorité de surveillance des marchés financiers (Finma) a achevé la procédure dite d’exécution contre la société financière cotée. Dans ce contexte, elle a ordonné la confiscation de 9,3 millions de francs de bénéfices de Leonteq et souhaite nommer un commissaire aux comptes.
Les actions de Leonteq se sont effondrées à la Bourse suisse et ont temporairement perdu plus de 12 pour cent de leur valeur jeudi. Les bénéfices de la Finma correspondent à près de la moitié des bénéfices de l’entreprise de l’année dernière. Même par rapport au bénéfice attendu de plus de 40 millions pour l’année en cours, c’est une sanction douloureuse. Leonteq a également publié jeudi un avertissement sur les résultats. Le bénéfice avant impôts pour l’exercice en cours devrait désormais se situer « à un chiffre en millions ».
Finma : violations graves
La Finma justifie son approche stricte par de graves violations. Leonteq « a gravement violé ses obligations de gestion des risques et ses obligations de garantie ». En tant que fournisseur de produits financiers structurés, Leonteq travaille avec ses propres produits et ceux émis par des partenaires. Ceux-ci sont vendus par l’intermédiaire de distributeurs externes.
L’enquête de la Finma a montré que Leonteq ne surveillait pas suffisamment sa chaîne de distribution et travaillait dans « certains cas avec des distributeurs douteux et non réglementés ». Les transactions problématiques avec des parties caribéennes ont été révélées pour la première fois par le Financial Times à l’automne 2022. La confiscation des bénéfices concerne deux transactions avec deux anciens distributeurs qui ont eu lieu entre 2018 et 2022.
Dans un communiqué, Leonteq a regretté les manquements constatés et a réaffirmé avoir pleinement coopéré avec la Finma. À l’avenir, les affaires ne se feront qu’avec des distributeurs réglementés. Leonteq justifie ces violations par la croissance rapide de l’entreprise à cette époque.
« Malgré la croissance rapide, les faiblesses de notre gestion des risques n’auraient pas dû se produire », déclare Lukas Ruflin, PDG de longue date de Leonteq. L’entreprise renforcera encore son système de contrôle interne. L’entreprise souligne également que diverses allégations formulées dans les médias et par des tiers se sont révélées infondées. Il n’existe aucune preuve que Leonteq ait été « intentionnellement impliqué dans un quelconque blanchiment d’argent ou évasion fiscale ».
Test pour le régime des cadres supérieurs ?
Leonteq affirme que l’entreprise a investi de manière significative ces dernières années dans l’amélioration de la conformité et de la gestion des risques – dans certains cas, le nombre d’employés dans ces domaines a été doublé, des postes importants ont été pourvus et le nombre de marchés de vente a été réduit. En outre, les autres mesures ordonnées par la Finma seraient mises en œuvre avec une « haute priorité ».
Pendant ce -, la Finma essaie de jouer la sécurité. Elle souhaite nommer un inspecteur à cet effet. Ce « chien de garde » est censé vérifier si toutes les mesures ordonnées ont été correctement mises en œuvre. Cependant, le représentant ne sera pas stationné à Leonteq, mais ne sera déployé qu’une fois les travaux terminés, selon la demande.
Jusqu’à ce que tous les griefs soient résolus, Leonteq n’est pas autorisé à accepter de nouveaux distributeurs classés comme « à haut risque ». De plus, l’entreprise de 590 collaborateurs n’est autorisée à travailler qu’avec des distributeurs soumis à une réglementation comparable à celle de la Suisse. Il doit mettre fin aux relations avec les distributeurs non réglementés.
Il convient également de noter que Leonteq doit élargir sa gouvernance d’entreprise, c’est-à-dire ses structures de gestion. Les mesures requises rappellent ce que l’on appelle le « régime des cadres supérieurs » que la Finma souhaite mettre en œuvre en tant qu’instrument de régulation supplémentaire. La Finma exige que Leonteq « explique et attribue par écrit de manière exhaustive les responsabilités au sein de sa direction » et que des rapports sur les « questions de gouvernance pertinentes pour la réputation » soient également introduits.
Pour la Finma, Leonteq pourrait donc constituer un test pour l’introduction ultérieure et systématique du régime des cadres supérieurs. Les décisions de la Finma ne sont pas encore juridiquement contraignantes. La direction de l’entreprise pourrait faire appel de ces mesures. Selon certaines informations, elle n’aurait pas l’intention de le faire.
La tendance négative se poursuit
Pour Leonteq, la décision de la Finma arrive au mauvais moment. Même si l’issue d’une procédure d’exécution était prévisible, la tendance négative de l’évolution des affaires et du cours des actions devrait se poursuivre. Les actions de Leonteq perdent de la valeur depuis des années, cette année seulement, elles ont chuté de 40 pour cent. À leur apogée il y a une dizaine d’années, ils valaient presque dix fois plus.
Au cours des quatre dernières années, Leonteq a dû publier quatre avertissements sur les résultats, le dernier en décembre 2023. À cette époque, Leonteq avait considérablement revu à la baisse ses attentes en matière de bénéfices. La raison en était des investissements élevés et une faible volatilité des marchés. Les fournisseurs de produits structurés profitent des fluctuations élevées du marché.
La volatilité reste faible, ce qui nuit non seulement à la collecte des bénéfices, mais également à la stabilité de l’environnement de marché. Selon les analystes du ZKB, l’espoir d’un environnement plus positif pour les produits structurés, attendu après les élections américaines, ne s’est pas réalisé.
Les experts financiers considèrent également comme « surprenantes » l’ampleur de la collecte des bénéfices ordonnée par la Finma et l’avertissement sur les résultats qui en a résulté. Leonteq souligne la solidité de sa base de fonds propres. Mais tant que la Finma sera au pouvoir, la pression sur les entreprises et les actions ne s’atténuera probablement pas.