LLes crises sont des accélérateurs de l’histoire. Sans la chute du gouvernement de Michel Barnier et l’onde de choc qu’elle a provoquée, le Parti socialiste (PS) n’aurait pas osé se livrer à l’exercice de haute voltige auquel il s’est livré vendredi 6 décembre : après avoir voté en bloc la censure contre le Savoyard accusé d’être à la tête d’un « sinistre gouvernement en collusion avec l’extrême droite », Des responsables PS sont allés proposer leurs services à Emmanuel Macron en vue de débloquer la situation.
Olivier Faure, le chef du parti, a commencé par ouvrir très largement le jeu en se disant prêt à discuter avec les macronistes et la droite sur la base de « concessions réciproques » en vue de la formation d’un gouvernement qui aurait un « contrat à durée déterminée. Il a proposé, en signe de bonne volonté, le « gel » de la réforme des retraites, plutôt que de son abrogation, ce qui revient à saper le front commun qui s’était constitué à gauche contre le passage à la retraite à 64 ans.
Puis, face à la réaction sidérée de ses camarades, à la réaction inquiète des écologistes et à la réaction ulcérée de La France insoumise (LFI), Olivier Faure a recadré sa démarche en précisant que ses troupes ne participeraient pas. “en aucun cas à un gouvernement dirigé par un Premier ministre de droite.”
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Cela revient à dire qu’il se présente lui-même à Matignon avec un objectif qui paraît assez présomptueux au vu du rapport de forces politique actuel : LFI le combattrait sans pitié en le qualifiant de « traître » sans pour autant que le centre et la droite le soutiennent fortement. «J’ai l’intention de pousser en faveur d’un programme de travail clairement à droite, et donc cette hypothèse [d’un premier ministre socialiste] ce n’est pas crédible à mes yeux »a ainsi précisé Laurent Wauquiez, le président du groupe Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale, dansLe Figaro Lundi 9 décembre.
Un jeu complexe
Après sept ans de répression, la gauche réformiste bouge. Elle tente de retrouver son autonomie grâce à la crise politique. Elle a participé sans sourciller à la censure, mais hésite à en valider d’autres qui mettraient à mal sa culture de gouvernement dans un pays de plus en plus troublé et de plus en plus critique à l’égard du Parlement. Elle n’entend en aucun cas servir de béquille à Emmanuel Macron qui, dans la famille socialiste, apparaît toujours comme un « traître ». mais refuse néanmoins de rester prisonnier des visées des « rebelles ». Elle cherche à s’affranchir de Jean-Luc Mélenchon sans rompre avec le reste de la gauche.
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